“CO2 visite des territoires exploratoires avec une créativité hors du commun pour un musicien qui cherche à reproduire le style de J-M Jarre”
Part 1 (8 :42)
Part 2 (7 :13)
Part 3 (7 :20)
Part 4 (4 :32)
Part 5 (13 :28)
Part 6 (6 :14)
(CD 47:30)
(Progressive EM, JM-Jarre)
Lorsque que Ron Boots prend la peine d'écrire à propos d'un artiste ou encore de son album, généralement je m'informe. Le boss de Groove à un flair et des goûts qui s'apparentent aux mieux. Alors, je me suis informé et ça n'a pas été une mince tâche puisque que malgré ses albums, ses concerts et son immense talent, Volker Rapp est un personnage discret qui se concentre sur la société Schallwende, qu'il a fondé avec des amis en 1997. Cette société, Amis et supporters de la musique électronique (EM), est derrière plusieurs festivals et évènements spéciaux liés à la MÉ sur la scène Allemande. Celui qui s'est aussi impliqué dans la radio Allemande WDR, pour l'émission Schwingungen, est un musicien autodidacte qui a joué et ou formé près de 30 groupes dans les années 80. C'est à la fin de cette époque qu'il a commencé a monté ses propres équipements. Influencé par Kraftwerk, Jean-Michel Jarre et Vangelis, ainsi que John Williams, Alan Parsons Project et Rammstein, il a finalement réalisé un premier CD en 1994, Seven Pillars of Wisdom Vol. 1, après avoir produit et vendu des cassettes. Depuis, il a produit une dizaine d'albums tout en étant un musicien de session très apprécié, ce qui l'a amené a maitriser une variété de styles allant du Jazz à la musique abstraite. Il a déjà joué avec Ron Boots pour les besoins de l'album Schloss Burg, d'où ce lien qui connecte les deux hommes depuis 1995.
C'est en 2015 qu'il s'est attaqué au projet CARBON DIOXIDE CO2. Toujours insatisfait du résultat, il repense sa façon de faire en 2017. Il jette 6 titres aux orties et se procure un MacBook avec le Logic. En 2018, il trouve les sons adéquats pour cette musique hommage à Jean-Michel Jarre pour finalement arrivé à lancer CO2. Des tourbillons sonores, comme des lassos que l'on fait tourner au-dessus de notre tête, initient l'ouverture plutôt cosmique de Part 1. Le clavier ronfle parmi des chants célestes, solidifiant le titre dans sa phase ambiante. Des arpèges vont et viennent agrémenter les ambiances, signe pour que l’effet de lasso reprenne du service. Et ce sont les pads que Volker Rapp dépose lentement dans une ambiance qui nous est coutumière. Les accords tombent avec fracas dans ces ambiances de ouate filamenteuse, traçant une marche hésitante qui résonne comme une balle de bolo en hyper ralenti. Les effets sont saisissants et c'est comme entendre un JM Jarre qui fait hésiter son clavier en ouverture de Part 2. La structure part à la dérive dans ces ambiances que l'on connait par cœur, sauf les harmonies et les élans rythmiques de caoutchouc qui se cramponnent à ce rythme se propulsant de ses ressources dans le cosmos. La mélodie sifflée par le synthé autour de la 4ième minute est un souffle de soie qui se faufile dans nos tympans pour ressortir le lendemain, mettant au défi notre mémoire auditive.
Nous atterrissons dans un nid de mouches géantes en ouverture de Part 3. Quelques secondes plus loin, ces percussions crécelles sonnant comme des queues de crotales se greffent à un down-tempo lunaire dont la hyper sensualité s'attache à la teinte de Jazz des harmonies figées par des notes limpides et rêveuses. Les ambiances crachent des écumes organiques, comme caoutchouteuses dans un dernier tiers qui nous guide vers le breakdance moderne de Part 4 qui flirte avec de l'Électronica et qui devrait être le single de cet album sur la piste d'un très bon Jean-Michel Jarre. Part 5 nous amène dans la section expérimentale et même progressive de CARBON DIOXIDE CO2. Son ouverture est un pot-pourri de tonalités électroniques disparates, comme une signature de Tomita, surtout avec ces gros flocons de neige tombant en slalom, et de Vangelis. Les sons, ils sont puissants, défilent sans lien particuliers pour un peu plus de 5 minutes, mais avec des affinités qui pourraient donner quelque chose d'intéressant. Le train se met littéralement en marche dans une vision que nous montre un Keith Emerson au sommet de sa gloire. Et toute cette incohésion fini par récompenser autour de la 9ième minute dans un rock électronique symphonique, toujours avec Keith Emerson aux claviers. Et l'illusion de Carl Palmer aux percussions est tangible. Très bon, c'est un titre qui demande par contre un peu plus d'amour de la MÉ. Les cliquetis de sa finale se retrouvent dans les ombres ronronnant de Part 6 qui termine ce fascinant album de Volker Rapp sur un bon rumba plus élégant et sensuel que ceux qui clôturaient les 3 premiers albums de Jean-Michel Jarre.
Dédié à son père, cet hommage à Jean-Michel Jarre de Volker Rapp se trouve dans les sons que le musicien Allemand a trouvé tout au long de son apprentissage du Logic Pro. Pour le reste, CARBON DIOXIDE CO2 visite des territoires exploratoires à la Vangelis avec une créativité inaccoutumée de la part des musiciens qui cherchent à reproduire le style du musicien Français. Une belle surprise et très bon album, tel que dit par Ron Boots!
Sylvain Lupari (05/01/21) *****
Disponible chez Groove nl
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