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  • Writer's pictureSylvain Lupari

ANANTAKARA & GERCHAMBEAU: Pancha Bhuta (2022) (FR)

Un album agréable qui fusionne le Berlin School à des paysages sonores intrigants

1 Prithivi (Earth) 8:12

2 Apa (Water) 10:40

3 Tejas (Fire) 13:04

4 Vāyu (Air) 13:04

5 Akasha (Ether) 16:00

(DDL 61:00)

(Ambient, Berlin School, Soundscapes)

Des tintements à la fois enjoués et harmonieux et une ligne de basses séquences sculptent l'approche très Berlin School de Prithivi. Cet étonnant maillage entre ce qui sonne comme un xylophone zigzagant et un séquenceur, ainsi que son ombre, dirige un rythme fluide qui monte et descend avec des variations au niveau de son intensité. D'autres accords plus lugubres et effets sonores accompagnent ce mouvement ascensionnel qui peu à peu délaisse sa fluidité pour une texture finement plus saccadée. C'est de cette surprenant façon que débute PANCHA BHUTA, nouvel album offert en téléchargement par le duo Frédéric Gerchambeau et Anantakara. Nettement plus accessible que Ashta, cette seconde collaboration entre les deux musiciens aux antipodes créatrices pourtant très prononcées à de quoi surprendre bien des oreilles. Prithivi coule très bien. Son rythme reste dans ce giron d'un Berlin School ascensionnel auquel se greffent divers éléments percussifs avec une amplification modérée des effets sonores qui lui donnent un léger cachet sibyllin. Et si comme moi vous êtes fasciné par ces structures de rythmes ascensionnels plus ambiant que cadencé, elles sont le lien unique qui attache les 5 titres de ce surprenant nouvel album de ce duo qui cherche toujours à innover même dans un contexte où la musique est plus accessible. Pour Gerchambeau, PANCHA BHUTA suit le premier voyage de Ashta qui était une odyssée horizontale des extrémités de la terre à son point central. Sauf qu'ici, le duo met en musique une odyssée verticale. Nous sommes dans l'hindouisme avec 5 éléments tirés du Veda qui est un ensemble de textes qui ont été révélés aux sages indiens nommés Rishi. Je dois admettre que j'en perd mon latin, mais pas mon sens de l'écoute sur une très belle musique, même si parfois elle sort de sa confortabilité auditive pour emprunter des chemins plus tortueux.

Comme dans la procession de Apa qui se déroule sur un hypnotique mouvement de rythme ambiant dont le genre ascensionnel épouse des volutes aériennes. C'est comme un tourbillon serein où les arpèges séquencés tournoient sur une structure minimaliste hachurée par des riffs d'orchestrations et divers effets sonores, certains ont une texture aquatique, qui attirent la musique vers une forme d'art musicale expérimentale, quasiment du néo punk orchestrale. Les séquences se dédoublent, amplifiant cette structure de rythme méditative qui tinte de ses tonalités les plus opalescentes. Tejas reprend un peu le même modèle de rythme circulaire magnétisant dans une enveloppe sonore braisée de grésillements et de bruits-blancs. Il y a un truc dans ces deux structures de rythme qui nous rive à de vieux souvenirs auditifs! C'est cette vague impression, qui se confirme encore plus dans ce titre, d'être plongé dans les ambiances et les rythmes oniriques de Michael Stearns dans la pièce-titre de M'Ocean. Et cette sensation se prolonge tout au long des rythmes de PANCHA BHUTA. Des percussions feutrées et des boucles de réverbérations trônent sur son décor qui nous ensorcèle jusqu'à sa mutation après la 4ième minute, plongeant la musique dans un autre univers d'expérimentations sonores qui n'efface en rien le pouvoir hypnotisant des continuelles boucles de rythme. Un peu moins poétique que l’œuvre du musicien américain mais tout aussi beau, même dans le régénération du tumulte. Un excellent titre! Les titres se suivent avec ce lien de rythme ambiant séquencé qui monte et descend en mode Berlin School. Et plus on avance et plus la sensation qu'il dilue son ossature pour des filaments écorchés s'empare de nos oreilles. Il griffonne d'amples boucles oscillatrices dans Vāyu, nuançant l’amplitude et la vélocité de ces boucles qui circulent parmi des explosions feutrées, des nappes de bruit-blanc, des pépiements de clavier ou des bredouillages ectoplasmique. Des lignes de synthé imitent son axe circulaire, donnant une profondeur enchanteresse qui magnétise notre besoin de s'y coller. Revêtant sa tenue conventionnelle comme celle un peu occise par de grésillements dantesques, il sort toujours du lot pour imposer cette approche onirique qui berce les sortilèges sonores beaucoup plus prononcés dans ce titre. Plus long titre de PANCHA BHUTA, Akasha harmonise ses textures sonores sur cette structure de rythme circulaire minimaliste. Donc, ce sont d'énormes boucles d'un rythme ambiant qui roulent autant que dérivent dans une enveloppe sonore griffonnée de bourdonnements et d'effets qui viennent constamment mâchouiller sa progression. Un peu comme on entend dans les 4 autres structures, la seconde partie de Akasha revigore ce désir d'écouter en apportant plus de fermeté dans le rythme dont les sourdes pulsations flirtent avec une vision de transe. Ici comme ailleurs, le clavier multiplie ces pépiements qui donnent une teinte organique à la musique dont les sortilèges ne cessent toujours pas de rouler en boucles dans un univers sonore où les sons sont parfois réinventés.

Contre toute attente, PANCHA BHUTA se révèle être un agréable album qui fusionne le style Berlin School à un assortissement de palettes sonores toujours plus créatrices et intrigantes qui pullulent tout au long des 5 structures de ce nouvel album de Frédéric Gerchambeau et Anantakara. On tombe facilement sous les charmes d'une musique électronique-acoustique où les alchimistes sonores que sont ces deux musiciens chevronnés dosent à merveille le fruit de leur perception qui n'altère en rien l'ensorcèlement produit par cette ossature rythmique magnétisante et ses fantômes.

Sylvain Lupari (12/08/22) ****½*

Disponible chez Anantakara Bandcamp

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