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  • Writer's pictureSylvain Lupari

DANIEL & BOOTH: Inverse (2020) (FR)

Le Berlin School semble toujours la saveur des jours et chef-d'œuvre après chef-d'œuvre, il y a toujours de la place pour un tel album

1 Incident at Serenity 17:59

2 Open Channel 17:24

3 Inverse 17:53

4 Neuropa 17:50

(CD/DDL 71:05) (Berlin School)

Nos oreilles nous situent dans une immense volière lorsqu'elles entendent des pépiements harmonieux. Une ligne de synthé nait à cet endroit pour se métamorphoser en un beau chant paradisiaque. La mutation est très belle avec ce chant céleste auquel s'ajoute le discret dandinement d'une ligne du séquenceur. La MÉ prend le dessus sur les charmes de l'oisellerie artificielle avec cette alternance hypnotique qui augmente sa valeur rythmique avec plus d'ions sauteurs et une vélocité accrue qui s'entend par le mouvement plus saccadé de la ligne de rythme. La première moitié de Incident at Serenity respire cette tranquillité d'esprit avec ce balancement dans le rythme du séquenceur qui accentue sa course linéaire dans ces brumes musicales qui servent de toile à mystère entre le rythme et ses ambiances. Une série d'explosions secoue notre écoute autour des 7:30, restructurant le rythme pour une approche plus vive. Il y a une légère entaille dans ce rock électronique, créant une vision de ruades de poneys où s'accrochent les lourds voiles de mellotron et ses chants mystérieux, ainsi que des solos de synthé épousant la forme d'ombres volant et virevoltant avec des acrobaties aussi efficaces que les chants de ces spectres de la nuit. INVERSE est le second album du duo Daniel & Booth, l'autre étant Mutiny que je n'ai toujours pas entendu à date. Visiblement inspiré par Tangerine Dream des années Ricochet à Encore, le duo Anglais nous en met plein les oreilles avec un sublime album de Berlin School des années vintages. Que ce soit en duo ou avec leur copain de longue date Brendan Pollard, Michael Daniel et Phil Booth reste de fiers ambassadeurs de la MÉ vintage. Ces années où l'imagination derrière le mellotron injectait des voiles ténébreux sur des rythmes inventés de toutes pièces par des maîtres aux doigts de fée au séquenceur. Injecté à cela quelques tonalités contemporaines et vous avez 70 minutes et MÉ d'antan où le passé est le tributaire de son futur.

Open Channel débute avec des accords de guitares qui errent avec leurs échos avant que Michael Daniel ne forge de beaux solos éthérés. Le synthé injecte des nappes qui deviennent des brises roulant comme des vagues, échappant de fines lignes flûtées. Le séquenceur s'active derrière cette toile psychédélique à effets de guitares, pour sculpter un autre pattern de rythme agité qui fait sautiller ses ions vivement dans une nappe de brume et ses effets ondoyants. Une chorale de voix éteintes s'élève s'invite dans ce décor qui s'appuie sur les palpitations d'une basse afin de solidifier sa base rythmique. Des effets percussifs sculptés dans des cuillères de bois dansent la claquette alors que la ligne de basse augmente sournoisement la vélocité de ce rythme stationnaire avec une vision ascendante propre au Berlin School planant. Solos de guitare rageurs, harmonies de mellotron et solos de synthé complètent la lourde structure de Open Channel, rappelant ainsi que Manuel Göttsching n'était jamais bien loin de Peter Baumann, Chris Franke et Edgar Froese dans ce beau milieu des années 70.

Inverse est un titre aux ambiances lourdes qui avance par le poids de la résonance de ses implosions. La force des vents sculpte des brises sifflantes alors que la vision cosmique du synthétiseur injecte des chants astraux et des effets sonores qui sont créés par ces vents poussant des particules cosmiques à siffler près de nos oreilles. Nous qui flottions juste à côtés des navettes spatiales, avons encore ces cicatrices qui authentifient ces vols non-enregistrés effectués dans nos chambres 😊…là où il était encore possible d'entendre les harmonies apaisantes et ambiantes du mellotron et ces gazouillis d'oiseaux cybernétiques. Après un 6 minutes d'ambiances vintages, j’entends du Neuronium ici, Neuropa s'envole sur un rythme électronique unique aux envolées du séquenceur de Chris Franke lors des années 76-78 de Tangerine Dream. Un très gros titre avec deux lignes de rythmes, et même 3 par moments, aux visions opposées dans une mer d'ambiances propice aux nombreux solos aux airs arabiques avant que Neuropa revienne s'éteindre dans ces ambiances qui l'ont portées à nos oreilles.

Il semblerait que l'on puisse encore faire du neuf avec de vieux dans l'évolution de la MÉ. INVERSE de Daniel & Booth en est la preuve! Ce très bel album n'est pas encore sorti. Elle a été reportée à plusieurs reprises jusqu'à présent et il devrait bientôt sortir sur le web. J'ai entendu quelque chose vers la fin du mois de mai. Vous pouvez entendre un excellent extrait sur la page Bandcamp du duo. C'est un très bel album avec un bel usage du mellotron sur des rythmes et ambiances qui ont toujours du bon à nous faire entendre lorsqu'ils sont entre de bonnes mains créatives et nostalgiques.

Sylvain Lupari (28/04/20) ****¼*

Disponible au Daniel & Booth Bandcamp

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