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  • Writer's pictureSylvain Lupari

DIGITAL HORIZONS: Ghost Station (2018) (FR)

Il est très bien ce Ghost Station! De bons rythmes, de bonnes ambiances et une vision qui convient très bien à celle de ces anciennes gares abandonnées

1 Decaying Platforms 6:08 2 Ghost Station 11:41 3 Croix-Rouge (Paris) 6:24 4 Gaudi (Barcelona) 6:43 5 Valkyrie (Oslo) 7:33 6 Dachnoye (St.Petersberg) 15:10 7 183rd Street (New York) 9:26 8 Eureka (San Francisco) 9:59 Digital Horizons Music

(DDL 73:07) (Theme music, E-Rock and England School)

Digital Horizons est un nouveau nom pour moi dans le domaine de la MÉ contemporaine de style Rock Électronique ou encore Berlin School et ses dérivés. Comme ici, où la saveur de rock incubé dans les influences de Jean-Michel Jarre et la England School font bon ménage. Nouveau nom pour moi, mais pas sur la scène de la MÉ Anglaise, Digital Horizons a germé dans la tête de Justin Ludford après avoir découvert Tangerine Dream et s'être acheté un clavier Casio à la fin des années 80. Et peu à peu, Digital Horizons réalisait ses albums sous forme de cassettes 4 pistes, de CD-r avec A Face in the Crowd en 2002 et puis en CD avec ConSequence en 2010. On peut aussi trouver sa musique sur Spotify et sur Apple Music, de même que certains de ses albums sur CD Baby. Digital Horizons possède aussi sa page Bandcamp où j'ai pu trouver son dernier album, GHOST STATION.

Des tintements de grosses cloches fantômes ainsi que des souvenirs de divers bruits entourant une gare de train qui a cessé d'exister meublent l'introduction de Decaying Platforms. Des lames de synthé qui flottent et d'autres qui tombent comme des rideaux de pleurs, la musique et les effets déployés dans cette ouverture est aussi riche que très énigmatique, voire mystérieuse. Ces effets d'ambiances se taisent lorsqu'une grosse cloche fait résonner ses coups de façon plus perceptible à l'entrée des 3 minutes. Des séquences bien juteuses sautillent alors, annexant leurs résonances avec les tintements du clocher. Cette fascinante union éveille moult pulsations qui courent comme des centaines de petits pas pulsatifs, et un peu moins de cliquetis, dans une structure stationnaire où tombent des nappes de synthé aux couleurs abrasives. Isolées, les séquences sculptent une mélodie embryonnaire qui se noie sous une avalanche de nappes de synthés et des tintements de cloches qui maintenant se fondent dans le décor du synthé. Beaucoup de tons en si peu de temps! Des nappes avec des filets de voix spectrales et des séquences gorgée de bruits blancs métamorphosent une approche mélodieuse alors que les ambiances flirtent toujours avec ce petit côté spectrale de GHOST STATION. Beaucoup de mouvements, beaucoup d'ambiances changeantes, des changements d'orientation rythmique dans la même piste et des parfums nostalgiques sous une forme spectrale; vous avez ici les principaux éléments qui structurent les ambiances, les harmonies et les rythmes de ce dernier opus de Digital Horizons qui puise son inspiration dans des gares abandonnées à travers le monde. Les ambiances sont bien développées en ce sens, de même que les éléments rythmiques de l'album, alors que le côté harmonique est défendu par des brumes et leurs voix cachées qui se joignent parfois à des séquences mélodiques. Un beau cocktail pour un album qui fait du bien de découvrir! La pièce-titre suit avec une structure aussi animée que la course d'un train à travers des paysages électroniques. Des parfums de Kraftwerk peuvent nous monter aux oreilles, mais la musique ne flirte pas pour une once avec le style Düsseldorf School, visant plutôt l'efficacité rythmique et harmonique de la England School. Disons que c'est après avoir entendu Ghost Station que le déclic s'est fait.

Surtout que Croix-Rouge (Paris) est plutôt appétissant avec son introduction ornée de nappes lugubres et résonnantes qui ont un soupçon d'accordéon dans le ton. Le rythme ne se fait pas attendre avec série de cognements répétitifs, on dirait une course avec deux jambes inégales, où le séquenceur échappe des ions bien gras. Cette structure de séquences est plus harmonique et nous conduit vers une chorale féminine qui jette une aura cinématographique trouble à ces ambiances qui enveloppent un rythme entrecoupé de phases d'ambiances aux intensité variable mais pas tant que le rythme qui défonce de vélocité avec de solides percussions vers la finale de Croix-Rouge (Paris). Très bon! Gaudi (Barcelona) propose une structure plus stellaire avec divers tintements de séquences aux tonalités limpides et cristallines. Les échos des tintements sculptent une chorégraphie arabesque plein de gracieux mouvements qui résonnent sur un essaim de séquences sourdes et pulsatiles, un peu du genre de Decaying Platforms. Des nappes de synthé cosmiques recouvrent par endroits, surtout en deuxième partie, ce splendide ballet de carillons dont les tintements ne cessent d'émerveiller mes oreilles. C'est un très beau titre qui est devenu indélogeable sur mes tympans. Après bien des nuages de brumes et de flûtes Valkyrie (Oslo) se met en marche avec la cadence d'un métronome qui éparpillent ses cognements motoriques amplifiés tel un unijambiste sautillant entre deux univers. Deux univers, comme deux strates de bruits cognés et d'effets électroniques, où un dense brouillard opaque et compacte, dont la beauté est stigmatisée par ces souffles de flûtes et des accords de piano rêveurs, emplit nos oreilles de charmes avec l'aide de complices soniques irrésistiblement attirants. Dachnoye (St.Petersberg) est un long titre plus expérimental qui contient néanmoins deux très belles structures de rythmes dans un univers de Free-Jazz avec un panorama sonique qui demande un peu plus d'amour et d'attention si on veut profiter pleinement de son évolution. 183rd Street (New York) propose une introduction gorgée de ces brumes qui fredonnent dans l'univers de GHOST STATION avant d'atteindre une phase de rythme d'un genre mid-tempo fracturé par endroits et dont l'intensité se jumelle aux nappes de voix cachées dans les brumes. Par moments, le rythme pourrait charmer des zombies marinés au THC. Eureka (San Francisco) termine ce très bon album de Digital Horizons avec des séquences aux timbres de verre chantant dans une ambiance à donner des frissons. Son évolution est un peu comme un coït interrompu plus d'une fois avant de débloquer dans une belle finale où l'intensité épouse une ardeur dans ce chant macabre, et pourtant enchanteur, de ces séquences martelées comme avec un marteau sur une enclume de cristal.

J'ai passé un très bon moment à découvrir un album qui se démarque dans ce flamboyant univers des sons et de leurs couleurs qu'est celui des synthés et des séquenceurs. Les effets de brume ici, et leurs nappes de voix dissimulées, jouent constamment sur les contrastes tant rythmiques que mélodiques de GHOST STATION. Il faudrait sans doute que j'en entende plus de Digital Horizons, mais ce que j'ai entendu ici est un très bon départ. Sylvain Lupari (19/03/2018) *****

Disponible au Digital Horizons Bandcamp

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