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Writer's pictureSylvain Lupari

DREAMSTATE: A Decade Dreaming (2011) (FR)

Une honnête compil de diverses formes de musique ambiante qui semblent familières

1 Premonition 5:10

2 Soundscape For Richard Wright 4:47

3 Jharna Revealed 4:12

4 Laika's Last Orbit 5:08

5 Nocturnal Passage 4:28

6 Elinvar 7:30

7 Sandstone 5:11

8 Universe City Line 5:23

9 Processional 4:35

10 The Storm Within 4:55


11 Premillennial Landscape #1 4:10

12 Premillennial Landscape #2 5:02

(CD/DDL 60:50)

(Ambient Music)

Pour certains, la musique ambiante est atone. Sans rythme, ni vie! Et j'ai longtemps dénoncé ce type de musique, qualifiant le résultat par un manque d'originalité ou d'idées. Ce n'est plus, et pas, tout à fait vrai. Il y a des artistes de musique électronique (MÉ) qui savent sculpter des structures musicales méditatives tout en leur insufflant une vie animée de subtiles et discrètes oscillations ou de longilignes formes réverbérantes qui résonnent dans l'écho d'une musique abstraite, créant de sourdes implosions. J'ai appris au cours des dernières années à apprécier la musique dite ambiante grâce aux œuvres de Steve Roach, Robert Rich et plus récemment The Glimmer Room et Konrad Kucz. Elle peut facilement se comparer à des peintures de nature morte ou abstraite. Les artistes doivent avoir une imagination débordante afin de nous faire vivre leurs émotions et de nous faire voyager au gré de leurs lentes strates évolutives. Dreamstate est un duo Canadien qui justement sculpte une MÉ ambiante sans frontières, tissant des images sonores avec le doigté des grands noms du genre. Point de séquences ni de rythmes, seulement des cercles oscillatoires et des modulations qui avancent telles des méduses sur des arches sonores linéaires. A DECADE OF DREAMING est une compilation regroupant 12 titres joués au The Ambient Ping, un club de Toronto qui se spécialise par des concerts de musique expérimentale et ambiante.

Ambiant et sombre, Prémonition ouvre cette compilation avec une lourde nappe nébuleuse aux sombres oscillations. Des couches de synthé s'en échappent, ululant dans un néant aux arcs résonants. Cerceaux sonores par-dessus cerceaux sonores, les couches atmosphériques de Premonition valsent paresseusement au gré des modulations qui sont propulsées par leurs ondes pour atteindre de plus hauts sommets. C'est un lent vol de nuit où de lentes réverbérations s'enroulent autour de sonorités et lamentations hétéroclites. Un titre aux oblongues couches morphiques qui apaisent le rêveur, tout comme Sandstone, Processional et ses cerceaux résonnants. Soundscape For Richard Wright débute avec de fins accords limpides qui tombent telles des gouttes d'eau… un peu comme Echoes d'où la connexion pour faire le lien qu'il s'agit en réalité d'un titre hommage à Rick Wright de Pink Floyd, sauf que ça ne sonne pas du tout comme du Floyd. C'est sombre, mais musical, avec des ondes oscillatoires qui s'enlacent dans un perpétuel cercle empreints de lentes résonnances et des couches mellotronnées qui oscillent et voyagent avec d'étranges lamentations, comme des voix issues d'un Théramin, dans un cosmos empli d'une onirique quiétude. Jharna Revealed révèle des notes d'une guitare, jouée par Eric Hopper, qui accompagnent les accords cristallins d'un synthé aux sonorités cosmiques. Tel un prisme de son, la musique tourne délicatement dans un sidérant voyage cérébral bourré de belles nappes mellotronnées et de notes d'une guitare à saveur orientale qu'une voix céleste recouvre de brefs souffles suaves.

Par moments, on a l'impression de voyager dans les territoires de Robert Rich ou Steve Roach, comme dans Laika's Last Orbit, Elinvar, et Premillennial Landscape 2 qui embrassent quelques effluves tribales, ou alors dans des fusions lunaires et tribales qui flottent au-dessus des univers métalliques comme dans Sandstone, The Storm Within et Premillennial Landscape 1, mais toujours Dreamstate confirme son originalité avec une belle union de ses oscillations et modulations qui avancent comme des méduses électroniques qui sillonnent aussi Nocturnal Passage. Un titre qui étrangement grouille d'une vie souterraine où bruits des échos de grottes s'entremêlent autour de lentes nappes morphiques. Un paradoxe entre Roach, Rich et le duo Torontois et un titre intense, comme Universe City Line.

A DECADE OF DREAMING est une compilation honnête d'une musique ambiante diversifiée. Une musique qui nous est familière pour en avoir entendu les influences un peu partout, mais le son de Dreamstate a une empreinte propre au duo de Toronto. Un album disponible pour la modique somme de $5.00 ou tout simplement gratuit en format téléchargeable sur le site http://www.dreamstate.to/decade/

Sylvain Lupari (22/02/11) *****

Disponible au Dreamstate Bandcamp

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