“Ce Non Plus Ultra est un joyau qui donne un aperçu des différents styles de rock cosmique des années vintage”
1 Die suche nach dem Horizont 10:20
2 Bahnhof 77 9:28
3 Der ewige Wanderer 7:58
4 Aus dem Kollaps geboren 12:50
5 Hypnogenesis III 14:35
6 Traumraum 6:04
7 Der Doppelgänger 7:30
8 Die vergangene Zukunft 12:40
(CD/LP/DDL 81:26) (V.F.)
(Cosmic Rock & Berlin School)
E-Musikgruppe Lux Ohr rompt un silence de 4 ans avec NON PLUS ULTRA. Idéalement conçu pour une édition double-vinyle de 500 exemplaires, 2 titres par Faces, et pour les plateformes de streaming, ce 3ième album studio du groupe Finlandais est aussi disponible en format téléchargement de haute qualité ainsi qu'en CD dans une autre version éditée et limitée. C'est de cette version, écourtée de quelques 5 minutes et des poussières afin de rentrer dans les standards des CD manufacturés (ce n'est pas un CD-r), que je vais vous parler. D'entrée de jeu je vous dis que ce 3ième album studio du groupe Finlandais est un petit bijou. Pertti Grönholm, Kimi Kärki, Jaakko Penttinen et Ismo Virta nous en mette plein les oreilles avec une galette qui fait un survol des différents styles de rock cosmique des années vintage. Du Krautrock avec une essence psychédélique de Pink Floyd à de la MÉ propulsée par des séquenceurs enlevants, style Tangerine Dream et ses premiers album chez Virgin, sans oublier les ténébreuses ambiances de premières années de Klaus Schulze, ce NON PLUS ULTRA est un voyage au travers les séductions d'une époque où les odeurs de patchoulis se perdaient dans les parfums de la marijuana. Une belle époque où la musique était souvent le moteur de notre créativité!
Une ligne de basse et ses pulsations élastiques, jointe par une guitare et ses faibles lamentations irisées, ouvrent les sphères de Die suche nach dem Horizont. Les ambiances sont très vintages et restent accrochées à une structure naissante de rythme électronique très Berlin School. Le séquenceur jette le canevas d'un rythme ambiant ascensionnel qui nous est très familier et où tombent des accords d'un orgue qui restent mélodieusement suspendus dans cette spirale hypnotique. Vaporeuse et intuitive, la guitare éparpille ses accords errants et lance des solos aériens avec des parfums de patchoulis dans ses lentes arabesques calquées sur le modèle du Moyen-Orient. Sa progression est constante avec des solos plus musicaux qui sillonnent une vallée encombrée de beaux effets sonores, toujours très dans le ton des années 70. Le rythme suit la cadence imposée par cette guitare dans une seconde portion plus animée et dont le style sautillant fait très Ashra. Après une ouverture de bruits réverbérants, Bahnhof 77 plonge dans une courte quiétude de la brume morphique et des couches de synthé qui le sont tout autant, avec des accords lunaires en plus. Une étrange forme de rythme secoue les ambiances avec des cliquetis qui tournoient comme un hélicoptère sans moteur ou encore un joggeur avec des castagnettes aux talons, c'est selon l'imagination du moment. Un titre d'ambiances plus psychédéliques avec une ligne de basse ultra-vampirique et des nappes d'une orgue anesthésiante. La guitare sculpte les horizons de Bahnhof 77 avec une vision très Manuel Göttsching. Si nous oreilles captent des tonalités du flamant rose, on ne peut pas avoir plus Pink Floyd, années More, que dans Der ewige Wanderer qui propose une belle introduction avec guitare et clavier qui font un duel acoustique/électronique. Nous sommes près d'un marais avec une brume chantante qui accroît sa densité près des marais avec des effets sonores inventant l'envol de cygnes métalliques. Une six-cordes électrique tracent des solos tendres qui tournent comme des vapeurs bleues alors que le Mellotron s'invente un univers arabique et que les percussions manuelles accentue doucement la cadence. Un très bon titre qui sent le patchoulis, tout comme Aus dem Kollaps Geboren, et qui rejoint aussi ces espaces Arabes avec des flûtes du Moyen-Orient claironnant sur le tumulte grandissant des percussions. Ça sent le gazon, et pas celui que l'on coupe avec une tondeuse!
Après plus de 4 minutes d'un univers chthonien, Hypnogenesis III éclate avec un très bon Berlin School tiré des voutes de Tangerine Dream, tant ça sonne comme Rubycon et Ricochet. Superbe titre mes amis! Nous flottons dans une masse interstellaire avec Traumraum. E-Musikgruppe Lux Ohr propose un univers plus ambiant avec les oblongues et sinueuses lignes d'oscillations qui sont le berceau d'un dialecte électronique. Des harmonies bien éparpillées par la guitare de Kimi Kärki et des airs de flûte endormitoire constitue le décor astral. Der Doppelgänger poursuit le buffet musical de NON PLUS ULTRA avec un rythme sautillant comme un cha-cha-cha à la Ashra. Et très beaucoup comme dans Traumraum la guitare et la flûte sont des éléments de charme auquel se joint un clavier et ses nappes hésitant entre ambiances et accords plus musicaux. C'est plus fait pour flotter que danser! Les empreintes de Klaus Schulze piétinent l'ouverture très psybient de Die vergangene Zukunft. Des pépiements d'une zone de jeu vidéo sont expulsés du décor par des lignes de réverbérations qui vont et viennent dans une forme de staccato où s'accrochent une monstrueuse ligne de basse et des riffs de guitare. Peu à peu, ce staccato devient une armature de rythme séquencé avec des ions qui papillonnent vivement sur place alors que des ondes de synthé et leurs chants spectraux ornent les parois de Die vergangene Zukunft. La guitare se joint à ces chants d'une autre dimension guidant la finale de ce monstrueux album dans les repaires de sa genèse…en espérant une suite plus hâtive. Mais c’est aussi correct si ça prend autant de temps, car un chef-d'oeuvre du genre va bercer vos oreilles encore dans 4 ans. Un peu comme Kometenbahn le fait depuis 2013!
Sylvain Lupari (10/03/20) *****
Disponible au E-Musikgruppe Lux Ohr Bandcamp
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