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  • Writer's pictureSylvain Lupari

EMMENS & HEIJ: Silent Witnesses of Industrial Landscapes (2008) (FR)

Un très bel album de MÉ où des séquences houleuses et progressives se joignent à de superbes approches mélodieuses

1 Silent Witnesses of Industrial Landscapes (Overture) 10:06

2 Elements in Decay 12:59

3 Liquid Ore Finding its Way 13:02

4 When Night Falls 8:28

5 Point of no Return 7:55

6 Setting the Wheels in Motion 18:12

7 Silent Witnesses of Industrial Landscapes (Finale) 8:04

(CD/DDL 78:58)

(Progressive Berlin School)

L'association Emmens & Heij vient d'accoucher d'une splendide odyssée musicale. L'union des séquences lourdes et nerveuses de Ruud Heij à des rythmes imaginés et tissés par Gert Emmens façonne de la grande MÉ qui transcende la Berlin School et bifurque vers le lourd style de la Netherlands School où l'influence de Ron Boots et de Tangerine Dream se fait entendre sur d'envoûtantes structures évolutives. SILENT WITNESSES OF INDUSTRIAL LANDSCAPES (tout un titre) est le 4ième témoin de cette fructueuse association. C'est un album où la musicalité est confortablement assise sur de superbes séquences, de belles percussions et lignes de basse-séquence qui ondulent et tressaillent sous de superbes solos d'un synthé qui échappe de belles brumes mystiques. Des éléments qui ont charmés les amateurs de Berlin School, mais cette fois-ci l'approche est diablement plus lourde. Nous sommes quasiment dans du Dark Berlin School!

Overture nous propulse dans les sphères enveloppantes du dernier Gert Emmens; The Nearest Faraway Place Vol. 1 avec une intro sombre où on entend des séquences serpentées dans une nébulosité cosmique. Un clavier solitaire perce ce nerveux mouvement du séquenceur de ses arpèges moroses, alors que Overture continue sa lente ascension et s'attache à de sobres percussions tout en s'emmitouflant sous de beaux solos d'un synthé mélancolique. Des solos immergés d'une étrange nostalgie et qui sifflent dans une belle approche mélodieuse jusqu'aux pénombres du cosmos. Des séquences limpides sautillent et s'entrecroisent avec finesse pour ouvrir le long et envoûtant Elements in Decay. Une fine brume chtonienne s'étend sur ce mouvement zigzagant et s'alourdit avec de denses nappes de synthé qui recouvrent des séquences devenues plus intenses et rappellent indéniablement le travail de Chris Franke. Lourd et envoûtant, Elements in Decay progresse sous un ciel dardé de solos aux larges arcs sinueux et tombe sous le joug de percussions qui épousent à merveille une approche revivifiée ainsi que des solos de synthé plus incisifs. Des solos qui se réfugient dans des nappes de synthé aux sonorités très près du terroir de Tangerine Dream pour ressurgir en douces brises spectrales et conclurent l'un des très bons titres sur cet album. Liquid ore Finding its Way présente une intro truffée de sonorités très éclectiques d'un monde animal abstrait qui croise les stries hurlantes d'un cosmos cracheur de feu. Une superbe séquence hyper active ressort de cette atmosphère bariolée. Elle ondule avec vélocité parmi de sobres et mélodieux accords de clavier, des percussions lentes, des lourdes envolées séquencées et des solos spectraux, dessinant un subtil paradoxe entre les rythmes et ambiances. C'est un vrai tourbillon de séquences qui ceinture nos oreilles lorsque le rythme permute vers une chevauchée séquentielle solitaire, dont les fébriles accords alternent avec une vitesse étourdissante. Une vitesse qui s'amenuise sous des souffles d'un synthé aussi mystérieux qu'imprévisible.

Beau, sombre et ambiant, When Night Falls laisse filer des accords d'un clavier nostalgique. Ils traînent dans un cosmos imprégné d'une mélancolique brume qui échappe de fins solos parmi le doux miroitement d'un délicat carillon aux mélodieux tintements. Tout y est beau et transpire la sensibilité de Gert Emmens avec ses touches hésitantes et ses complaintes sidérales qui fusionnent dans un taciturne paysage cosmique. Ça prend une belle séquence ascendante émergeant d'une intro atmosphérique, et très électronique des années vintage, pour sortir Point of no Return de son nid cosmique. Elle monte et descend, entourée d'une brume irisée, d'étoiles et autres effets sonores électroniques, pour s'arrimer à de bonnes percussions et pilonner ainsi un rythme lourd et lent. Les percussions et les séquences se chamaillent pour structurer un rythme imperméable qui encadre une très belle mélodie cosmique sous l'épais manteau d'un dense mellotron. Le rythme continue sa chevauchée sous un ciel barbouillé de stries filantes, de brume cosmique et de suaves solos d'un synthé toujours aussi onirique. Setting the Wheels in Motion débute avec un lourd et sombre voile mellotronné qui libère une panoplie de sonorités électroniques. Une ligne de basse séquences pulse de façon arythmique alors qu'une autre ligne libère des arpèges limpides qui sautillent lentement sous de belles nappes de violons chimériques. Les séquences s'unissent pour créer un rythme désordonné où les accords alternent avec plus de vélocité dans un mouvement qui n'est pas sans rappeler un mythique trio Berlinois et trouvent refuge sous d'intenses solos torsadés qui ont émergé de cette dense brume mellotronnée. Des percussions viennent seconder cet hypnotique rythme oscillatoire un peu après la marque des 9 minutes. Le rythme devient alors plus complexe avec l'ajout d'une autre séquence qui serpente à pleine vitesse une structure toujours nappée de furieux solos et d'une tranquille brume irisée. Silent Witnesses of Industrial Landscapes (Finale) termine déjà ce 4ième effort de Gert Emmens et Ruud Heij avec une structure similaire à Overture, mais avec un rythme plus fluide et une mélodie plus présente.

Un très bel album de MÉ où des séquences houleuses et progressives se joignent à de superbes approches mélodieuses, SILENT WITNESSES OF INDUSTRIAL LANDSCAPES mérite une place de choix dans toute bonne discothèque de MÉ contemporaine. Le duo Emmens & Heij plonge à plein rythmes sur des structures lourdes et puissantes qui sont l'apanage de la Netherlands School et qui font revivre les belles années de Tangerine Dream de l'ère Baumann, Franke et Froese.

Sylvain Lupari (13/03/09) ****½*

Disponible au Emmens & Heij's Bandcamp

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