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  • Writer's pictureSylvain Lupari

FRANK KLARE: Monomode (2012) (FR)

Updated: Aug 20, 2020

C'est une immense symphonie électronique qui plaira à tous ceux qui se sont nourris de ces énormes poussées improvisées de Klaus Schulze

1 Monomode 51:53

(CD-r 51:53)

(Berlin School)

SynGate élabore avec panache un plan afin de faire découvrir, outre frontières, tout le talent de Frank Klare. Ceux qui connaissent la MÉ de style Berlin School depuis des lunes, apprécient ses œuvres inspirées par les années analogues de Klaus Schulze et Tangerine Dream. MONOMODE est un album offert en boni lorsque l'on achète Solodreams et Solomode; deux œuvres qui font ressortir tout le talent du musicien Allemand pour composer des structures hypnotiques et des rythmes Teutoniques de la Berlin School, avec une subtile orientation vers le New Berlin School. Composé des deux longues parties de Monomode, que l'on retrouve aujourd'hui sur Solodreams, qui sont joint en un seul long morceau de 52 minutes, MONOMODE reste une œuvre majeure que Frank Klare a composé en 1986, alors qu'il était avec SYNCO. Monomode Part I était la pièce manquante du puzzle que le musicien Allemand allait retrouver des années plus tard. Pete Farn a remixé les deux parties en une seule longue pièce de 52 minutes d'une MÉ qui va plaire aux inconditionnels de Klaus Schulze.

Une douce ligne de synthé traîne une ombre de vieille orgue pour ouvrir les premières secondes de Monomode. C'est une intro flottante, apaisante et un brin imprégnée de mystère où éclot quelques tonalités électroniques qui tranquillement envahit nos oreilles. Une délicate ligne de synthé élabore des chants éthérés qui flottent comme des anciens messages de Klaus Schulze dans cette ambiance où grognent quelques soupirs résonnants. Et on entend! Un peu avant la 5ième minute, on entend ce mouvement de séquence faire dandiner ses ions à travers les doux parfums analogues d'un synthé charmeur. Le rythme reste aussi délicat que son ambiance qui ne cesse de le couver. On entend scintiller et chanter l'ombre des ions qui se balancent et courent comme des farfadets dans une forêt enchantée par les chants torsadés de colibris synthétisés. Aussi tranquillement que subtilement, le délicat rythme hypnotique de Monomode évolue au travers ses nuances tant rythmiques qu'harmoniques. Les élytres d'acier lui donnent plus de pétillement alors qu'il s'acoquine d'une fluette ombre mélodique avec de fins solos qui rodent comme les caresses de sorcières sur une structure dont la fragilité se tait pour laisser danser des ions plus affamés. Ces ions hypnotiques continuent de sautiller sur place. Leurs soubresauts rythmiques atteignent une plus grande vélocité et entraînent le beat entêté dans la chaleur d'une lourde ligne de basse. Que c'est beau. Hypnotique et enchanteur, Monomode percute nos tympans avec un rythme, toujours aussi lourd et minimaliste autour de la 18ième minute alors que ce rythme arnaque les ambiances avec une lourdeur et une vélocité organisée par des pulsations qui martèlent un rythme linéaire de plomb, des percussions rock et des séquences qui papillonnent avec fébrilité. Nous sommes dans une fusion de Body Love et Timewind. Les ambiances se camouflent dans d'évasives ondes d'orgue et des lignes de synthé fantomatiques dont le voile musical est percé par des solos qui découpent avec une superbe musicalité un rythme qui pulse avec encore plus de vigueur, alors que les séquences se font plus agressives et les solos plus assassins, tant que nos oreilles réclament une trêve.

Et cette trêve arrive vers la 29ième minute où de fines séquences chatoient dans un tendre ballet onirique. On dirait une petite comptine qui veut charmer tant les ténèbres que la clarté avec ces petits carillons séquencés qui scintillent comme le chapelet de séquences dans Mirage. Oui, MONOMODE semble un hommage aux grandes œuvres minimalistes de KS. Et le mouvement amplifie sa lourdeur et sa vélocité pour embrasser un fougueux rock électronique où les couches d'orgues étendent le canevas des lourds rock symphonique. On tape du pied et on hoche de la tête sur ce rythme vicieusement entraînant où les solos de synthé lancent des nuances spectrales, épousant les fines saccades des orgiaques strates de vieil orgue. Et toujours Monomode poursuit son inlassable chevauchée rythmique minimaliste jusqu'à fouler les terres numériques des albums Audentity et Dziekuje Poland dans un carnage sonique où le rythme est cerné par de majestueux solos et une subtile mélodie qui flotte comme un souvenir dont on ne peut se rappeler l'origine. Et ce rythme infernal se termine dans un tel fracas que des poussières élégiaques planent tout autour des derniers souffles de ce long titre, recouvrant ainsi une finale plus éthérée où les cendres d'une grande œuvre, qui fait un étonnant voyage au cœur des périodes de Klaus Schulze, s'éparpillent en laissant dans l'oreille une incommensurable envie de réentendre.

Soudé en un seul et long morceau, je dois admettre que j'aime mieux ainsi, ou encore piqué dans Solodreams, MONOMODE reste une œuvre incontournable pour tous ceux qui se sont nourri des grandes envolées improvisées de Klaus Schulze. C'est une symphonie électronique où l'art minimaliste n'a jamais été aussi enlevant. Brillant et à l'épreuve du temps!

Sylvain Lupari (23 Octobre 2013) ****½*

Disponible au SynGate Bandcamp

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