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Writer's pictureSylvain Lupari

GERT EMMENS: Waves of Dreams (2004) (FR)

Updated: Jun 4, 2021

“Un superbe album qui est devenu un classique de la MÉ moderne, genre Berlin School”

1 After the Rain 12:52

2 Another time, Another space 14:34

3 Waves of dreams 10:26

4 Dawn 10:06

5 Heading Towards Unknown Destinations 10:52

6 Bright spot on a Grey Day 13:09

(CD/DDL 72:02)

(Netherlands School)

Et si en attendant la sortie prochaine de son nouvel opus, je vous parlais de ce phénomène qu'est Gert Emmens. Phénomène, car sa musique dépasse les balises traditionnelles de la MÉ. Elle est sans doute l'une des plus imagées de la MÉ contemporaine. Un peu comme les grands groupes de musique progressive, Emmens réussi à structurer une musique qui s'écoute autant qu'elle se raconte. WAVES OF DREAMS fait partie des albums qui ne se perdent pas au travers le temps. Un conte musical en 6 chapitres qui explore une faune sonore extrêmement riche avec ses synthés hurleurs, ses séquences aléatoires qui voltigent en tous sens et son dense mellotron aux atmosphères brumeuses.

Ce très beau voyage à travers une musicalité très élaborée débute avec After the Rain. Un doigt qui effleure la surface de l'eau y étend de multiples cercles sonores. Cette courte intro elfique se brise sur les courbes d'une basse séquence tournoyante qui paresse sous un doux mellotron. Le synthé filtre ses souffles harmonieux, alors que le séquenceur se perd tranquillement dans une lourde brume synthétisée. Ces moments atmosphériques sont teintés d'effets sonores captivants, créant une vie musicale active. Sur ce passage, d'étranges pulsations font office de percussions sur une structure fantomatique où un séquenceur propose une curieuse marche accompagné d'un mellotron nuancé. Le 3ième mouvement d'After the Rain est un doux scintillement qui resplendit sur des nappes de violon mellotronné. La structure est douce et emplie de pulsations aux éclats de percussions à peine formées, de chœurs synthétiques et un doux synthé qui hurle de beaux solos aux formes ondulées dans un brouillard mystique, dans un silence cosmique. Another Time, Another Place perce ce silence en libérant des notes qui flottent sur des nappes d'un hésitant. Les arpèges grouillent d'une vie nouvelle avec une séquence qui accentue sa vie lentement. Synthé spectral sur fond sombre, la structure musicale dévie pour devenir incertaine et embrasser les limbes stratosphériques. Un court moment d'accalmie qui se brise sur un séquenceur alerte avec ses notes lourdes qui tournoient sur des sinuosités hésitantes pour se fondre dans à une atmosphère lourde qui est truffée des solos de synthés si particuliers à Gert Emmens.

La pièce-titre débute avec un vent cosmique où des fins accords voltigent sur le dos d'un suave mellotron. Une intro astrale avec une superbe présence vocale qui pousse des lamentations éthérées sur une douce valse aux mouvements trop lents pour être dansé, mais parfait pour aimer. Dans cette beauté nous avons à peine senti la présence d'une séquence qui formait sa structure afin d'atteindre une cadence plus animée et tout en souplesse. Waves of Dreams volera sur un rythme avec une sensibilité étonnante pour une œuvre de MÉ. Dawn est une très belle pièce de musique tribale cosmique qui débute avec des arpèges séquencés planant insouciamment sur un mellotron aux strates spatiales avant de former une cadence plus soutenue autour de percussions nées sur le froissement de feuilles de tôle. Cet univers sonore éclectique se moule avec une cohérence insoupçonnée. Le jeu des séquenceurs, sous les lumières d'un phare sonore, est tout simplement ahurissant. Notamment la finale qui explose sur un fascinant carrefour spatial alourdi par les prismes des séquences scintillant avec une imagination renouvelée en croisant les ambiances de Heading Towards Unknown Destinations. Vos oreilles ne sont pas à bout de surprises! Un tam-tam aborigène émerge de cette ambiance cosmique pour donner le ton à une marche rapide qui s'engouffre dans les pénombres des étrangetés sonores des solos de Gert Emmens. Un très bon mouvement qui étonne, tant par son tempo grugé par l'épaisse couche synthétisée que la sonorité des tam-tams. Fixés, les oreilles béantes, nous entrons dans un hypnotique tempête musicale, comme dans un conte où l'innocent tente de fuir l'infâme, sur une étonnante course minimaliste qui se termine dans les balbutiements du séquenceur. Un remarquable titre qui s'écoute plus qu'il se décrit. Bright spot on a Grey Day termine cet opus aux méandres sonores complexes et mélodieux par des structures de déjà-entendues; vent tétanisé, arpèges et séquences névrosés sur un ballant de mellotron et effets sonores dans le ton sur une structure qui cherche à développer son essor. Tout en mélodie, Emmens approfondie son approche pour nous conduire sur une rythmique aux belles harmonies spatiales. Tout est doux jusqu'à ce que le rythme se perde dans un trou noir où des vents sombres assèchent les séquences pour n'en faire que des poches métalliques voltigeuses.

Je considère WAVES OF DREAMS comme un très bel album. Un classique de la MÉ contemporaine, comme Impulse de Free System Projekt et Sebastian Im Traum de Frank Specht. Un grand album qui continue ce que Wanderer of Time a débuté; l'éclosion d'un grand synthésiste et compositeur qui étonne et ensorcèle à chaque écoute. Surtout grâce à l'ingéniosité mélodieuse du séquenceur.

Sylvain Lupari (02/07/08) ****½*

Disponible au Gert Emmens Bandcamp et Groove nl

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