“Les hivers sont nettement plus caustiques et désolants dans le chaud pays de notre ami Gustavo”
1 Winter Song 2 21:12
2 Letter from the Bunker 6:12
3 Winter Song 3 11:13
(DDL 38:33) (V.F.)
(Dark Ambient)
L'ombre est oblongue et monte tranquillement jusqu'à notre lobe d’oreille et ainsi infiltrer notre ouïe qui cherche à fuir cette douce invasion barbare. J'aime bien Gustavo Jobim. C'est un artiste intègre qui ne fait aucun compromis et qui nous offre des surprises toujours un peu suspectes. Sauf qu'ici, on se doute bien de quoi est fait ce INVERNO 2. Deux ans séparent cette ténébreuse approche de Berlin School ambiant à celle plus mouvementées Meio-Dia. Et le moins que l'on puisse dire est que les hivers sont nettement plus caustiques et désolants dans le chaud pays de notre ami Gustavo.
Winter Song 2 reprend exactement la même route que ce long titre aux ambiances très corrosives de Winter Song, paru sur Inverno en 2014. Ici, la musique est plus douce avec des nappes aux tonalités hybrides qui se bercent dans une atmosphère plus éthérée, sinon plus Zen. Les brises suivent une tangente poétique avec des éléments plus émouvants, comme ces nappes plus aigües qui donnent une dimension nettement plus écoutable à cette approche très ambiante et atmosphérique d'INVERNO 2. Sauf que le musicien Brésilien jette un gros nuage d'intensité émouvante dans une finale infusée dans des puissantes nappes d'orgue, rejoignant ainsi l'aspect caustique du premier volet de Winter Song. On apprend à découvrir et apprécier Winter Song 2 après quelques écoutes, tellement son accessibilité est à portée d'oreilles. Pour le reste? C'est une autre histoire! Gustavo Jobim ne renie jamais le pouvoir de ses influences qu'ils nous partagent un peu plus ici avec l'intense Letter from the Bunker qui, l'imagination aidant, reflète à merveille la vision du titre. L'injection des nappes du début resplendit l'influence de Tangerine Dream. Les années Zeit avec Conrad Schnitzler et une vision psychédélique animent ce titre qui s'assoit sur un battement métronomique dans une ambiance remplie de graffitis et de serpents sonores, sans oublier ces effets qui imaginent un jeu vidéo de Zombies. Le rythme statique et les effets sonores sont des éléments de séduction immédiat dans ce titre qu'il faut découvrir écoute après écoute. J'aime bien, mais j'ai l'avantage de connaître assez bien l’univers de Gustavo.
Winter Song 3 se situe aux limites des ambiances de son grand frère avec une approche troublante qui peu à peu s'accorde avec un degré de tolérance pour une première écoute. Le titre offre une nuée d'ondes flottant sur un champs abandonné aux morsures de l'hiver avec des réverbérations caustiques qui expirent d'un sol gémissant d'engelure. On y entend des nappes plus musicales qui font contrepoids à cette vision très âpre d'un hiver stérile, alors que le musicien-synthésiste du Brésil fait résonner ces effets percussifs, notamment des respires agonisants d'un serpent à sonnettes (eh que j’aime ça!), et autres effets sonores qui donnent une dimension plus lugubre à ce titre qui termine INVERNO 2 avec cette vision respectant à merveille son nom. Pour amateurs d’ambiant sombre et expérimental!
Sylvain Lupari (09/11/19) ***½**
Disponible au Gustavo Jobim Bandcamp
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