“Album noir intense et expérimental, Inverno navigue entre une noirceur sibérienne et les nuits scandinaves de Mars”
1 Frozen Lake 6:35
2 Zone of Silence 7:07
3 Ice Age Coming 5:03
4 Permafrost 7:13
5 Winter Song 20:03
6 Wanderer 3:11
7 Mountain 10:00
8 Last Shelter 4:59
9 Summit 3:26
(DDL/CD-r 67:40)
(Deep dark and experimental ambient EM)
Fort de ses expériences hautement progressives et expérimentales avec des albums tel que Connection et Manifesto, Gustavo Jobim conclut une année 2013 très chargée avec un autre album dont les expérimentations embrassent la genèse du mouvement Krautrock ambiant et expérimental. INVERNO flotte entre nos oreilles avec une déconcertante fascination pour un album d'ambiances noires. Un album tissé dans le mysticisme d’un hiver noir où les froids sont souvent les seuls alliés de nos remords.
C'est avec des halètements grelottants que l'hiver sonique de Gustavo Jobim se cristallise dans nos oreilles. Le mouvement arythmique de Frozen Lake est plus dérangeant que sombre avec des accords qui frissonnent en un long mouvement linéaire et dont chaque écho des saccades dégage un frimas d'éther qui flotte parmi des râles organiques. Zone of Silence suit le même principe d'hypnose par les sons dérangeants avec des vents qui cette fois-ci remplacent les halètements. Le titre dérape vers une faune sonore plus psychédélique avec des murmures et des froissements qui se perdent dans de longs drones agonisants. L'intro de Ice Age Coming me rappelle les lourdes nappes que Tony Banks libérait dans l'ouverture de Watcher of the Skies. Le titre est plus caustique avec des crissements qui se faufilent au travers de lourdes réverbérations. Ça demande de la patience. Disons que ça érafle les oreilles et que c'est assez représentatif du titre. Mais c'est rien comparé à la tempête sonique de Permafrost. Disons que ma Lise à fait arquer ses sourcils plus d'une fois!
Winter Song est LE titre à écouter sur INVERNO. Riche d'émotivité, il enveloppe nos tympans avec un amalgame de nappes de synthé très pénétrantes qui forge les caractéristiques des vents hurlants d'un hiver troublant. Ça me rappelle intensément les agonisantes nappes métalliques que Klaus Schulze exploitait dans Cyborg et Mirage. On y sent peu le froid car il y a une passion dévorante qui hurle à l'intérieur de ce dense linceul ambiosphérique où les larmes de guitare de Daniel Cardona Roman fusionnent à merveille avec les brises d'un Mellotron intensément noir et enveloppant. Un très bon titre. Après un Wanderer moins acide que Ice Age Coming, Gustavo nous revient avec un autre long titre plus musical en Mountain où de lentes vagues de froid enveloppent un oblong mouvement linéaire pulsatoire. Le tempo est mou, lent. Comme la vie trappée dans la glace. Last Shelter est un beau petit titre. C'est plus limpide, plus harmonieux avec une délicate mélodie égarée dans un piano errant dont les accords fragilisés font symphonie avec des craquements d'eau gelée et des vents sibériens. Summit clôture cette aubade hivernale avec des explosions, des jets de vapeurs nordiques et des gongs égarés dans une mystérieuse et enveloppante aura hivernale moins sombre mais tout autant intrigante.
Entre Cyborg, Zeit de Tangerine Dream et Permafrost de Stephen Parsick; INVERNO navigue entre une noirceur sibérienne et une chaleur scandinave des nuits de mars. C'est un album intensément ambiant où, si on accepte son invasion auditif, peut nous porter bien au-delà de ce que la nature morte d'un hiver sans pitié peut bien proposer à des yeux dénués d'écoute. Je dois admettre que mes premiers contacts ont fait frissonner mes oreilles et que ma blonde (ma douce Lise) m'a regardé de travers tant les ondes qui débordaient de mon casque d'écoute révélaient une ambiance de sombres perversions soniques. Intense, ambiant, noir et très créatif; ce dernier album de Gustavo Jobim s'adresse aux oreilles désireuses d'entendre plus loin.
Disponible au Gustavo Jobim Bandcamp
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