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  • Writer's pictureSylvain Lupari

GUSTAVO JOBIM: Manifesto (2013) (FR)

Difficile à apprivoiser, Manifesto est un album où la beauté se cache dans son approche de bizarreries et parfois de sa folie iconoclaste

I. The Disquieting Muses 2:14  

II. Biomekanik 4:13  

III. The Spell 7:29  

IV. Origin of the Obsessions 8:02  

V. We Atomic Children 3:30  

VI. The Mystery of San Gottardo 2:55  

VII. At the Bottom of the Shaft 9:49  

I. Hallucination by the Seashore 6:13  

II. Living in the Light of the Immortal Worlds 9:30  

III. The Eleventh Hour 2:18  

IV. Apparition of the Ghost of Erik Satie 3:04  

V. The Flock of Birds 4:04  

VI. Iconoclast's Despair 2:30  

VII. Eternal Sorrow 9:58

(DDL 75:57)

(Ambient, dark and experimental EM)

Dans le firmament des artistes indépendants qui produisent de la très bonne musique, une musique soignée et bien mixée, il ne faut pas oublier le nom de Gustavo Jobim qui ferait la leçon à bien des artistes qui émergent sur des labels reconnus. MANIFESTO est sa 11ième œuvre. Divisé en 2 volets, comme un album double, avec 7 titres pour chaque volet, l'album s'inspire de la vie de deux artistes qui ont eu une influence sur la vision artistique du synthésiste Brésilien; le peintre Suisse H.R.Giger, à qui l'on doit la bibitte d'Alien, et le poète Brésilien Augusto Dos Anjos. C'est œuvre intense. Difficilement apprivoisable mais brillamment mise en musique, où la folie se cache derrière chaque seconde. Un album majoritairement d'ambiances. Des ambiances sombres, intrigantes et angoissantes où les phases de rythme défilent à perdre haleine sur des lignes de synthé aux tonalités de Synergy et de vieux orgues des ténèbres.

The Disquieting Muses ouvre le bal de la démence avec une ligne de synthé grugée par des chœurs aux bourdonnements chthoniens. Et comme un mérycisme plasmatique, cette ligne de synthé subdivise ses angoisses avec des tonalités de vieil orgue fantomatiques qui flottent parmi ces voix devenues composites où des teintes opalines s'embrouillent à des souffles plus éthérés dans une intro aussi ambiante que sombre. On courait contre la mort que ça serait comme dans Biomekanik. Le rythme est dément et engendre le chaos avec un maillage de séquences, pulsations et percussions de bois qui court à perdre haleine sous les complaintes d'un orgue vampirique et d'un synthé qui nous rapproche des ambiances surréelles de l'album Cords de Synergy. Intense et percutant, ça déstabilise l'ouïe. Brillant! The Spell nous ramène dans l'univers tout en contraste de MANIFESTO avec une longue phase ambiante sur un fond musical océanique où on entend les bulles d'oxygène gargouiller au travers un enchevêtrement de lignes aux tonalités sibyllines qui tranquillement permutent en orgue de cathédrale occulte. Je courais contre la folie que ça serait comme dans Origin of Obsessions. Après des ondes sonores qui déchirent la noirceur de leurs lames anfractueuses, le rythme s'installe. Noir et lourd, il palpite de ses oscillations tempétueuses pour fuir une avalanche de lignes de synthé dont les tonalités biscornues et criardes condamnent la folie comme étant le dernier repos. Après ce tonitruant appel à la folie, We Atomic Children instaure un climat d'inconfort avec ses noires lignes pulsatrices qui flottent et s'entrelacent au-dessus d'un dialecte méphistophélique. The Mystery of San Gottardo laisse entendre une mélodie tourmentée avec un piano, à prime abord assez mélodieux, qui s'isole dans une zone aliénante. At the Bottom of the Shaft clôture le premier volet de MANIFESTO avec une longue phase d'ambiances sombres qui coulent à travers un synthé aux lignes graves, réverbérantes et aux délicats bouquets flûtés.

Hallucination by the Seashore débute le deuxième segment avec une structure de rythme qui fait sautiller des ions mouleurs de rythmes rebelles dans une fascinante symphonie pour pas perdus dans l'oubli. Le rythme bouillonne dans son approche statique, trucidant une mélodie qui cherche appui sur de délicates et très discrètes lignes de synthé. Living in the Light of the Immortal Worlds est un long passage ambiant où des lignes de synthé crissent à l'unisson dans d'enveloppants chœurs chthoniens. Pas plus rythmé, mais animé par d'ondulantes couches de synthé aux tonalités de vieil orgue, The Eleventh Hour jette ses vagues de tourment qui roulent dans l'oreille comme une caresse sur le dos d'un démuni. C'est aussi intense qu'émouvant, même si très noir. Le piano de Satie peut être beau comme violent et tourmenté, Gustavo Jobim en fait la démonstration sur Apparition of the Ghost of Erik Satie qui offre une très belle deuxième partie avant de faire bousculer ses notes dans The Flock of Birds qui épouse effectivement la vie sociale d'une flopée d’oiseau avec leurs candeurs et leurs craintes. Et ensuite le piano devient source de folie sur Iconoclast's Despair qui porte à merveille le sens de son titre. Eternal Sorrow conclût cet album en deux volets. Si la première est intense de ses voiles de synthé noirs et morphiques, la deuxième nous plonge dans l'antre d'une structure échevelée qui fait honneur aux ambiances noires, sibyllines et alambiqués qui surplombent un album où les deux inspirations de Gustavo Jobim se nourrissent d'une vision de tourmente, voire d'anxiété.

MANIFESTO n'est pas pour toutes les oreilles. C'est un album où la beauté se cache dans son approche de bizarrerie et de démence parfois iconoclaste. Mais les ambiances sont enveloppantes. Très enveloppantes. Et la musique respire de ces synthés aventureux que Larry Fast triturait dans ses premiers Synergy. J'aime bien. C'est comme lire une vieille histoire d'Edgar Allan Poe sur le bout de nos fesses tant les nerfs deviennent à vif.

Sylvain Lupari (12/06/13) ***½**

Disponible au Gustavo Jobim Bandcamp

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