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  • Writer's pictureSylvain Lupari

HOLLAN HOLMES: Emerald Waters (2022) (FR)

La conception et la vision texturale de Hollan sont le cœur de sa portée onirique

1 Hydroelectric 6:10

2 Hell or High Water 6:47

3 A Ribbon of Life 6:00

4 Tales from the Abyss 7:15

5 The River 5:57

6 Taken by the Current 7:46

7 The Sublime Shimmer 5:48

8 Changing Course 8:00

9 Leviathan 7:49

10 Fathom 7:44

11 Emerald Waters 5:45

(CD/DDL/Streaming 74:40)

(Prog New Age & Berlin School)

Deuxième album de Holand Holmes sur le label Spotted Peccary, EMERALD WATERS puise son inspiration lors d'une randonnée automobile effectuée avec son père. Traversant un pont à Del Rio, Texas, le musicien américain fut absorbé par le ruisseau sous le pont. «L'eau était limpide et possédait toutes les couleurs du spectre bleu et vert» de se rappeler sa vision. «C'était incroyablement beau et ces dix secondes ont marqué toute ma vie». La conception de cet album et la vision texturale de Hollan sont le cœur de son immense portée onirique. Les multiples textures de rythmes s'entortillant et se libérant de leurs étreintes carcérales sont construites autour d'une palette d'arpèges qui se fractionnent comme des miroirs ayant emprisonnés les reflets du soleil. Ces rythmes sont circulaires, comme les points houleux des structures des rivières, et sont enveloppés par la magie des synthétiseurs et leurs multiples possibilités autant mélodieuses que créatrices. Et Hollan Holmes est très à l'aise entre ces deux possibilités. Ce faisant, 8 titres sur 11 évoluent sur ces bases circulaires en continuelles progressions. Et ces spirales devenues spasmodiques font de EMERALD WATERS un album qui flirte avec les vifs mouvements circulaires d'une Berlin School piégée dans les beautés d'un univers éthéré.

Avec ses multiples mutations rythmiques, Hydroelectric donne le ton à ce dernier album du sympathique musicien du Texas. Une suite de 3 accords caoutchouteux montant et 2 autres descendant structure un rythme dramatique qui accentuera sa cadence à mesure que le sable s'épuise dans le sablier. Au tout début, un filet d'arpèges aux sautillements aléatoires se pose. Des timbres de flûtes font rayonner une texture mélodieuse évasive que le synthé reprend avec ses lignes ondoyantes. La mythique brume électronique entoure Hydroelectric qui développe une structure plus saccadée dès que les percussions s'arriment, augmentant ces élan d'intensité et d'émotion qui sont aussi des rouages importants dans ce premier titre dont la richesse musicale sera nourrice des 10 autres titres sur EMERALD WATERS. Ainsi est la structure de rythme circulaire de Hydroelectric et ainsi seront la très grande majorité des titres composant ce nouvel album de Hollan Holmes. Des structures circulaires construites sur des lignes du séquenceur qui ne cesse d'en créer d'autres. Des rythmes qui rouleront en symbiose, comme avec un léger décalage, donnant ces spirales rythmes qui vont de rêveuses à enivrantes. Ces structures teutoniques sont enveloppées de ce décor séraphique dont les grandes lignes mélodieuses appartiennent au New Age, équilibrant parfaitement la texture lyrique de ce très bel album qui est une suite logique à l'imposant Milestones, paru il y a près de 2 ans.

Ainsi, Hell or High Water débute avec une séquence d'arpèges cabriolant avec fluidité avant d'adopter un mouvement circulaire plus saccadé. Une bonne ligne de basse s'invite et fait vibrionner ses accords avec une extension sonnant comme de faux caquètements de canard. Cette spirale est tout de même très éthérée avec une nappe de voix qui encercle ce rythme nourri par des multicouches de rythme qui sont en interrelation. Ce mouvement atténue peu à peu sa vigueur afin de se laisser flotter dans une brise sifflotée par une onde de synthé brumeuse. Ici, nous dansons dans notre tête! Tout comme dans A Ribbon of Life dont les premiers accords tombent de façon saccadée, tentant de créer des cercles qui peinent à boucler la boucle. Magnétisant, cette structure sphéroïdale est assaillie par des accords de basse tombant aussi sèchement que les accords tout en dégageant un court rayon de réverbérations. De belles harmonies synthétisées se greffent à ce titre qui reste sur son mouvement spasmodique alors que sa texture harmonieuse est divisée entre des passages plus atmosphériques. Tales from the Abyss est une spirale vertigineuse dont le vif débit peut provoquer le tournis si on a l'idée de suivre cette folle danse aux ronds parfaitement synchronisés. C'est avec des accords sonnant comme une guitare que The River propose sa structure circulaire. Titre énormément riche au niveau de sa palette tonale, il se déploie avec un mouvement du séquenceur et une autre ligne de rythme sertie sur des tintements. La basse tisse un tissu rythmique complémentaire, faisant ressortir ces multiples rayonnements d’étoiles sonores qui simulent les multiples reflets ensoleillés sur une eau à la fois calme et agitée. Les artifices mélodies adoptent les mouvements changeants de la structure de rythme dont les nappes de synthé philarmoniques ont ce léger parfum de Tangerine Dream. Renouvelant constamment les orientations de ses structures, Holand Holmes donne une vision plus rock à The River dès qu'il franchit les limites de sa seconde partie.

Un très beau titre dans cet album qui est suivi de Taken by the Current. Et la musique épouse assez bien le sens du titre! Toujours circulaire, le rythme s'appuie sur une bonne ligne de basse pulsatrice, tandis que la structure mélodieuse est créée par de multiples effets scintillants de synthé et une délicieuse ligne de piano qui approfondie un peu plus la texture mélodieuse de ce titre. C'est avec une nappe de voix séraphiques que The Sublime Shimmer entre dans les oreilles. Un moment flottant capturé par ce séquenceur obsédé par la conception circulaire à vitesse variable qui meuble les rythmes ambiants de EMERALD WATERS. Chevrotant, quasiment squelettique, le rythme ici tournoie sous une variété de mélodies qui se transforment selon les couleurs tonales des synthés. Tout simplement ensorceleur et frissons garantis lorsque The Sublime Shimmer plonge dans notre introspection. Trop court! C'est peut-être aussi l'origine de sa beauté viscérale. Changing Course est le seul titre atmosphérique de cet album, et il trouve le moyen d'offrir un mirage de chatoyants arpèges qui forment une ligne séquencée qui restera seule dans cette phase méditative. Le mouvement vif et linéaire du séquenceur dans Leviathan trace celui d'un train dévalant une pente avec une texture miroitante des arpèges séquencés. Fathom réplique avec un mouvement plus lent, plus hypnotique avec une présence plus musicale des synthés. Nous sommes vraiment dans le Berlin School avec ces deux titres. La pièce-titre conclut ce magnifique album de Holand Holmes avec deux lignes de rythmes qui se font absorber par un synthétiseur dont les multiples couches et effets font ressortir tout l'aspect lyrique de EMERALD WATERS. Disponible en CD manufacturé comme en téléchargement sur Spotted Peccary à partir de vendredi le 14 février 2022.

Sylvain Lupari (12/01/22) ****½*

Disponible chez Spotted Peccary Music

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