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Writer's pictureSylvain Lupari

INDRA: THUNDERBOLT Live at the Black Sea (2013) (FR)

C'est un brillant album de méditation où les doux rythmes hypnotiques flirtent avec de grosses phases d'ambiances dans la plus pure tradition Indra

1 Thunderbolt 68:44

a) Modulator (35:16)

b) Esseum (The Frantic Song) (14:07)

c) Moon Shepherd (11:02)

d) Terra Nova (8:19)

2 Return to the Source 5:43

Indra Music (DDL/CD 74:27)

(Ambient meditative Berlin School)

Ça faisait longtemps que nous avions entendu parler d'Indra. Depuis 2010 en fait, avec son album Pyramid Concert. Donc c'est avec une certaine excitation que j'ai reçu un mail de sa part, m'annonçant qu'il effectuait un retour et que cela débuterait avec un album enregistré lors d'un concert donné sur les berges de la Mer Noire le 27 Août 2008. Et c'est avec empressement que j'ai inséré la précieuse galette argentée dans mon lecteur NAD afin de découvrir que la musique d'Indra respirait encore de ces doux parfums d'hypnose tantrisme.

Je vous vois déjà, l'oreille septique et le sourcil en aile d'hirondelle à vous interroger sur la pertinence en 2013 de présenter un long titre de 70 minutes. Il doit y avoir de la redondance! Qui connait l'univers d'Indra sait comment le synthésiste Roumain aime jouer de nuances et subtilités avec ses longues structures minimalistes qui virevoltent dans le temps comme d'interminables serpentins soniques nourris de contrastes. Thunderbolt n'est pas vraiment différent de l'univers Indra. Le titre prend racine sur un rythme timide qui peu à peu crache des ions rageurs avant de méditer dans des phases ambiosoniques et de renaître d'une poétique voracité astrale. D'emblée on reconnait la signature Indra avec ces séquences qui pépient et tombent du ciel comme des feuilles d'un arbre caressé d'une douce brise automnale. Ces pépiements cosmiques, qui ornent les spirales minimalistes d'Indra, s'accouplent avec une ligne de basse dont les furtifs accords ondulants servent de délicat rempart à un rythme ambiant. Cette ligne de basse étend ses pulsations sombres qui tâtonnent le fragile rythme des séquences virevoltantes. Alors que les deux éléments soniques semblent comploter pour épouser une lascive symbiose rythmique quelque peu chaotique, Modulator reçoit un voile de voix astrales dont la profondeur semble atténuer la force du rythme. La basse s'est tue. À tout le moins, elle respire avec plus de légèreté. Nous entrons dans les labyrinthes hypnotiques d'Indra, comme on entre dans une messe sonique où les chœurs absents soufflent sur un rythme astral. Des ailes d'acier, comme celles des libellules métalliques, picossent cette ritournelle rythmique qui s'abreuve de sa passivité afin de puiser une force qui s'entend à mesure que les secondes passent. Nous sommes dans les 5 minutes et sans trop comprendre comment, on sent que la cadence a doubler. Des strates de synthés lancent de longs soupirs alors que les séquences se sont détachées pour gambader avec plus de force sur un mouvement toujours tributaire de sa stagnation. La ligne de basse suit le mouvement avec des trottinements plus arqués. Le rythme devient alors comme un étrange galop intersidéral où les trots sautillent dans une brume irisée. Des percussions tombent et pétillent dans la symphonie des cymbales. Leurs frappes sont symétriques et tambourinent l'inertie alors que les vagues de synthé régurgitent leurs étoiles de prismes et que le rythme de Modulator étreint la vigueur latente que l'on sentait depuis ses tous premiers battements. Et ce rythme crache son venin avec des percussions bien senties dont chaque coup percute les séquences qui hoquètent avec plus de fureur. Eh que je me suis ennuyé d'Indra! Les 35 premières minutes de Thunderbolt sont de pures merveilles de l'art minimaliste électronique contemporain. Cette longue structure ambivalente offre ce que le rythme hypnotique sait faire de mieux avec juste assez de subtilités dans les formes pour en pimenter l'écoute. Respirant toujours de ces phases hypnotiques, où le rythme prend les allures qu'on lui comprend, pour finir par pulser de fureur entre nos oreilles, Indra étend sa magie qui dépasse les frontières morphiques du berceau de ses influences qu'est Klaus Schulze. À l'intérieur de Thunderbolt, Modulator est tout autant divisé entre ses phases ambiantes et ses rythmes tourbillonnant où les synthés étendent des toiles de magie sonique aux couleurs des arcs-en-ciel et des aurores boréales cosmiques. Les séquences piaffent et sautillent en tout sens mais restent cohérentes de cette spirale rythmique qui embrase la passivité autant que ses fureurs pulsatrices dont la dernière s'éteint dans une lente atonie méditative qui nous conduit à Esseum (The Frantic Song).

Là, le mouvement est plus serein. Les séquences trempent le bout de leurs accords fragiles qui sautillent comme les pieds nus d'un enfant turbulent sur une surface glacée, peignant un rythme statique dont les délicates nuances musicales sont absorbées par un synthé imprégné d'une forte approche sibylline. Les lignes et les couches de synthé respirent d'une dualité, tant dans les harmonies flottantes que les ambiances vaporeuses, que des souffles d'un cor étranger et des voix aérées caressent d'un envoûtant voile de mystère. Les brises rauques nous amènent au très sombre et ambiant Moon Shepherd; un long segment ambiosonique où se débattent des séquences isolées dans les nappes elfiques d'un synthé morphique. J'entends du Software avec les flûtes magiques qui caressent tant nos oreilles que notre état de profond repos. Fidèle à ses habitudes, Indra nous sort de notre coma artificiel avec un mouvement de séquence qui décale ses ions sauteurs dans une structure de rythme échoïque où séquences, percussions et pulsations marchent dans leurs ombres de rythme. Un rythme toujours hypnotique qui tangue dans de sirupeux voiles morphiques. Les fines ruades de Terra Nova sont caressées par de superbes voix astrales alors que le synthé injecte de denses couches mélancoliques qui traînent les émotions secrètes comme le brouillard transporte les remords de nos ascendants. Le rythme est délicat et pulse avec une étonnante chaleur spirituelle, dessinant ces rythmes circadiens qui pulsent dans une fascinante énergie astrale. Les voix sont envahissantes. Les lignes de synthé caressent les anges. Et on sent une influence Jean-Michel Jarre sur cette superbe finale qui coiffe un long mouvement d'hypnose musical digne des grands mouvements Tantriques du sorcier Roumain. Très beau! Return to the Source veut tout dire. C'est un délicat titre ambiant. Sombre et mystique, il allie explosions soniques et voix éthérées qui fredonnent une mélodie astrale. C'est intense, sobre et très méditatif.

Comme je le disais, ça faisait très longtemps, peut-être trop, que j'avais entendu la musique d'Indra. Et je m'en veux de l'avoir oublié dans mes souvenirs car sa musique est aussi exquise qu'unique. J'avais quelque peu oublié cette très grande sensibilité qui berçait ses créations, ses perceptions d'un univers parallèle où la méditation ressource sa créativité. THUNDERBOLT-Live at the Black Sea est un brillant album de méditation où Indra structure un long titre subliminal qui sépare son identité en 4 phases aussi étonnantes que magnétisantes. Et la magie Indra est toujours là, car une fois que l'on a passé au travers des 70 minutes que dure Thunderbolt on s'empresse de vouloir réentendre. Et chaque nouvelle écoute amène son lot de nouvelles émotions. Ça c'est la marque d'un très grand architecte du mouvement minimaliste méditatif.

Sylvain Lupari (23/11/13) *****

Disponible au Indra Bandcamp

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