“Un très bel album, concocté sur 3 ans, qui baigne dans un univers de psybient moderne et les ambiances de Steve Roach et ['ramp]”
1 Greenerblue 6:08
2 Dark Clouds 4:53
3 Springs 4:36
4 Deepestsespeed 6:16
5 Flowerescape 5:19
6 Smotion 4:10
7 Pulsating 8:09
8 Timebender 6:32
9 Cats 3:03
VU-US VU-US018
(CD/LP 49:05)
(Dark ambient)
Plus je pénètre l'univers musical de Bakis Sirros, plus je découvre un musicien et un artiste audacieux qui sait mettre en perspective ses priorités créatrices sans vouloir nécessairement faire de compromis commercial. Interconnected est son nouveau projet musical qu'il forme avec le synthésiste Allemand, Ingo Zobel. Un duo de musiciens friands d'un style fortement expérimentale qui présente son premier opus, CURRENT FLOW. Un album envoûtant aux rythmes minimalismes qui parcourt des sentes parsemées de sonorités bariolées, qui est concocté sur une période de 3 ans. Une période où les 2 compères vaquaient à leurs carrières respectives tout en se gardant du temps pour créer cet étonnant voyage sonore dont l'exploration des formes musicales, toutes aussi éclectiques soient-elles, se mêlent merveilleusement à un doux parfum de fraîcheur sonore.
Furtivement, Greenerblue nous introduit à cet album avec une fine séquence qui ourle en boucles sous un doux mellotron percé de fins arpèges tombant comme une pluie irréelle. Une intro minimaliste où le charme inquiète avec ces cliquetis de cymbales qui annoncent l'arrivée d'une rythmique troublée de plusieurs éclats de percussions. Des percussions nerveuses et indociles qui fusent de partout pour étayer une structure imbibée de sonorités hétéroclites, à laquelle une douce voix céleste ajoute une profondeur onirique. Un premier titre qui reflète l'ambiance dyade qui entoure chacun des titres de CURRENT FLOW. Dark Clouds présente une structure plus intrigante avec un tempo qui ondule langoureusement et dont les notes qui flottent avec hésitation ajoutent une touche sinistre à cette effervescente dryade musicale qui est à la croisée des paysages sonores de Steve Roach et le monde très syncrétique de ['ramp]. Springs avance à tâtons sur une cadence hésitante qui hoquète sous un ciel musical strié d'une pluie d'étoiles métalliques. Ici, comme un peu partout sur l'album, l'approche du synthé mellotron apporte une profondeur astrale à un titre qui embrasse les effluves d'un Plastikman renouvelé, tout comme sur Smotion. Deepestsespeed est bouillant de fébrilité et de nervosité rythmique. Un très beau titre qui rappelle les déserts tribaux de Steve Roach avec ses crotales qui sonnent avec une vision clanique animée d'un tempo frénétique où des voix bigarrés et indéfinissables nous plonge dans une paranoïa auditive intrigante. Flowerescape est dans la même lignée que Dark Clouds, nous ramenant dans des proportions rythmiques plus paisibles et plus limpides avec une cadence légèrement nerveuse qui crépite de mille et une percussions, aussi variées qu'insolites. Le synthé y échappe ses souffles parmi de lourdes réverbérations, alors que de fins accords cristallins percent cette nébulosité afin de créer un univers musical plus harmonieux où le rythme donne l'étrange illusion de s'amplifier autour de riches strates enveloppantes. Lourd, Pulsating rappelle l'étonnant univers de Johannes Schmoelling dans Wuivend Riet, avec ses multiples cris de criquets qui se balancent dans la noirceur d'une nuit aux milles étrangéités sonores, avant de mordre le rythme avec plus de lourdeur vers la finale. Un des bons titres sur CURRENT FLOW. Timebender est fortement teinté d'une ambiance métallique avec ses percussions enclumées qui moulent un tempo aussi lourd que lent, autour d'arpèges hésitants flottant avec une étrange grâce dans cet univers d'apocalypse industriel. Cats termine cette première collaboration Sirros/Zobel sur une note tout autant cinématographique où l'on perçoit les miaulements de chats au travers un dense voile minimalisme où percussions et accords de claviers déboulent en écho sur un tempo qui est aux frontières de l'amorphe. Frontières ambivalentes qui parsèment un album aux discordances harmonieuses, mais étrangement musical, à la croisée d'un Roach audacieux, d'un ['ramp] encore plus industrialisé et d'un Plastikman aux lentes atonies évolutives. Un très bel album aux mille et un plaisirs sonores!
Sylvain Lupari (17/03/10) *****
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