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  • Writer's pictureSylvain Lupari

JEFFREY KOEPPER: Transmitter (2017) (FR)

“Rythmes polymorphes sur les ondes de synthé analogues, ce Transmitter pourrait être l’un des meilleurs albums à avoir été enregistré au Star's End”

1 Whirl 6:43 2 Ions 6:28 3 Tides 3:07 4 Quasar 11:13 5 Darkness 15:17 6 Halo 5:52 7 Clouds 9:34 Projekt ‎| PRO 348

(CD/DDL 58:19) (Mix of Berlin and Pacific Schools)

Même dans une messe nocturne, Jeffrey Koepper reste au-delà de ses confrères de sons avec une fascinante obsession pour les équipements analogues. Enregistré dans le cadre du mythique show de radio Star's End, TRANSMITTER est l'un des très beaux albums de MÉ cosmique à avoir été conçu sur les ondes du WXPN-FM à Philadelphie. Une émission de radio programmée aux dernières heures de la journée du dimanche, la musique qui y est habituellement performée est plutôt de nature relaxante. Mais en ce dimanche du 18 Juin 2017, Jeffrey Koepper a fait fi de cette tradition en imposant une musique certes apaisante, mais dont les nombreux changements de formes dans les structures de rythmes et les amoncellements de nappes aux couleurs autant acérées que mystifiantes se sont fondus en une impressionnante mosaïque cosmique unique à sa signature très stylisée.

C'est avec une douceur torride que Whirl étend le champ sonique des 58 prochaines minutes de cet album. Une nappe de synthé perçante (j'ai des parfums de cornemuse dans les oreilles) lance sa tache de tons qui ondoie et s'étale avec une sourde impulsion dans le mouvement, donnant libre cours à une ligne de basse qui étire ses pulsations et à un mouvement de séquenceur qui aligne 7 ou 8 ions soniques. Ces ions structurent un rythme ambiant avec d'agiles cabrioles harmoniques qui tissent un premier ver d'oreille de cette messe électronique crépusculaire. Si le rythme disparaît, il n'en n'est rien de cette onde sinueuse qui pénètre les sphères de Ions. Cette dense onde réverbérante rayonne maintenant de ses contours ornés d'une texture parasitaire et flotte jusqu'à émoustiller une autre kyrielle de séquences frétillant comme des bancs d'éperlans à la surface d'une eau cuite par un soleil pénétrant. Ici, le mariage du rythme et des ambiances est plus en symbiose que la superbe imperfection du mouvement minimaliste de Whirl qui était nettement en avance sur l'amas de nappes flottantes et migratrices. Frénétique et vivant, ce parfait équilibre est comme le miroitement de roches écarlates sous une eau excitée par des vents tourbillonnants. Tides suit avec une multitude de réverbérations qui tournoient comme dans un effet de kaléidoscope, tissant des lignes en cercles aussi indomptables que les filaments d'une barbe à papa en train de faire sa boule parfaite.

Mais le temps manque et ce nuage circulaire se défait peu à peu lorsque Quasar délie les secrets du séquenceur de Jeffrey Koepper. Ici les séquences tournoient et dansottent dans une spirale horizontale avec des ombres plus lumineux. Cela donne un étonnant combat entre l'ombre et la lumière, entre des mouvements instables du séquenceur et de ses mini carrefours de rythme toujours en reconstruction sous une tempête grandissante du synthé et de ses reflets soniques qui sonnent comme dans l'univers de Software. C'est là d'ailleurs que l'imposant Darkness fait son entrée. Au début, le mouvement est timide. Les séquences sautillent dans les pas des autres avec un effet giratoire. Une sensation de vélocité ne tarde pas à se faire sentir. Depuis Quasar, nous sommes dans le cœur de TRANSMITTER avec des rythmes évolutifs qui échangent leurs tonalités, ici elle est organique, avec la même fluidité que les permutations entre les phases de gravitation des rythmes. Dans ce Quasar, l'approche minimaliste affiche deux contrastes dans l'ornementation tant rythmique qu'harmonique du séquenceur avec des caquètements à la Robert Schroeder et des filaments qui peu à peu échangent les sautillements anodins en un fin mouvement saccadé. Ces soubresauts stroboscopiques arpentent doucement les dénivellations d'un paysage sonique tamisé de lueurs sombres, de nappes de synthé angoissantes et d'autres qui rappelleront chez certains d'entre vous les délices et les solos parfumées de fascinantes mélodies de Tangerine Dream dans les années pré White Eagle. Peu à peu Quasar étiole ses charmes rythmiques afin de plonger ce concert nocturne vers une phase plus méditative avec Halo, que l'on retrouve d'ailleurs sur l'album MantraSequent, et Clouds qui épouse à merveille les lentes courbes de Halo mais avec plus de mordant dans les effets de boucles et de réverbérations. Les nappes de synthé envahissent les ambiances avec une horde de tonalités qui flirtent un peu avec les effets de radioactivité et de bruits blancs, qui décoraient agréablement le paysage sonique de TRANSMITTER depuis Whirl, poussant le réveil du séquenceur qui trace les derniers balbutiements stroboscopiques d'un des plus beaux concerts nocturnes de Star's End.

Sylvain Lupari (27/11/17) ****¼*

Disponible au Projekt Records Bandcamp

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