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  • Writer's pictureSylvain Lupari

JOHAN TRONESTAM: Compunctio (2014) (FR)

Updated: Jun 29, 2021

Compunctio est une belle rencontre avec des réminiscences de la vieille Berlin School bien mélangés dans un parfum contemporain

1 Intro3:13

2 Loneliness7:40

3 Between the Lost and the Coming8:16

4 What is the Truth6:42

5 Rituals6:56

6 Rituals II6:32

7 The End and the Beginning7:18

8 Ritual Combinations7:20

9 Recognition8:19

(CD-r/DDL 62:19)

(Melodious analog Berlin School)

La beauté se trouve souvent dans la simplicité! On se rappelle de ces années où le rock cosmique surfait sur des percussions teutoniques, dont les tonalités de crotales trônaient sur des battements robotiques, et des suaves solos de synthé bourrés de torsades rêveuses? C'est en plein l'univers de COMPUNCTIO. Point de rencontre entre les rythmes fluides de Michael Garrison, et ceux plus cosmiques de Jean-Michel Jarre, ainsi que des ambiances d'éther à la Klaus Schulze, ce dernier album de Johan Tronestam est une véritable mine d'or pour ceux qui affectionnent les rythmes entraînants du rock cosmique dans ce qu'il y a de plus traditionnel. Un autre rendez-vous électronique judicieusement sélectionné par le label SynGate qui, décidément, étonne de plus en plus. D'album en album!

Intro nous balance les premières mesures d'un album où les rythmes sont forgés de complexité docile. Percussions entraînantes et lignes de séquences aux saccades titubantes, le rythme est aussi mélodieux que vivant avec des effets vocables qui rappelleront les essais de JMJ sur l'utilisation des voix dans les effets sonores. Le synthé est magnétisant avec une douce mélodie fantôme qui noie sa docilité dans des nappes de voix éthérées et des gazouillis électroniques qui stabiliseront les combats entre rythmes et ambiances de cet album. Hormis ces effets cosmiques éthérés, le synthé ourdit de suaves solos très lyriques dont les sonorités rappellent les belles années analogues. Et du haut de ses 3:14 Intro modifie subtilement l'axe de son rythme, affichant ainsi les couleurs imprévisibles d'un séduisant album de rock cosmique électronique. Le début de Loneliness laisse entendre des coups de percussions qui errent dans des corridors éoliens éventés de brises et torsades rauques. Cette amorce de rythme ambiant forme un étrange carillon avec des coups des percussions qui voltigent dans des vents sombres. D'ailleurs, les derniers râles expulsent une marche de séquences résonnantes dont les coups sinusoïdaux enracinent un rythme aussi lourd que titubant. Une délicate membrane mélodieuse recouvre ce rythme qui se gave de percussions et de leurs coups voltigeant tout doucement. Johan Tronestam étend un linceul mélodieux qui sera notre premier ver-d'oreille. Mise à part cette mélodie, le synthé, qui sera toujours aussi charmeur, lance ces effets de brume et ces voix d'outre-monde qui canaliseront toutes les beautés cybernétiques d'une œuvre qui se veut le miroir de la douleur, tant physique que spirituelle. Chaque détail compte ici. Si les rythmes sont à l'effigie du rock cosmique teutonique, les ambiances sont modelées sur le modèle interstellaire de l'école française institué par Jarre. À ce niveau, Between the Lost and the Coming fait l'étalage des deux modèles. Et même plus! L'intro est brodée dans le mystère avec des percussions en peaux de sonnettes qui tintent dans des ambiances abscons. Des brises torsadées parent les arcanes alors que tout doucement un rythme germanique étend son emprise avec de grands pas titubants. Ce rythme ambiant est submergé de beaux solos aux essences psychédéliques et des gargouillis cosmiques, alors que tout doucement des nappes d'éther à la Klaus Schulze anoblissent Between the Lost and the Coming qui tangue constamment entre la simplicité rythmique de COMPUNCTIO et ses visions un peu plus progressives.

Après cet interlude quasi ambiante, What is the Truth sautille dans nos oreilles avec ce maillage de séquences et percussions qui forgent les rythmes cosmiques de l'album. Des voix polyglottes tiennent nos oreilles en éveil, nouant un infime lien entre les dociles rythmes mélodiques de Kraftwerk, alors que les synthés mélangent brumes et solos remplis de douceur onirique. Et, un peu à la grandeur de ce quatrième album du musicien suédois, les rythmes évoluent en finesse au gré de percussions claquantes dans les vents d'Orion et des séquences qui deviennent un peu plus incisives. Nous entrons dans cette phase où les influences de Tangerine Dream assiègent les compositions de Johan Tronestam. Rituals présente un rythme vif et entraînant. Un rythme qui épouse des courbes variables et qui est submergé par un synthé très créatif dont les superbes torsades et solos percent de belles orchestrations ainsi que des voix gorgées de brume. C'est le deuxième coup de cœur qui accroche à la première écoute. Faut entendre ces doux solos très cosmiques qui infusent les essences de Jarre. Superbe! Rituals II est plus rêveur. Un genre de titre qui charme à chaque nouvelle écoute. Il propose un rythme aussi ambiant que Between the Lost and the Coming alors que les ambiances embrassent celles du musicien français dans son Ethnicolor de l'album Zoolook. On se souvient du combat de ping-pong dans Concerts en Chine? C'est ce qui saute aux oreilles avec l'ouverture très ambiosphérique de The End and the Begining qui finit par embrasser la structure des séquences sinusoïdales de Loneliness. Sauf que cette fois-ci, le rythme est nettement plus robotique à la Kraftwerk. Un bon vieux gros rock cosmique vintage avec des percussions électroniques qui martèlent un beat teutonique bardé de voix robotiques et de bons solos dont les tonalités hybrides ne se détachent pas de leurs emprises tant éthérées que cosmiques. On tape du pied. Là et sur le superbe Ritual Combinations qui est, et de loin, le plus beau titre des 62 minutes de cet album. Les amateurs de rythmes analogues à la Garrison seront comblés ici. Et la mélodie….Hum, tout simplement jouissif! Recognition termine ce premier album de Johan Tronestam hors des terres de TeamQuasar avec un rythme assez ambivalent. Tantôt incertain et tantôt incisif, il voltige entre les ambiances tantôt éthérées et parfois assez cyniques d'un titre qui est la conclusion logique d'un album qui remplit les oreilles avec de très belles structures en constante permutation.

Des structures où la logique rythmique de Johan Tronestam flirte avec les ambiances morphiques à la Jarre sur des rythmes vaporeux à la Garrison ou robotiques à la Kraftwerk. Et parfois on discerne des nébuleuses réminiscences de Klaus Schulze et même de TD, témoignant d'un très bel album qui ralliera toute une génération d'amateurs de MÉ des années vintages à celles plus contemporaines.

Sylvain Lupari (09/08/14) *****

Disponible au SynGate Bandcamp

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