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Writer's pictureSylvain Lupari

MEMORY GEIST: Funeral Cavern (2007) (FR)

Updated: Dec 26, 2020

C'est ce que j'appelle un album de Dark Ambient d'un style lourd qui pourrait effrayer tout claustrophobe en vous

1 Shadowy Periphery 7:43

2 Deepest Reaches 20:06

3 Funeral Cavern 32:05

Musica Maxima Magnetica EEE48

(CD 59:54)

(Dark ambient, Gothic)

Il est évident que mes goûts musicaux ont évolué depuis que je me suis mis à écouter de la MÉ. Auparavant, j'aimais les séquences, rythmes et les folles envolées synthétisées sur des structures complexes et progressives. Au fil des ans, et à la découverte d'artistes tels que ['ramp] et Steve Roach, j'ai fini par apprécier ce genre musical un peu difficile à apprivoiser. J'ai récemment écouté et chroniqué Benthos de Memory Geist et je me suis aperçu que ma chronique sur FUNERAL CAVERN était bien mince et ne disait pas grand-chose. Donc, voici version améliorée suite à ma progression dans ce genre musical. Peut-on faire de l'ambiant lourd? Une musique ambiante qui sort des entrailles d'une grotte aux stigmates géantes, dont les réverbérations étouffent sous une nuée de chauve-souris aux mouvances flottantes, voire gracieuse comme les ailes d'une oie? C'est ce genre de structure sonore que nous présente le nouveau duo de synthésistes Memory Geist. C'est depuis 2006 que Bakis Sirros (Parallel Worlds) et Steve Law (Zen Paradox et Solitary Sound) forment Memory Geist, un duo qui se spécialise dans une musique d’atmosphère aux sombres et onctueuses couches de synthés analogues qui flottent dans une ambiance oxydée.

Shadowy Periphery nous entraîne dans ses sillons aux atmosphères caverneux comme si nous tombions dans un puits sans fond. Une descente où les souffles sombres sifflent dans nos oreilles à une vitesse ambiante, comme si notre chute s'effectuait au ralenti. On perçoit, parmi les lourdes expirations des parois de la grotte, des tintements qui sonnent dans ce lent tourbillon descendant. Des cloches qui se regroupent et sonnent un diabolique Angélus dans les entrailles d'un trou sans fin qui nous conduit aux couloirs de Deepest Reaches. C'est un long titre aux sombres errances des vents diurnes qui est agrémenté de quelques accords solitaires dont les résonances se perdent dans les courbes des oscillations et des réverbérations grondantes. Mû par la force de ses souffles ténébreux, Deepest Reaches échappe quelques filtres de légèretés qui sont aussitôt happés par la sinuosité des lents mouvements atonaux. La pièce-titre offre une intro où les cloches résonnent dans de lourds corridors sinueux qui sont parsemés de vents ambiants et de noires ambiances progressant comme la migration des vents occis. Cette pièce-titre est un mélange des atmosphères sanctifiés de Shadowy Periphery et de l'immense immersion ténébreuse de Deepest Reaches, mais avec des ambiances gutturales où de superbes strates, quasiment astrales, ondoient dans une faune de pulsations métalliques et ventousées, repoussant Funeral Cavern dans ses plus sombres recoins de sa noirceur abyssale. Lourd, ambiant et très atmosphérique, la musique circule dans les méandres de son labyrinthe souterrain où quelques fissures très profondes peuvent laisser entrer une lumière musicale, tamisée très tôt par d'oblongues réverbérations et de somptueuses sonorités d'orgues des cavernes où règne une flore musicale intarissable qui se renouvelle à chaque descente comme à chaque recoin.

Du Steve Roach, sans les rythmes tribaux, et du Brian Eno, sans légèreté, sont l'apanage de cette longue et lente descente souterraine qu'est FUNERAL CAVERN. Un album d'une lourdeur ambiante qui pourrait foutre les jetons à n'importe quel claustrophobe. J'ai trouvé ça long par endroits, mais chaque fois il y avait une iridescente musicale envoûtante qui me remplissait l’oreille. Certes, les amateurs de séquences seront pris au dépourvu par cette ode placide, car le rythme y est totalement absent. En revanche, la richesse musicale émanant des pulsations circulaires et le crescendo des enveloppants synthés analogues réussissent à créer une atmosphère d'une étonnante profondeur musicale où l'on se laisse aisément emporter par ses souffles d'un antre aux milles fissures mais aussi aux milles âmes en perdition.

Sylvain Lupari (21/11/07) ***½**

Disponible chez Musica Maxima Magnetica

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