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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Moonbooter Reminiscence (2022) (FR)

Moonbooter a changé et n'est pourtant pas vraiment loin de ses valeurs musicales

1 Me in the Mirror 7:08

2 Time Traveler 7:01

3 Who am I? 9:25

4 Motherland 7:14

5 Tribute to Climax 8:01

6 Mystic Sunset 7:10

7 Remember the Neon Lights 6:03

8 Me in the Mirror (reprise) 4:08

9 Extraordinary 5:36

10 The Reticence of Dreams 6:31

11 Goodbye my Friend 6:20

(CD(r)/DDL 74:42)

(EDM, E-Rock, New Berlin School)

Il fut un temps où j'aurais pensé que Bernd Scholl mettrait un terme définitif à sa carrière de musicien, comme celle de propriétaire du label MellowJet Records. Il y a eu la pandémie, qui réduisit de beaucoup son travail, et l'arrêt des spectacles, une activité fort prisée et essentielle dans le développement de Moonbooter. Et par la suite, ces terribles inondations qui ont frappées sa ville en juillet 2021, anéantissant sa maison et ses studios. Déjà qu'après la parution de son dernier album, Beyond the Neon Lights, en octobre 2020, le musicien-synthésiste et producteur Allemand mettait sa carrière en veille afin de faire une introspection sur sa vie. Il sentait ce besoin de sortir de son personnage de Moonbooter pour passer plus de temps avec ses proches et sa famille ainsi que pour lui. Ce n'est qu'au début avril 2022 qu'il a rallumé ses synthétiseurs et son goût d'écrire de la musique. Encore là, il voulait créer un truc différent! Pourtant, REMINISCENCE n'est pas vraiment loin des valeurs musicales qui ont propulsées Moonbooter à l'avant-scène de la musique électronique (MÉ) de style danse et rock créatif. On sent cependant une légère différence dans l'intonation des rythmes qui sont moins sauvages, laissant plus de latitude aux belles empreintes harmonieuses qui m'ont toujours attachées à la musique de Bernd Scholl.

Les notes de clavier tombent avec mélancolie. Me in the Mirror débute cette toute dernière offrande de Moonbooter avec ces notes qui résonnent sur un clavier torturé par des doigts lourds de nostalgie. On pourrait même dire de tristesse. Une autre rangée d'arpèges tombe avec un effet d'alternance, sculptant quasiment ces deux rangées solennelles qui encadrent un cortège royal. Une ombre de basse, toute délicate, étend un léger linceul de résonnance, ajoutant cet effet dramatique à cette mélancolique ouverture processionnelle. Des arpèges sombres et résonnants complètent l'avancée dramatique du titre qui arpente sa phase atmosphérique pour migrer doucement vers une structure de rythme évolutive pour devenir un rock électronique mélodieux qui est ceinturé de bons solos de synthé mélodieux. La marche du clavier glisse vers les larmoiements du synthé de l'ouverture de Time Traveler. Après une ouverture typique au genre, nappes de synthé flottantes, ondes de brume résonnantes et effets de voix séraphiques, le titre avance lentement vers un débit plus rapide. Le séquenceur tisse une première ligne de rythme qui zigzague, alors que la seconde forge un beat sourd et pulsatoire. Cette première esquisse de rythme est l'amorce d'une autre structure rythmique évolutive où se grefferont d'autres lignes et effets percussifs, dont ces fameux boom-boom technoïdes. Des riffs de clavier harmonieux aux tonalités très Tangerine Dream, de l'ère Schmoelling, et par la suite une délicate ballade, sise sur des arpèges miroitants, complèteront le décor harmonique de ce rock électronique qui cherche son orientation danse. La finale glisse dans les effets électroniques de Who am I?. Un titre lourd et lent, comme je les aime, avec un net penchant pour le style de Jean-Michel Jarre. Sa lente ouverture de 120 secondes est happée par une ligne de basse-pulsations dont les sauts vifs et alternants sont harponnés par de solides percussions. Elles martèlent et peaufinent la lourdeur sphéroïdale de ce rythme qui laisse partir ses séries d'arpèges. Elles scintillent en cercle et avec vivacité, alors que le synthé lance des lamentations irisées qui rappellent indéniablement les influences du musicien-synthésiste Français sur Bernd Scholl. Ces influences sont encore plus notables dans la seconde partie de ce plus long titre de REMINISCENCE, notamment ces percussions claquantes, qui est très intense. Motherland épouse très bien la structure de Who am I? en proposant un rythme aux influences tribales, pensons à l'album Révolutions, dans un beau maillage de lignes de rythme. Ce rythme est enjoué dans une fusion danse, rock et hip-hop où un refrain tisseur de ver-d'oreille est chanté par une chorale d'enfants. On accroche à la première écoute!

Tribute to Climax poursuit cette portion très danse de l'album avec un carrousel rythmique qui gradue par étape avant de devenir très entrainant. Genre techno, boom-boom, dans une grosse enveloppe de EDM. L'étincelante mélodie du clavier, aussi en forme circulaire, qui scintille entre la résonnance des percussions est de toute beauté dans cette structure de danse spasmodique qui évolue avec toujours plus d'intensité dans la seconde moitié du titre. De ténébreux accords de claviers alimentent l'ouverture plutôt sinistre de Mystic Sunset. D'ailleurs, ce titre se démarque par son ambiance plutôt cinématographique. Des pulsations indisciplinées jonglent avec l'avenir du rythme pour accueillir une ligne d'arpèges qui fait tinter une mélodie dont les vestiges peuvent nous faire penser à cette comptine que John Carpenter pianotait pour Michael Myers dans Halloween. Même avec cette nuée de pulsations arythmiques, la structure se développe lentement et s'accroche plutôt à des lignes de riffs pour remonter graduellement le courant rythmique. De belles tonalités de percussions électroniques nous rappellent l'art de construire les rythmes qui anime la créativité de Moonbooter, mais pas tant que cette ritournelle mélodieuse séquencée qui hante les sens après la 3ième minute. Encore ici, les arrangements donnent toute une profondeur émotive à ce titre dont les riffs du synthétiseur, autour de la 5ième minute, sont de nature à nous visser les oreilles à la musique, de même que ces pulsations et succions vibratoires. C’est le genre de titre dont on décroche difficilement. Remember the Neon Lights est de la bonne synthpop, j'entends Head Over Heels de Tears for Fears dans son décor, qui nous ramène aux saveurs du précédent album de Moonbooter, Beyond the Neon Lights. Me in the Mirror (reprise) est plus fluide et plus rythmé que Me in the Mirror. Je dirais plus mélodieux aussi. Et pourquoi pas plus intense? En tout cas, c'est aussi bon mais le lien de ressemblance n'est pas si évident. Extraordinary est dans la pure tradition EDM de Moonbooter avec une touche de Funk par la présence des orchestrations cuivrées. Le synthé reprend d'ailleurs ces airs de trompettes dans le rythme lourd, lent, résonnant et pulsatoire de The Reticence of Dreams. Une très belle et mélodieuse ballade électronique, dans le genre Software, avec des chuchotements de sensualité, dont la finale coule vers l'introduction de Goodbye my Friend. La musique, plus en mode mélodie méditative et rêver les yeux ouverts, les ambiances et ces arrangements du synthé qui ont la saveur de ceux dans Mystic Sunset, sont en symbiose avec la vision de nostalgie qu'on peut avoir juste en lisant le titre.

J'avais très hâte de découvrir REMINISCENCE. Et je n'ai pas été déçu! Moonbooter y couche ses humeurs mélancoliques, romantiques et extatiques dans des structures qui flirtent toujours avec ce rock électronique et cette EDM dans lesquelles il navigue avec aise. Les mélodies sont très différentes ici par rapport à ses précédents albums. Il faut les sentir et les percevoir avant de se laisser emporter dans ces valses euphoriques qui nous procurent ces frissons d'allégresse souvent rattachées à sa musique. Moonbooter a changé! Et ça va vous prendre plus qu'une écoute avant de vous apercevoir que REMINISCENCE est finalement du Bernd School qui a su surmonter les défis imposés par la vie depuis ce fameux Beyond the Neonlights.

Sylvain Lupari (13/11/22) ****½*

Disponible chez Mellow-Jet Records

(NB : Les mots en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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