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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Perceptual Defence Emotional Ruins (2023) (FR)

Une œuvre ambiante noire qui se déguste en solitaire, car toute perception nous est unique!”

CD1 Emotional Ruins 73:44

1 Emotional Ruins - Part One 4:10

2 Emotional Ruins - Part Two 11:17

3 Emotional Ruins - Part Three 14:15

4 Emotional Ruins - Part Four 11:00

5 Emotional Ruins - Part Five 16:53

6 Emotional Ruins - Part Six 16:06

CD2 Journey of Illusions 74:45

7 Journey of Illusions - First Illusion 14:15

8 Journey of Illusions - Second Illusion 11:58

9 Journey of Illusions - Third Illusion 13:04

10 Journey of Illusions - Fourth Illusion 11:43

11 Journey of Illusions - Fifth Illusion 12:22

12 Journey of Illusions - Sixth Illusion 11:23

(DDL/2CD-(r) 148:29)

(Dark ambient psychedelic music)

Voici un album pour amateurs de musique d'ambiances lugubres et ténébreuses. EMOTIONAL RUINS est la nouvelle offrande de Perceptual Defence, un double CD produit et distribué par le label Allemand SynGate Records et sa division Luna. L'album fait suite à un autre album de musique électronique de style Dark Ambient psychédélique, Aldebaran Star, que Gabriele Quirici offre sur sa plateforme Bandcamp depuis septembre dernier. L'idée derrière EMOTIONAL RUINS remonte aussi loin qu'en 2004 où Gabriele et sa femme expérimentaient différentes sources de sons après la naissance de leur première fille. En fait, le couple tentait d'enregistrer et de manipuler des échantillonnages et des sons étranges afin de créer un album ambiant axé sur les moments émotionnels. Après 17 ans, Gabriele Quirici a décidé de remasteriser cette assemblage de sons, qui a aussi servi de bande sonore pour un spectacle de danse Butoh, intitulé « N » de leur ami Alessandro Pintus, afin de le sortir pour la première fois en CD avec son titre original EMOTIONAL RUINS. Aussi bien l'écrire tout de suite, ce premier CD est une œuvre de musique ambiante et stagnante aussi noir que de l'ébène mixé aux cendres des ténèbres dans un univers d'étrangéités sonores où des poussières et des matières industrielles flirtent avec un léger voile organique, comme séraphique par endroits. C'est à la dimension de Perceptual Defence et ce n'est pas pour toutes les oreilles. Il faut aimer les ambiances noires et la trituration des sons! Le second CD, Journey of Illusions est plus musical. Il est déjà sorti en album téléchargeable sur la page Bandcamp Perceptual Defence depuis 2021. J'ai écrit une chronique à son sujet en juin de la même année. Tout le contraire de Emotional Ruins, c'est une longue composition symphonique électronique plus méditative qui fut improvisée et divisée en 6 mouvements intitulés Illusions. Le Ying et le Yang! Le noir et le blanc!

Une brise creuse soufflant avec plus de vélocité ouvre les dimensions de EMOTIONAL RUINS avec un premier chapitre sonore qui flirte avec les 4 minutes. Tranquillement les brises deviennent porteuses de granules et se transforment en une symphonie linéaire de ululements creux à donner la chair de poule. Des bruits de fond intrigants, comme des pas ou de l'eau qui suinte, des mugissements (est-ce que le métal peu se froisser avec des effets de voix ectoplasmiques?) des crépitements et finalement une ligne orale spectrale s'ajoutent à cette symphonie ténébreuse. Perceptual Defence pose d'emblée sa signature de nouveau maître incontesté de musique glauque et ténébreuse avec un fort accent psychédélique dans les premiers instants de son long acte Emotional Ruins. Les vents revêtent une texture plus organique en ouverture de Emotional Ruins - Part Two. Ils bourdonnent avec des cris non-humains qui semblent vouloir s'en extirper. L'effet de cette masse sonore simule une longue et lente descente où l'agonie semble être le but visé. Des ondes se détachent de ces vents pour onduler en parallèle, comme pour râler dissemblablement. Les drones sonores prennent ainsi racine. Ils ondoient comme des arabesques de distorsions dans un cynique hymne à la dissonance. Porté par la puissance des drones mugissants, le mouvement reste plus linéaire qu'ondulant et donne plus de relief avec ces voix inhumaines qui crissent autant que hurlent. Une zone de perturbation s'élève autour de la 5ième minute, plongeant Emotional Ruins - Part Two dans une phase de bruits blancs où se juxtaposent des fluctuations dans les ondes de drones. La seconde phase de ce 2ième acte flirte avec les dimensions de l'horreur avec des crissements organiques et des ululements de bêtes mécaniques. Nos oreilles ainsi écorchées glissent vers une phase nettement plus éthérée en Emotional Ruins - Part Three. Les ondes y bourdonnent comme une longue réverbération en continue de gongs tibétains. Des filaments plus cristallins dansottent autour de la 5ième minute, instant où les ambiances rejoignent les abysses chantés depuis l'ouverture de Emotional Ruins. Des bruits de pas, des murmures, des crépitements et autres effets sonores qui sont à la limite de la paranoïa orne ce segment où le chant d'une cigale amplifié comme un crissement stridulant s'élève pour amener nos sens vers une autre zone de noirceur sonore. Des cris de cornets cabalistiques ragent autour de 9ième minute, imitant ces sirènes d'alarme qui annoncent une catastrophe dans l'univers des lycanthropes nés de l'aluminium.

Cette symphonie de dissonances où les vents sont comme des brasiers nourris aux granules sidérurgiques s'étend sur les 6 chapitres du premier CD Emotional Ruins. Certes, il y a des phases de rythmes, comme cette ouverture de Emotional RuinsPart Four où des battements successifs, alliant peau et tôle, tambourinent sous un ciel nacré de hurlements incandescents et de lointains sifflements de trains. Ça donne un délicieux 6 minutes plus musicales et entraînantes dans cette odyssée de drones et de métaux hurlants. Le reste est de confusion dans les instruments proposés, j'entends des effets de cordes qu'on pince ardemment, où les sifflements sont comme des signaux pour guider les borgnes aveugles. Les clapotis d'eau de la finale bercent nos oreilles jusqu'à l'ouverture de Emotional Ruins Part Five où le débit flirte avec une inondation. Gabriele Quirici joue avec les sons et leurs échantillonnages afin de former des implosions qui simulent un rythme abstrait. Des nappes de wiisshh et de waasshh, ainsi que de bruits blancs s'ajoutent, formant ainsi une nouvelle forme d'impulsion de rythme sans rythme. De l'eau! Il y a de l'eau partout jusqu'à l'orée de la 10ième minute, là où les bourdonnements ont une fascinante voix humaine. C'est la tempête avant un calme relatif, si être dans une caverne glaciale au fin fond du Tibet enchante vos perceptions. Ici, les moines sont squelettiques et leurs incantations sortent de leurs orbites creuses, comme des milliers de trous faisant chanter les vents. Ça donne un moment de méditation découpé dans le rough! Des bourdons, comme des cordes frottant un violoncelle désaccordé, structurent un lent mouvement où on a l'impression que les drones valsent juste avant de s'écraser sur les banquises du néant. Là où de nouveaux vents mugissent à nouveau et que les crissements de voix ectoplasmiques hésitent entre la chaleur de la poésie et la froideur d'un métal bleu argenté. Du fond des entrailles de la Terre, nous revivons avec des cris d'enfants-mouettes qui sont émerveillés par les chutes et les bruissements qu'elles font. De là, les 16 minutes de Emotional Ruins - Part Six nous entraîne dans l'univers cryonique de Stephen Parsick, plus particulièrement sa série Doombient. Il y a beaucoup de luminosité, et elle est glaciale, dans cette ouverture où le bourdonnement des chutes devient une longue homélie ténébreuse soufflée par de gigantesques joues pleines de trous. Les sons affichent leurs dissidences avec des nuances qui flirtent soit avec le céleste acuité où le noir d'un charbon chantant. Tranquillement, cette première symphonie dans la pièce musicale en 2 longs actes de EMOTIONAL RUINS faiblit pour se ressaisir sur de nouvelles stridences, l'eau des chutes et l'émerveillement des enfants-mouettes qui sont en réalité les premières lamentations de la première fille de Gabriele Quirici, deux minutes après sa naissance.

EMOTIONAL RUINS est une musique d'ambiances ténébreuses psychédélique à son meilleur! Une œuvre immensément sombre à la grandeur des dimensions de Perceptual Defence dont la genèse relève plus de sentiments de ses auteurs que de notre niveau de perception. J'y ai trouvé une forme d'agonie humaine qui flirte plus avec l'horreur du désespoir qu'autre chose. C'est intense, à la limite de la déprime et ça demande une curiosité sans pareil pour les sons et la manière dont ils sont triturés. Ça se déguste en solitaire, car toute perception nous est unique!

Sylvain Lupari (27/10/23) *****

Disponible au SynGate Bandcamp

(NB : Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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