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  • Writer's pictureSylvain Lupari

PERCEPTUAL DEFENCE: Changing Images (2019) (FR)

Updated: Apr 18, 2020

“À bord d'un train qui voyage de la gare Phaedra à aujourd'hui, Changing Images propose des paysages séquencés évolutifs dans un style Berlin School progressif”

1 Chaos & Awareness 26:52

2 Changing Images 11:45

3 Hypnotic Images 11:58

4 New Perspective 12:25

(CD-R/DDL 63:01)

(Berlin School Progressif)

Parfois la vie est étrange. Les planètes s'alignent pour établir des coïncidences pour le moins étrange. À l'heure où les fans de MÉ, plus principalement de Tangerine Dream, ne parlent que de cet immense coffret In Search of Hades, voilà que Perceptual Defence nous balance un opus directement inspiré par l'ère Phaedra. Un opus qui aurait pu facilement s'insérer dans cet immense coffret, déjouant ainsi plusieurs paires d'oreilles. C'est à bord d'un train, parcourant la distance entre Rome et la Suisse, que CHANGING IMAGES a pris forme. Gabriele Quirici prend ce train à toute les semaines et voit ainsi les images défilées et se métamorphoser devant ses yeux qui se remplissent de notes et d'idées. C'est autour du Grp Synthesizer A2 analogue et du séquenceur Grp Synthesizer R24 que ces notes et idées ont couché, ajoutant ainsi une nouvelle texture musicale à l'univers de Perceptual Defence. Offert en HQ-Release CD-R et en format téléchargeable 24 Bits sur le site Bandcamp de SynGate, le train de CHANGING IMAGES nous ramène à la gare de Phaedra et des années 72-74 de la MÉ.

Un bruissement de ruisseau se perdant dans une petite chute et des accords fantômes qui tournent en rond pour près de 2 minutes scellent l'introduction de Chaos & Awareness. C'est à cet instant qu'un mouvement circulaire d'une basse pulsation étend son rameau d'oscillations qui roulent en boucles vertigineuses, rappelant les univers de Phaedra et de Ricochet. Le mouvement reste ambiant, même avec cette ossature de pulsations qui se dérègle en laissant passer un mouvement éphémère plus mélodieux qui revient et repart. Je rêve ou bien l'eau devient des éclats percussifs? Voilà la trame des 27 minutes de Chaos & Awareness! Entre le chaos et la conscience du chaos qui prend plusieurs formes, tel des images qui changent, les séquences de rythmes ondulent pour faire travailler nos neurones et non faire danser nos pieds. Les boucles de rythmes et ses essences de discrétion, sinon fantomatique, paradent dans une enveloppe de nébulosité avec leurs présences discrètes qui par moments flirtent avec des ambiances de Pink Floyd. Comme des centipèdes qui prennent formes et couleurs tonales entre nos oreilles, Chaos & Awareness détache plusieurs filaments rythmiques qui poussent comme les floraisons souterraines de plantes filmées en accéléré. Nous sommes littéralement dans l'âge d'or de la MÉ ici. Après les pépiements d'oiseaux trappés dans les interstices du synthé, la pièce-titre étend une structure de rythme plus soutenue et accentuée. On tapote des doigts avec ces boucles d'oscillations qui vont et viennent à vitesse grand V, remplaçant la précédente avec toujours un peu plus de vélocité. La faune sonore est constituée de gazouillis électroniques séquencés qui papillonnent dans un tumulte rythmique organisé par des effets d'écho rythmique et des effets électroniques particuliers aux années analogues. Changing Images est littéralement comme une fenêtre d’un train dont le changement de décor constant fini par structurer un rythme fantôme dans notre tête. Par moments, des filaments de séquences spasmodiques s'échappent avec une approche plus mélodieuse. Ils sont vivement rattrapés par la course d'images en métamorphose, alors que le rythme observe un mouvement parallèle qui fuit et qui oscille tout aussi vivement.

Chaque titre est ficelé à la finale de son prédécesseur. C'est donc de la finale ambiante et ses lourds souffles ténébreux qui poussent mille graffitis sonores vers des tunnels sans fin que Hypnotic Images prend forme. Cette fois-ci, nous sommes dans le très noir univers Doombient de Stephen Parsick. La masse sonore est dense, battant timidement avec ces pulsations étouffées par cette pénombre et ces chants sans voix, ni effets. Ces ambiances débordent vers New Perspective. Plus ténébreuse que Chaos & Awareness, l'introduction baigne dans une eau qui s'échappe du couloir sans fin où scintillent des arpèges isolés qui graduellement prennent forme afin de créer un axe circulaire qui roule comme un miroitement éternel. Des effets de voix et des lignes de machinerie qui ronronnent et produisent des effets réverbérants tapissent le derrière du décor, alors que le séquenceur restructure la portion harmonique du rythme en juxtaposant une autre ligne qui fait autant de rodéo que la principale, mais avec un léger décalage. Peu à peu, le rythme et les ambiances de New Perspective dérivent vers une structure, assez bien songé je dois admettre, qui imite la vitesse d'un train arrivant à destination. Les lignes qui hululent ressemblent à ces sifflets boueux qui annoncent la prochaine arrivée. Des éléments psychédéliques des années Atem, de Tangerine Dream, et Ummagumma, de Pink Floyd, ajoutent ténébrosité et ingéniosité à un décor aux allures chthoniennes. Ce qui n'empêche pas le rythme de dénouer d'autres formes rythmiques évanescentes qui se greffent à la structure souveraine, créant de beaux effets qui témoignent de la méticulosité de Gabriele Quirici pour reconstituer un univers analogue qui a tout les ingrédients pour satisfaire ceux qui ont dévoré les années d'or de Tangerine Dream, un peu de Klaus Schulze aussi, et de Pink Floyd.

CHANGING IMAGES est un album de MÉ intelligente et bien composée. Donc, un album qui s'apprivoise avec la volonté de découvrir un univers qui a toujours des surprises à offrir, soit celui de la musique d'expériences comestibles du début des années 70. Des titres comme la pièce-titre et New Perspective valent le détour! La qualité sonore est exceptionnelle et rend justice à un album concept imaginé lors de voyages en train.

Sylvain Lupari (20/06/19) ***½**

Disponible au SynGate Bandcamp

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