Sylvain Lupari
PERGE: Mutually Assured Destruction (2022) (FR)
“C'est la tournée 81 de TD qui est visée ici. Le meilleur de Perge, pour moi”

1 M.A.D. 9:27
2 Orientation 6:25
3 Epicentre 11:42
4 Rotate 17:53
5 Ascent 6:33
6 Midpoint Marigold 18:14
Bonus Tracks (100:55)
1 Oxynoxe 8:08
2 Infrequent Modulation 4:24
3 Pivot 6:22
4 Bodyssey 7:47
5 The Furthest Point of Light 4:57

6 The Chaos Before The Storm 17:04
7 Sassauna 12:14
(CD/DDL 70:20 + 100:55)
(Electronic Rock)
C'est suite à une conversation avec un spectateur, lors d'un des récents concert de Tangerine Dream, que l'idée de faire un nouvel album de Perge s'est mise à tourner dans la tête de Matthew Stringer. Le fan en question venait de mentionner que son album préféré de TD était Cyclone. Un choix étrange, considérant le peu d'enthousiasme des critiques, et d'une majorité de fans du trio, par rapport à cet album. De loin son titre le plus fascinant, Madrigal Meridian possède ce petit quelque chose autour duquel Matthew pouvait construire son idée. D'où le titre du très fougueux Midpoint Marigold qui clôture ce MUTUALLY ASSURED DESTRUCTION. Mais ce n'était pas gagné d'avance! Il fallait convaincre Graham Getty qui devenait de plus en plus réticent à l'idée de s'investir dans un autre projet musical depuis les derniers albums de Perge. Depuis Catharsis en fait. Qu'à cela ne tienne! Matt lui envoyait justement une ébauche de Midpoint Marigold et Graham répliqua avec des séquences qui devaient conduire aux titres Epicentre et Rotate. Tranquillement, le meilleur album de Perge se construisait…
Titre atmosphérique de très haute densité, M.A.D. explique à lui seul le combat de Matthew Stringer afin de ramener Graham Getty dans le giron de Perge. Des vagues du Cosmos balaient nos oreilles, enveloppant la voix de Ripley, Aliens, qui refuse systématiquement de retourner voir ces gentilles bêtes. La parallèle avec le refus de Graham de poursuivre l'aventure Perge est tout simplement délicieux. La texture musicale est remplie de bourdonnements, donnant une présence dramatique à cette ouverture qui se remplit de wiisshh et woosshh organiques. Les ambiances deviennent de métal granuleux où grouillent une faune d'éléments percussifs statiques, accentuant ainsi une urgence de se diriger vers Orientation. Les origines de Perge découlent du projet Tangerine Tree, et Tangerine Leaves, soit des enregistrements en concert du Dream qui sont partagés entre les fans du mythique trio Berlinois. C'est un fois le projet terminé que les deux musicien-synthésistes Anglais ont décidé de créer l'illusion et l'énergie de ces concerts. Ici, Perge nous amène vers la célèbre tournée 81 qui allait nous faire découvrir des titres inédits comme Bondi Parade, Digital Times et le titre d'ouverture de la tournée anglaise de 81 Undulation. Et Orientation est ni plus ni moins un clin d'œil, une version personnelle de Matthew. Les ambiances en concert sont bien défendues avec un enthousiasme certain de la foule et la structure de rythme qui pédale sous une avalanche de nappes de synthé est dans l'esprit de Undulation. Les 15 premières minutes de MUTUALLY ASSURED DESTRUCTION sont un prélude à ce que j'ai entendu de plus sauvage venant de Perge! Epicentre propose une structure de rythme tissée sur deux lignes de séquences qui ondulent tout en étant étroitement liées. Ça donne une structure de rock électronique enlevante qui saute et roule sous un ciel d'ondes spectrales et d'effets sonores organiques. La séquence de rythme accélère subtilement sous des zones de vapeurs électroniques ondoyantes d'un bleu acier. Le séquenceur module une nouvelle approche, plus zigzagante, un peu avant la 3ième minute. Une latente vélocité s'empare du rythme qui devient encore plus vivant lorsque les percussions le tabassent joliment une 20taine de secondes après la 4ième minute. Les riffs de clavier qui tombent ne font aucun doute, nous sommes dans l'esprit de la tournée 81 du Dream. Ces riffs troquent leurs effets pour ceux d'une guitare qui allumera définitivement le feu de Epicentre. Fougueux jusqu’à la 10ième minute, le titre entreprend de construire ce légendaire pont atmosphérique qui servait à unir 2 titres très déchaînés lors de ces concerts. Rotate a besoin d'un gros 4 minutes pour décoller. Moins sauvage que Epicentre, il est légèrement plus musical avec de belles textures du synthé et de la guitare. La musique s'adoucit pour passer vers Ascent et son délicat piano dont la mélodie résonnera jusqu'à ces souffles de mellotron. Un clin d'œil aussi à Johannes Schmoelling