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Writer's pictureSylvain Lupari

PETE FARN: RePete! (2021) (FR)

Il y a de bons moments dans ce CD-r qui permettent de le découvrir peu plus facilement

1 Rapid Rabbit 6:34

2 Kraut Piece 6:16

3 Der Esel Trottet 11:28

4 Begegnungen 5:30

5 Konzentrat 4:11

6 Heizfläche 8:41

7 Hubber Blipps 8:11

8 Hoko Mata 7:06

9 Baalang 6:39

(CD-R/DDL 64:38)

(Space-rock, Modular Synth EM)

Je n'étais pas vraiment certain! Disons que Rapid Rabbit nous saisit rapidement de cette envie de laisser tomber ce REPETE (RePete) de Pete Farn. Son début est dur avec une drôle d'explosion métallique qui s'étire en un souffle perfide d'une bête prête à nous happer. Pourtant, les caresses du violoncelle sont aux antipodes, tout en structurant une ambiance aussi intrigante que dans le précédent album Sweet Metal. Le rythme? Il faut l'inventer dans notre tête avec ces centaines de petits perdus courant dans toutes les directions d'une pièce cubique de 6 pieds pour chaque mur, le plancher et le plafond. C'est étroit! Le jeu des percussions élève le rythme d'un cran tout en faisant du surplace. Les hautbois sont magiques et leurs chants invitent les oiseaux à en faire autant. Les violoncelles tirent les cordes de la frayeur avec de denses orchestrations tandis que Rapid Rabbit se fait avaler par cette bête dont on entend seulement les râles et les bruits d'estomac. Sans nécessairement dire que ce premier titre est à l'image de ce nouvel album de Peter Schaefer, il indique assez bien la nature de REPETE. Dans une faune de distorsions, de bruits bizarres et de régurgités des interstices de ses nombreux instruments, l'ami Pete exploite des orientations difficiles à cerner. Des structures de rythmes évanescentes se brisent constamment sans aucun lien pour se reformer sur les 9 structures de l'album. Les effets de fuzz-wha-wha et de distorsions de guitare dominent un album dont le tempérament de space-rock psychédélique est guidé par une bonne basse et les influences des premiers albums de Ash Ra Tempel, période Schwingungen et autres.

Justement, un titre comme Kraut Piece n'est pas étranger à ces influences. La guitare est entraînante, autant que la basse, sur un rythme aiguillé par des cliquetis percussifs. Les effets de guitare dessinent des boucles de réverbérations qui tournent et tournent dans une ambiance qui peut fort bien décrire un trip sur l'acide. Le titre évolue pour se diriger vers une finale plus éthérée avec des murmures séraphiques et des orchestrations brumeuses pour se terminer dans un gros rock de garage. Ainsi sont les 7 autres structures de REPETE! Der Esel Trottet se démarque en proposant un bon rythme minimaliste assez envoûtant avec un merveilleux travail au niveau des échantillonnages dans les éléments percussifs. Élastifié, le jeu de la basse est drôlement séduisant. J'ai accroché à la première écoute et les écoutes subséquentes m'ont donné raison. Différentes interférences briment l'ouverture de Begegnungen. Entre les effets de guitare, une six-cordes électriques et une basse avec une âme de Jazz entament un jam session où survie une courte mélodie flûtée. Sans véritable identité rythmique le titre expose ses quelques joyaux pour s'orienter vers du Jazz et Blues déconstruits. Konzentrat est aussi un titre expérimental sans colonne rythmique. C'est un peu comme un groupe de garage cherchant un truc à composer. Il y a beaucoup d'effets de fuzz-wha-wha et ça débloque en un rock à la Frank Zappa. Hormis la collection de bruits étranges qui entoure Heizfläche, la musique offre un bon space-rock avec une voix qui parle plus que chante. Ça me rappelle beaucoup les premiers albums de Ashra Tempel. Plus fou, plus rythmé et plus musical, Hoko Mata est du même niveau avec un beau chant de hautbois. Un titre aussi séduisant que Der Esel Trottet. En enlevant tous les artifices bruitaux de Hubber Blipps on sent une texture de Motown, genre The 5th Dimension ou The Temptations sans voix et sans rythmes. Baalang termine REPETE avec un rythme tribal gorgé d'effets organiques, de gargouillis monstrueux et d'accords lancés dans un bol qu'on agite comme des dés et qu'on renverse sur le plancher. Ça donne tout et rien dans une structure décousue qui trouve toujours une façon de séduire les fans d'une musique psychédélique sans frontières ni œillères.

À ne pas en douter, il y a un public pour la musique de Pete Farn. Il suffit de voir ses vidéos sur Internet pour voir les curieux s'amasser et d'admirer cet étrange musicien qui semble savoir comment communiquer avec les sons. Il y a aussi SynGate qui année après année réalise ses dernières lubies sonores. Et pour ces raisons, il faut en parler! Selon moi, ce n'est pas son meilleur, Sweet Metal était vraiment fort, mais il y a de très bons moments qui facilitent sa découverte toujours un peu plus.

Sylvain Lupari (11/11/21) *****

Disponible au SynGate Luna Bandcamp

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