“Tiere est un album de rock électronique très teutonique où Q2 transforme des hymnes simplistes en monuments de MÉ accrocheuse”
1 Wolf 7:09
2 Schmetterling 3:53
3 Bieber 3:50
4 Fledermaus 4:42
5 Loewe 7:48
6 Kuh 5:39
7 Kater 7:15
8 Adler 4:51
(CD/DDL 42:25)
(Vintage kind of E-rock)
Lorsque j'ai regardé la pochette de TIERE, j'ai eu comme un mouvement d'étonnement. Et pas dans le bon sens du terme. Des dessins d'animaux, puisque Tiere = Animaux, figés sur du papier par des mains enfantines! Avouons que ça détonne. J'avais comme l'impression de regarder les premiers dessins de mes enfants. Un peu comme si nous étions projetés des années en arrière. Et c'est un peu ce qui nous attend avec de 2ième album du duo Allemand Q2. Frank Husemann et Sunny Vollherbst nous ont concocté un album où la simplicité est à la base de tout. TIERE est du rock électronique très Teutonique où Q2 transforme des hymnes simplistes en des monuments qui bétonnent nos oreilles avec des trucs qui accrochent et ce même si le duo aime bien insérer des éléments dysfonctionnels dans ces belles mélodies qui étonnent, tant par leur spontanéité que par leur efficacité. Contrairement à Astroid, cet album est conçu dans une vision plus apprivoisable avec 8 titres d'une durée moyenne de 5:30 minutes.
Et ça débute avec Wolf. Les premières oscillations se perdent dans un mariage de percussions robotiques à des accords de guitares qui crachent un rock Teutonique très enlevant. Le rythme introductif accroche instantanément l'ouïe et fait taper du pied. Des riffs viennent picorer cette course modérée alors que des nuages d'éther flottent par nappes, histoire de nous rappeler les fondements de la MÉ. Le rythme reste soutenu. C'est du plomb dans les oreilles. Minimaliste? On peut dire oui, tout comme les rythmes qui garnissent TIERE d'ailleurs, mais avec de fines variances qui délectent l'écoute. Ici la guitare de Frank Husemann, et même si son jeu reste sobre, altère la course de Wolf avec juste assez de subtilités dans les tons de sa six-cordes pour faire dériver tout autant les coups de percussions robotiques. J'ai bien aimé, j'avais l'impression d'entendre un hymne à la James Bond joué tout croche. C'est du rock électronique à la sauce Kraftwerk. Et même si l'esprit de Kraftwerk flotte sur les 8 titres ici, on peine à identifier la période. Je dirais que c'est pré-Authoban ou encore dans The Man Machine, comme Kater où le rythme est aussi fluide et la mélodie est incroyablement accrocheuse. Ça s'ancre dans l'oreille, même si sa finale est aussi indomptable qu'un chat en chaleur. Schmetterling offre aussi une belle mélodie tisseuse de ver d’oreille. Les claviers ressuscitent ces vieilles tonalités analogues qui charmaient, comme ces vieux orgues qui traînaient dans presque chaque famille dans les années 60. Le rythme est sautillant, élastique avec des accords de basse qui grognent et des percussions qui crachent des bruits blancs. Bieber reprend un peu les battements cybernétiques de Wolf. C'est un mélange de rock et de synth-pop avec une ligne de basse aussi enlevante que les percussions et une guitare moins harmonieuse que sur Wolf. Un peu dans le genre de Loewe qui est plus lourd, plus vicieux et avec une guitare gorgée d'effets de wah-wah. Fledermaus est un titre plus sombre, un peu moins accessible où les percussions sculptent un tonnerre continuel et où les ondes de guitares et de synthés moulent les langages sensoriels et les mouvements de masse menaçants des chauves-souris. Disons que la musique reflète avec justesse l'idée derrière le titre. Et c'est aussi vrai pour Schmetterling en passant. Tout le contraire de Kuh qui est un genre de rumba très accrocheuse, alors que Alder, qui est un peu dans le même genre que Fledermaus, trace à merveille les mouvements ailés d'un aigle. Le rythme est au début plutôt ambiant. Il prépare son envol sur de lentes nappes de clavier sombres. Et un peu comme l'aigle, dont c'est justement le titre, la musique s'ajuste au vol du rapace planeur avec des percussions agités et des impulsions d'une ligne de basse. Les ailes ajustent leur vélocité, amenant le rythme nerveux et chevrotant de Alder au zénith de sa destination. Et c'est la descente...Ambiante et psychotronique. Deux éléments qui ornent avec justesse et nuance un album agréable, et audacieux par instants, qui nous rappelle un peu la genèse de la MÉ.
Sylvain Lupari (22/12/14) *****
Disponible au Q2 Bandcamp
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