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  • Writer's pictureSylvain Lupari

REDSHIFT: Last (2007) (FR)

Last est cinglant et mordant, plus que Toll si c'est possible

1 Tormentor 16:31

2 Nightshift 4:16

3 Last 10:56

4 Long Way Out 3:40

5 Damage 19:58

6 Torn 10:22

(DDL 65:43) (V.F.)

(England School, Berlin School)

Dans cet univers artistique où les technologies modifient constamment l'essence de la MÉ, il y a des éléments qui restent immuables, comme la sonorité méphistophélique du mythique Redshift. Même avec une structure modifiée, suite au départ de James Goddard et l'ajout de Ian Boddy, Redshift demeure un groupe sombre et gothique qui crée une musique meurtrie par une empreinte mélancolique. Enregistré lors du Hampshire Jam en octobre 2006, le nouveau trio explore toujours les méandres des lourds sentiers analogues de Mark Shreeve. Sauf que cette fois-ci les structures filtrent des intrants plus mélodieux. Un étrange contraste d'une musique obscure.

Dès l'intro caverneuse de Tormentor, l'atmosphère s'emplit des lourdes réverbérations du monstre qu'est l’énorme Moog de Mark Shreeve. Les stigmates sonores s'y échappent épurant une ambiance lourde aux soubresauts imprévisibles. Un peu comme à l'agonie, Tormentor progresse par de multiples ascensions tourmentées de pulsations composites qui forment des bulles aux explosions restreintes. Le mouvement est lent et sinueux avec une violence retenue qui regorge de mélodies spiralées. Des mélodies qui se forment et disparaissent comme des serpents apeurés. Du Redshift spectral aux effusions sonores spontanées, comme on a toujours aimé. Avec son ouverture vaporeuse sur nappes de synthé aux bourdonnements intrigants, Nightshift forme une courbe ascendante au stupéfiant Last dont l'intro est à l'image d'une comptine sortie des films d'horreur avec ses arpèges multipliés dans une écho minimalisme. L'atmosphère est lugubre et drainée de synthés soucieux de faire l'effet diabolique. La tension est superbe et l'arche sonore se contracte avec plasticité pour offrir une mélodie ténébreuse qui se respire avec une aisance ensorcelante. Le jeu du séquenceur est superbe et les frères Shreeve étendent une série d'accords qui dansent avec une souplesse élastique dont l'écho amène aux rêves. Un beau moment doux et empreint d'une sombre beauté, à cause de l'effet de ressac des ondes Redshift.

Long Way Out sillonne avec hésitation jusqu'à Damage, de loin le titre le plus intéressant de ce 9ième Redshift. Une nébuleuse intro avec une progression séquencée qui échappe des lamentations spectrales s'enroulant en striures menaçantes. Les séquences se rebellent pour former une fusion de rythme contracté et indiscipliné. Subitement, le lourd monstre de Mark Shreeve bouffe cette intro pour rediriger la cadence sur des nébulosités croissantes dans une mer stagnante de sonorités composites. L'effet Redshift est total et s'imprègne d'un silence inquiétant, dont seuls quelques éléments flottent dans une noirceur poétique. Les bourdonnements reviennent pour surdimensionner cette constellation silencieuse. Les phases de rythmes s'affolent autour de séquences plus vicieuses qui virevoltent comme une névrose peut alimenter le cerveau. Les passages rythmiques du trio Anglais sont impétueux. Même si on peut en prévoir les mouvements, ils étonnent toujours par la force de l'impact sonore et de leurs évolutions. Torn, qui suit une frénétique ovation des auditeurs en place, offre un même concept sonore. Sauf que les séquences sont plus agiles, frivoles et mordent l'ouïe d'une férocité dont on ne se rassasie jamais.

LAST est cinglant et mordant, plus que Toll si ça trouve. L'arrivée d'Ian Boddy semble coïncider avec une ouverture plus mélodieuse des séquences. Un paradoxe qui flotte constamment dans un cercle funeste complexe et nuancé. Il reste juste à souhaiter que le titre ne soit précurseur de la fin de ce superbe groupe.

Sylvain Lupari (02/11/07) *****

Disponible au Redshift Bandcamp

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