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Remy Exhibition of Dreams 10th Anniversary Edition (3CD) 2010 (FR)

Plus de 70 minutes de musique nouvelle qui s'adapte avec l'oeuvre originale dans une enveloppe sonore rehaussée... que demander de plus?

CD1 71:47

1 Into the Dream 12:47

2 Mirage 25:06

3 Lost Forces 11:38

4 La Luna 16:32

5 The Fields of Infinity 5:44

CD2 59:12

1 Unidentified Dreaming Objects 42:49

2 Silent Voices 8:05

3 Out of The Dream 8:18

Bonus CD 72:46

1 Metroid 10:26

2 Silent Voices Part II 9:03

3 Waiting for Dusk 10:08

4 The Fields of Infinity 10:44

5 The Cave 7:28

6 Storm 24:58

(3 CD/DDL 203:46) (V.F.)

(New Berlin School)

Ceux qui me connaissent et qui me lisent sur Guts of Darkness savent à quel point j'ai horreur des rééditions, de ces innombrables coffrets qui exploitent le même thème sans vraiment rien ajouter de concret à ce qui a déjà été composé. J'adore EXHIBITION OF DREAMS autant que j'adore la musique de Remy! Sa musique qui se balance entre cette la période de fusion analogue/digitale de Klaus Schulze. Et si les années Inter*Face, Dreams, En=Trance, Miditerranean Pads et même In Blue ont nourri copieusement vos oreilles, eh bien cette édition triple-coffret les nourriront encore plus. Variations mélodieuses sur le thème du rêve et de ses méandres noctambulismes, EoD est apparu à la fin des années 90. Sa toute première édition eut lieu sur Mini-Disc, sans surimpressions (overdub) et en édition très limitée. C'est à toute fin de 1999 que la première édition de 2 CD fait son apparition sur l'étiquette de Remy Stroomer (AKH Records). L'impact fut assez significatif pour ceux qui découvraient cet univers musical de Remy, déclenchant une passion chez des fans qui voyaient à travers sa musique, celle d'un disciple de Klaus Schulze. Parce que c'est bel et bien là que se situe la musique du synthésiste Hollandais, mais dans une vision plus poétique et surtout plus mélancolique. Dix ans plus tard, en Novembre 2009, Remy soulignait le 10ième anniversaire de cet album avec une première édition spéciale et un CD où il réalisait une petite sélection parmi les 2 CD tout en effectuant un premier nouveau réenregistrement. C'est d'ailleurs cet album que j'ai chroniqué en 2010. Deux mois plus tard, la totale! Un coffret triple CD incluant la 1ière édition, remasterisée avec la technologie d'enregistrement d'aujourd’hui, et un cd en bonus comprenant 6 pièces musicales tirées de la même époque qui exploite les labyrinthes inexpliqués et aléas des rêves avec une précision musicale inouïe.

Et telle une glissade dans une nuit qui sera agitée de rêves aux divinations aléatoires, Into the Dream nous entraîne dans un doux univers musical aux accords de basses hésitants qui sont encerclés de fins arpèges prêts à s'envoler dans une nuit de milles tourments. Ceux qui, comme moi, ont dégusté l'œuvre condensée retrouveront les douces lignes poétiques d'Entering the Dream avec l'hésitante approche de la danse de la somnolence. Un rythme constamment retenu par un synthé aux souffles spectraux et un clavier aux accords qui se situent entre une guitare acoustique et un clavecin aux notes limpides et pincées. Les percussions tombent, sans jamais rien fracasser. Un peu comme pour ne pas troubler la quiétude du sommeil, alors que le synthé revêt ses plus belles approches oniriques avant de nous émouvoir avec ce refrain si longuement enfoui dans la légèreté du sommeil et qui initie cette longue nuit de rêves. Mirage attaque la nuit avec plus de vigueur. Un long titre aux rythmes progressifs qui enfermé dans une sphère de schizophrénie nocturne. Cette version est plus éthérée et plus poétique que celle de l'édition spéciale, dégageant un suave parfum d'une douce folie noctambule. Lost Forces (Velocity) suit la tangente rythmique qui se développe depuis Into the Dream. Très similaire à Mirage, la cadence est par contre plus frénétique et pulse nerveusement dans un univers fantomatique qui est sculpté par une subtile ligne de basse et ses pulsations angoissantes ainsi qu'un synthé aux ondes cauchemardesques. La Luna (Lunascape) calme le jeu avec une splendide spirale séquencée qui tourbillonne lascivement, créant un effet d'hypnose sous un synthé aux multiples couches aussi inquiétantes que lyriques et où le rythme bat légèrement. Comme une ode à la lune et ses secrets! C'est dans un tonnerre explosé par des percussions lourdes et assourdissantes que The Fields of Infinity fait danser ses accords sur un xylophone. On entend au loin un synthé fredonner ses airs absents jusqu'à l'arrivée d'une guitare acoustique et ses fins accords harmonieux. Obnubilé que je suis, je remarque cette adorable fusion de ces accords à un synthé divinement charmant qui oscille doucement derrière cette dualité harmonieuse qui plonge vers une finale frénétique où l'on regrette amèrement la courte durée de ce titre.

Unidentified Dreaming Objects est un long titre qui fait un séduisant lien entre les ambiances de EXHIBITION OF DREAMS à l'album In Blue. Le débit reste vif avec des accords sonnant comme un faux clavecin qui servent de lit à un duel entre instruments à cordes; guitare et piano. Le synthé turlute des airs qui épousent la cadence vive et saccadée de ces 45 minutes. Certes, il y a une évolution rythmique qui donne des airs de freejazz improvisée avec de bonnes percussions, comme il y a ces moments moins animées qui respectent une structure plus encadrée et plus harmonieuse. J'ai eu une petite impatience ici, même si différentes dynamiques animent la longue ossature en mutation de Unidentified Dreaming Objects. Très différent de Silent Conversations, Silent Voices est une merveille de sollicitude et de solitude qui s'épanouit dans une vision de drame, d'intensité. Son ouverture respecte les limites harmoniques de l'album et progresse tranquillement vers une structure d'effets avec des accords de clavier cristallin qui succèdent à un sobre piano. La richesse de EXHIBITION OF DREAMS est cette invasion de tonalités très limpides, comme des glaçons de sons, dont ces merveilleuses percussions clopinant avec des sabots lumineux sur cette étrange harmonie d'une dualité entre la douceur et le rêve troublant. Un superbe titre dont les réminiscences traînent bien au-delà des rythmes désordonnés d'Out of the Dream. Un titre qui est aussi savoureux qu'un duel entre Steve Howe et Bill Bruford de Yes. Vous avez cette édition et vous hésitez à débourser quelques pesos sur cette nouvelle édition de EXHIBITION OF DREAMS? Outre le son qui est nettement plus fort avec un meilleur découpage entre les instruments, les rythmes et les ambiances, le 3ième CD contient de la nouvelle musique qui devrait vous intéresser. C'est du très beau Remy qui navigue confortablement sur toutes mers, autant sereines que mouvementées.

Metroid part cet objet de collection avec des flûtes de sarbacanes dont l'écho des souffles secs se colle à un synthé aux hésitantes ondes circulaires. Ces ondes dérivent vers le sol, telles des feuilles tombant d'un arbre, et résonnent parmi des accords de xylophones aux frappes toujours aussi nerveuses qui s'accouplent à des percussions de style tam-tam renforçant une cadence dont l'agitation baigne dans un mouvement stationnaire. La structure devient plus chaleureuse avec des couches flûtées qui s'enlacent à des souffles symphoniques sur une chaleureuse ligne de basse qui nuance subtilement son enveloppe rythmique. Plus sombre, poétique et énigmatique, Silent Voices Part II progresse à faible pas de loup sur une structure plus ambrée que sa grande sœur. Une douce rêverie sur synthé aux oniriques scintillements carillonnés. Des strates aux orchestrations denses qui cogitent sous des accords de pianos aux frappes lourdes, Waiting for Dusk nous emporte dans une nuit de songes tourmentées avec un piano puissant et ses notes pleurant sous les charmes violons chimériques. Ces envolées orchestrales prennent une tangente où le rêve fuit le cauchemar dans une sphère musicale remplie de mellotrons flûtés et d'accords des xylophone sur une structure troublée. Du drame musical! Après une finalité où la dualité des harmonies devient plus complexe, The Fields of Infinity rejoint sa première mouture dans une version complète du titre. The Cave nous plonge dans une ambiance velléitaire avec une approche plutôt intrigante. L'ambiance y est corrosive et trempe dans un monde d'éther où la folie noctambulisme nous guette à chaque sonorité hétéroclite. Un titre étrange qui cherche le confort auprès des esprits perdus. The Storm conclut ce très bon 3ième CD avec une longue procession minimalisme où l'intensité se déploie avec nuance, respectant les origines des œuvres de Klaus Schulze dans une longue structure évoluant avec aisance dont la principale ligne harmonique est le reflet de cette dualité entre le rêve et l'approche cauchemardesque qu'est EXHIBITION OF DREAMS.

Si vous avez déjà la première édition de 2 CD de cette œuvre qui deviendra intemporelle sachez que ce cd offert en bonus est tout une trouvaille. De même que ce son amélioré et mis à jour qui donne un second souffle à cette œuvre qui est devenue une superbe pièce d'anthologie dans le petit univers du Berlin School contemporain. C'est un album puissant qui marque son époque et qui y laissera ses traces pour des années à venir. Le son, les compositions, l'approche tantôt dramatique tantôt mélodieuse sur des structures à la fois minimalismes et décousues font de cette œuvre un monument musical qui explique à lui seul toute les beautés et subtilités de l'art de la MÉ.

Sylvain Lupari (29/04/10) *****

Disponible chez Desert Island Music

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