“Un très bon album avec une superbe qualité sonore et un excellent dosage d'émotions”
1 Nightmare Scenario 12:17
2 Viral Thoughts 7:28
3 The Killing Freedom 12:34
4 The God Money 16:18
5 After Two Years 12:27
(DDL 61:05)
(Cosmic, Ambient, Berlin School)
Nightmare Scenario nous convie à ce dernier ouvrage de Sensory ++ avec de lents mouvements ailés d'un synthé qui balaie l'horizon de nos oreilles avec une série de nappes orientées vers une approche profondément ambiante. Ces ondes tournoient comme l'œil d'un phare sonore décrivant ces grands arcs rotatoires comme une vague de sons nous enveloppant d'une tonalité unifiée entre une vision orchestrale et la singularité des effets de bourdonnements. Des effets de drones sonores. Comme un peintre mélangeant ses couleurs primaires, Joost Egelie modifie la texture de ses nappes pour insérer des éléments externes qu'on pourrait facilement interpréter comme une valse de baleines et baleineaux intersidéraux embrassant un désir de vivre perdu sur une autre planète. Bien appuyé sur ses 12 minutes, Nightmare Scenario évolue très lentement afin que nos oreilles puissent saisir une dimension sonore d'un bleu foncé qui irradie sur un noir ébène avec quelques filaments écarlates qui questionnent le jugement de notre ouïe. Conçu dans une balance adéquate entre la musique dite méditative cosmique et le mouvement minimaliste des rythmes de la Berlin School LESSONS IN HUMILITY nous convie à une autre histoire musicale ayant comme terrain de jeu la pandémie. Plus précisément, les réactions en chaine de la population face aux nouvelles règles dont les applications ont oublié la caractère profondément égoïste de l'être humain. Deux ans plus tard, ce nouveau mode de vie est encore un peu mal vécu, mais il fait partie de nos réflexes. Nous ne serons plus jamais les mêmes, alors que la MÉ de Sensory ++ compose avec les règles de son passé. La pandémie et ses périodes de confinement ont démontré un niveau d'anxiété généralisé à la grandeur de la planète. Et à Viral Thoughts de nous le rappeler avec une masse sonore radioactive dans un très bon titre ambient industriel. Des sons soufflés dans une flûte endommagée comme des accords gras sonnant comme des bourdons se fondent sur une fascinante texture où les oreilles perçoivent de lointains roulements de percussions dans un décor réunissant les essences de Soil Festivities et de Blade Runner, 2 albums phares de Vangelis. La structure sonore de ce titre est particulièrement efficace. C'est noir, sombre et très apocalyptique avec de belles trompettes annonciatrices de la colère des anges.
On peut les entendre hurler dans le fond de la paisible ouverture de The Killing Freedom. Des cris de son ouverture, la texture bourdonnante fait entendre une nappe de voix pensives. C'est alors qu'un mouvement circulaire du séquenceur mitraille de gauche à droite ces ambiances. Les séquences se suivent avec un gestuel spasmodique dans une faune sonore où le moindre bruit est beau. Le rythme prend la forme d'un très bon Berlin School avec un séquenceur en mode ascensionnel qui reconstruit son élan à l'intérieur de sa courbe giratoire. Le synthé injecte des nappes où la brume et les voix unissent leurs différends avant de laisser partir de beaux et bons solos lunaires dont le chloroforme fait dérailler ce rythme avec une ombre de bruits-blancs. Une course folle qui percute une bande de vents cosmiques et dont le fantôme se fait entendre derrière cette harpe venue de nulle part qui conduit The Killing Freedom vers sa finale. Plus long titre de LESSONS IN HUMILITY, The God Money se développe à partir d'une longue introduction lunaire avec des nappes de brouillard cosmique, de brume orchestrale et de voix absentes agrémentées par de délicates stries multicolores. La structure de rythme se dégêne à partir de la 6ième minute, offrant deux lignes d'ions sauteurs qui entremêlent leurs fils dans une forme de rodéo stationnaire. Des nappes orchestrales enveloppent ces ruades dont l'écho forme un mouvement minimaliste continu. Une ligne de basse-séquences et des lourds battements de percussions, qui font aussi rouler les tambours, augmentent la force de ce rythme que des nappes anesthésiantes tentent d'éteindre…en vain. Des chants spectraux du synthé ajoutent une touche harmonieuse dans cette structure qui modifie subtilement sa portée sonore autour de la 12ième minute. C'est du bon Berlin School qui flotte dans une enveloppe sonore cosmique et assez harmonieuse. After Two Years termine l'album avec de lentes nappes de synthé déployant d'oblongues ailes méditatives. Des ombres réverbérantes s'y collent alors que le clavier éparpille machinalement ses accords dans une forme de mélodie lunaire. Des orchestrations, des souffles sombres et ces jérémiades de fausses trompettes apocalyptiques ajoutent une texture dystopique à une finale cousue dans cet intérêt.
Un très bel album-téléchargement bien produit avec une étincelante qualité sonore et un excellent dosage au niveau des émotions, LESSONS IN HUMILITY de Sensory++ offre une parfaite balance entre ses panoramas d'ambiances cosmiques et ses rythmes minimalistes de la Berlin School. On connait la qualité des œuvres cosmiques de Joost Egelie qui amène l'auditeur ici dans les territoires de Particles et Planets, deux albums phares du musicien Belge.
Sylvain Lupari (01/03/22) ****¼*
Disponible au Sensory ++ Bandcamp
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