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  • Writer's pictureSylvain Lupari

STEPHEN PARSICK: Cryotainer- Music for Gasometers (2009) (FR)

Un album sombre et froid avec de belles envolées chaleureuses qui jettent un peu de soleil sur ce qui reste d'humanité de ce monde métallurgique

1 Idophonic Ambience 3:05

2 Density and Pressure 13:25

3 Lightwave (Dedicated to the memory of Susan Belling) 6:30

4 Natchmusik 4:30

5 Dark Gamelans 11:15

6 Cryotainer 9:50

7 Cold Burning 11:20

8 Luminous Gas 4:33

(DDL 64:00)

(Dark & Industrial Ambient music)

L'univers et la créativité artistique de Stephen Parsick sont très progressifs et aventureux. J'oserais même dire au-delà du conventionnel et des normes établies par des artistes tout aussi avant-gardistes. Le synthésiste Allemand ne craint pas les défis, poussant les limites de son imagination et de sa conception de la MÉ aussi loin que bien des imaginations peuvent le permettre. Le prix à payer reste l'anonymat de ses créations et du personnage. Pour le reste, ça nous appartient car nous savons que l'on pénètre une autre dimension. La sienne! CRYOTAINER-MUSIC FOR GASOMETERS est un autre obscur projet musical hors de l'ordinaire. C'est un concert dans une usine de fabrication de bidons à essence abandonnée et désaffectée avec une température de 6 degré Celsius. Un concept afin de dénoncer la pollution que peu d'artistes auraient osé faire. Il en résulte à une musique qui dépeint à merveille les ambiances d'une température glaciale dans un monde de tôle et d'acier, dont la moitié de ['ramp] dépeint avec une noire froideur les ambiances industrielles d’une usine fantôme. Un chantier qui a vu des hommes tomber et des hommes s'écorcher pour gagner un semblant de vie.

Une musique sombre empreinte de gaz sidérurgique émanant des vestiges fantomatiques d'une usine délabrée. Une froideur enveloppée de doux mouvements synthétisés, comme une lente symphonie agonisante sur la fin d'un monde prolétarien abusé et dévêtu de pouvoir. Et c'est pas parce que c'est sombre, noir et ambiant que ça ne vaut pas au moins une oreille. Bien au contraire. L'histoire de la conception artistique aidant, on suit à merveille l'odyssée métallurgique de son auteur. Idophonic Ambience nous trempe dans l'aciérie par une approche très réaliste avec des gouttes d'eau éparses qui suintent ici et là en étant enveloppées d'une fine onde synthétisée. Une onde qui n'emprisonne pas les chuchotements pieux d'une auditoire hardie et conquise qui entend cette lente ondulation sonore s'amplifier avec une lourdeur oblongue jusqu'à Density and Pressure. Un titre aux envolées métallisées sur des bruits fantômes d'une usine abandonnée, mais dont l'âme persiste à travers maints ébullitions et échappements des gaz. Tout au long Stephen Parsick surdimesionne la vétusté de ces lieux désaffectés avec une approche parfois dramatique, parfois silencieuse, mais très réaliste d'un univers en perdition. De lentes réverbérations s'enroulent et se déroulent dans une sphère glaciale que Parsick parvient à réchauffer avec de belles strates synthétisées qui enveloppent, tel un manteau, une froideur autant réelle que fictive. À ce niveau, Lightwave et Natchmusik sont superbes! Plus lourd et clairsemé d'étranges percussions surréalistes, Dark Gamelans ulule la souffrance d'un chantier gazier dont l'histoire reste secrètement partagée par les ouvriers partis on ne sait où. Une approche dramatique sur gros synthé tonitruant aux souffles linéaires et aux résonnances tactiles qui retrouvent une chaleur plus humaine sur la pièce titre. Alors que Cold Burning projette les seuls mouvements tempétueux et animés avec de lourds claquements, comme le bruit des marteaux et des masses qui déforment le métal en feuille. Un lourd héritage d'ouvrier qui se termine dans les cendres brumeuses de Luminous Gas.

Audacieusement atone et sans rythmes mais non dépourvu d'âme, CRYOTAINER-MUSIC FOR GASOMETERS est un album à l'image de la complexité du personnage qu'est Stephen Parsick. Un album sombre et froid et avec de belles envolées chaleureuses qui jettent un peu de soleil sur ce qui reste d'humanité de ce monde métallurgique.

Sylvain Lupari (20/10/09) ***½**

Disponible au [´ramp] Bandcamp

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