“Un CD plus orienté sur le Dark Ambient avec les empreintes audibles de Roach”
1 First Arrival 6:31
2 Drift Departure 21:20
3 Arc of Descent 11:21
4 Below the Twilight 16:05
5 Mariana's Reach 17:59
(CD/DDL 73:17)
(Dark Ambient Music)
C'est avec une ombre sonore naissant du vide et montant de l'Ouest que NAUTICAL TWILIGHT déploie ses multiples arcs sonores qui composent la grande surface de ses quelques 74 minutes. First Arrival laisse entendre une faune aviaire pépier dans les sillons arrondies des courbes sonores qui s'agglutinent en avançant vers les horizons. Elles se succèdent une onde après l'autre dans un contexte de musique d'ambiances ténébreuses à sortir de cette première collaboration entre Frank Beissel qui propose ses premières textures de musique atmosphérique à un Steve Roach toujours maître dans l'art de donner une profondeur à ce genre qu'il chérit depuis des lunes. Cette profondeur est nettement plus tangible dans élans sourds des ondes qui balaient nos oreilles dans le titre épique Drift Departure. Comme des ailes musicales, ces ondes volent en flottant et irradient une mélodie ambiante qui peu à peu obsèdent les sens. Exploitant ce filon mélodieux, les deux musiciens ajoutent des textures réverbérantes ainsi que des stries de synthé cuivrées qui approfondissent la dimension spectrale à cette odyssée sans vie rythmique qui fragilise son écosystème sonore autour de la 11ième minute lorsque la musique et ses réfractions arrivent à un point quasiment silencieux. Des tintements et des clapotis de riffs de synthé ornent ce court passage qui donne vie à une autre texture de musique atmosphérique où effets percussifs comme organiques sont propulsés par des ondes sonores dont les contours sont comme emmurés par de lointains chants de gorge. Disons que cette seconde partie de Drift Departure a de quoi nourrir l'imagination d'un insomniaque. Ces deux premiers titres de NAUTICAL TWILIGHT sont très représentatifs de ces 3 autres volets.
De ce que je comprends, Frank Beissel est un artiste américain résident au Nouveau-Mexique, qui émerge dans le sombre univers de la musique d'ambiances nocturnes. D'ailleurs, le gros de l'album, offert en CD comme en téléchargement sur le site Timeroom Edition, a été créé aux premières heures de l'aube ou au crépuscule. Et un titre comme Arc of Descent en est le parfait reflet avec ces arcs musicaux qui bercent un océan d'ombres sans cesse croissant. De mélodieux et musical, le titre se fond dans les noirceurs de la nuit où ses créatures peuvent prendre des formes aussi insaisissables que ces créatures sculptées dans les bourrasques des nuits de mystères du sud étasunien. On ne peut pas imaginer une tempête avalant la quiétude plus que dans ce titre. Les airs de mélodie fantôme de Arc of Descent alimentent aussi l'ouverture de Below the Twilight. Ils prennent des formes hululantes afin de percer cette muraille de plus en plus opaque de bourdonnements qui vont et viennent comme des vagues sans fin. Ils se transforment en murmures incandescents à mesure que ces vagues roulent avec des vents plus ardents, créant une symphonie spectrale qui n'a d'égal que ce regard de cet insomniaque qui scrute les horizons d'une nuit en territoire aussi hostile qu'inconnu. Sans rien ajouter de nouveau à cette première collaboration Beissel et Roach, Mariana's Reach termine NAUTICAL TWILIGHT par une symphonie de bourdonnements confrontée à une douceur qui s'amplifie par une chaleur des vents dorés par les premiers rayons de soleil.
Évidemment, le nom de Steve Roach attire la curiosité des oreilles habituées à son style de musique. C'est donc sans surprise que l'empreinte de l'icône américaine de musique ambiante s'entend à travers les compositions de Frank Beissel qui sont interprétées et enregistrées sur le principe de l'inspiration passagère. Donc en direct! Steve Roach et Howard Givens, de Spotted Peccary, ont mis la touche finale à cet album qui mérite autant de considération qu'une œuvre unique au musicien américain dans sa quête de musique d'ambiances nocturnes, un peu comme dans Streams and Currents en passant, et de ses tourments mis en musique.
Sylvain Lupari (25/05/22) ***½**
Disponible au Timeroom Direct Bandcamp
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