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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Steve Roach Tomorrow (2020) (FR)

Updated: Sep 20, 2022

Méfiez-vous si vous avez l'intention d'écouter ces rythmes dynamiques de A à Z, les tourbillons du séquenceur pourraient vous donner le vertige

1 Tomorrow 20:01

2 Optimal Being 24:16

3 Heartbreath 19:27

4 Spiral of Strength 7:34

5 A Different Today 11:55

(CD/LP/DDL 83:13)

(Driven Sequencer-based Berlin School)

Est-ce que Steve Roach est ce nouveau dieu moderne? Celui avec qui sa musique peut rejoindre des millions d'âmes à travers les apôtres du numérique, les réseaux sociaux? Toujours est-il que notre ami Steve sait parler au peuple consommateur de MÉ, comme méditative ou encore ce cher New Age progressif qui horripile (quels sont les raisons?) la masse élitiste. Faut savoir lire entre les lignes et écouter ce qu'il a composé pour nous. Après un album d'une piété astrale intelligemment reposante en A Soul Ascends, voilà que celui qui visite le style Berlin School pour s'en détacher et revenir quand bon lui semble, et ce sans perdre une note, revient au style de ses premières amours. On peut faire dire bien des choses au mot TOMORROW. Ça peut-être aussi simple que demain est un autre jour! Comme encore, soyons positif car le meilleur est devant nous. Ou encore le jour d'après avoir dû reporter son concert à New-York, en Mars dernier, en raison du confinement où tout a débouler dans l'esprit créatif de celui qui nous a donné l'immortel Structures from Silence. Et pourquoi pas une amalgame de toutes les combinaisons possible liées à TOMORROW, comme Steve le fait avec la très grande diversité de son séquenceur ici? Voilà un autre petit bijou qui s'ajoute à cette liste de chef-d'œuvres que l'ami Steve dépose ici et là, au fil des ans. Mais attention, il se pourrait que vos oreilles trahissent cette impression par une écoute active des 4 côtés de ce double-album vinyle. Moi je conseillerais un album, ou un CD à la fois. Peu importe, chaque titre ici a ce petit quelque chose qui attise notre obsession.

Tout a débuté avec la composition de la pièce-titre qui a suivi cette annulation et qui a aussi précédé la composition d'un album sur le coup de cette émotion de frustration, sans penser au lendemain. La frustration n'étant pas trop loin de la colère, les tintements successifs des clochettes astrales se bousculent pour s'attacher à ces nappes morphiques qui dominent les espaces d'ambiances de Steve Roach. À faible volume, nos sens s'apaisent alors qu'à haut volume, ils s'excitent. C'est la magie Steve Roach! Tomorrow est constitué d'une armée d'ions sauteurs cristallins qui avancent avec une vive alternance par ligne successive. Par rang! Chacun avec son intonation et son flux rythmique qui est plus ou moins semblable. C'est cette espace entre les rangs, invisible à l'oreille mais non au niveau de la perception, qui départage la progression rythmique avec des mouvements en canon musical qui me font penser à ces impulsions muettes qui propulsaient les rythmes séquencés de Richard Pinhas dans sa période Iceland à L'Éthique. Et ça s'installe assez tôt dans Tomorrow lorsque les tintements limpides des clochettes synchronisées font place à des élans implosifs d'une ligne de basse-séquences qui avance à pas décidée dans la chronologie rythmique de TOMORROW. Le rythme ainsi programmé évolue entre de splendides phases purement ambiantes où les intonations des brumes deviennent des orchestrations ficelées par une armada de violons qui servent de ponts entre la vivacité des élans du séquenceur dont les espaces sont maintenant mieux définis dans nos oreilles. Comme un grand sourcier des sons, Steve insère ses émotions qui se traduisent ici par des basses-séquences qui accélèrent une cadence soutenue et profite de chaque micro-opportunité par faire évoluer ces clochettes pimpantes qui se greffent à l'entre-deux, là où les basses séquences sont le reflet de ces nouvelles implosions. Superbement magnétisant, ce long titre de 21 minutes est un tour de force sur l'art minimaliste et cette nécessité de survivre par enchantement en jouant avec les dosages et les couleurs. À juste titre, Tomorrow n'a pas volé l'expression pur chef-d'œuvre. Point!

Et comment survivre à un titre d’une telle ampleur? Optimal Being a beau travailler fort sauf que limité au seul charme d'un séquenceur hyperactif, il perd de beaux atouts. Mais si on aime le séquenceur, nos oreilles seront ravies d'entendre ce rythme vif qui est ceinturé par des attaques d'éléments organiques. Un rythme où son concepteur jongle avec ses sauts en libérant des ions sauteurs qui mordent dans l'indiscipline. Le séquenceur multiplie les sauts de ses ions qui empruntent différentes couleurs tonales sur une autre ligne du séquenceur roulant comme un train fou dans les sortilèges panoramiques du musicien Arizonien. Les premières minutes sont stériles au niveau surprises. Il n'y a pas de sourdes implosions, ni de ces basse-séquences qui découpaient les attaques rythmiques dans Tomorrow. Tout tourne autour de la limpidité des séquences qui empruntent différentes avenues rythmiques tout en étant cerné par une vision plus acoustique, comme cette longue phase où le séquenceur est laissé seul dans le berceau d'une créativité rendue au plus simpliste. C'est suite à cette phase que les choses changent. De nouvelles intonations redonnent vie à Optimal Being alors que les basses implosions restent sous sa course dépareillée. Ce faisant, nous avons l'impression d'entendre un clavier performer du Honky-Tonk alors que doucement, la musique rythmique nous réserve un des plus beaux moments de cet album. Une phase iconique avec des envolées intenses et dramatiques qui ne sont pas sans rappeler cet univers des rythmes tortueux du séquenceur tel que vu par Chris Franke du temps de Tangerine Dream des années vintage. Optimal Being! Un titre qui demande beaucoup d'amour et de patience afin de découvrir toutes ces subtilités qui en feront pour vous aussi un des bons titres de Steve Roach. HeartBreath nous arrive dans les cendres musicales de Optimal Being. Il y a combat entre lignes et nappes de synthé valsant tant bien que mal dans une phase avalée par des réverbérations grondantes. Le décor nous ramène aux premières années du musicien américain, alors qu'il flirtait avec les spectres des déserts de l'Arizona. Ce long mouvement délaisse la dureté des séquenceurs des deux premiers titres pour explorer ces rythmes ambiants de la période Structures from Silence à Dreamtime Return, sans oublier les textures paranormales et intrusives de Western Spaces et Desert Solitaire. Les wooshh inondent nos sens avec de lents mouvements oscillatoires alors que subtilement, HeartBreath nous ramène aux sources du sublime Structures from Silence.

À ce stade, j'ai les jambes sciées! Conçu pour remplir 4 faces d'un double-album vinyle, TOMORROW a une dernière face à nous montrer. Face D! Spiral of Strength se sert des nappes chloroformiques de Hearthbreath pour structurer un rythme arquer comme de multiples rodéos sur une autoroute d'asphalte chauffée à blanc par les torrides rayons de soleil dans la Vallée de la Mort. Donc, un rythme rebelle courant à bride abattue dans un dysfonctionnement cyclique où la vitesse du séquenceur et la lenteur des nappes de synthé orchestre un fléau qui magnétise une écoute passive pour un gros 7 minutes sans répit. Un répit non-accordé aussi par la structure bondissante de A Different Today. Nous sommes dans l'antre de Empetus avec ce mouvement énergique de va-et-vient continuel et tempétueux du séquenceur et de son axe robotique de carrousel harmonique-rythmique. Si ça fait 75 minutes que nos oreilles baignent dans la marmite rythmique, on peut manquer de souffle, comme d'intérêt pour entendre les fines nuances moduler les délicats changements de rythme qui finit toujours par rester prisonnier de son carcan que seul Steve Roach sait comment apaiser cette invasion inattendue des nappes morphiques qui soufflent la sérénité sur l'appréhendée explosion rythmique de A Different Today. Les 3 prochaines minutes du titre et de TOMORROW appartiennent à cette douceur réinvitée et réincarnée par le savoir-faire et la créativité d’un musicien qui après près de 40 ans de carrière et plus de 170 albums originaux plus loin réussit toujours à nous ensorceler et subjuguer dans ses analyses musicales toujours très pertinentes.

Sylvain Lupari (10/11/20) *****

Disponible chez Projekt Records Bandcamp

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