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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Syndromeda Inside the Mental Hospital (2023) (FR)

C'est un album tellement audacieux qu'il mérite ses 5 étoiles

CD1

1 Welcome to the Asylum 6:56

2 A serious nervous Breakdown 9:23

3 A Huge Leap Forward 11:33

4 Pills of Pleasure 9:14

5 Going on the Stream 7:16

6 There's always that kind of Chaos in my Head 11:54

7 There's no Way Out! 14:07

CD2

8 A Delicate Equilibrium 5:52


9 Behind the Closed Doors of the

Padded Room 14:57

10 The Room of Lost Dreams 10:08

11 Le Malade Imaginaire 7:21

12 The Clock keeps Ticking 6:40

13 The Reversed Anomaly 7:47

14 Voices in my head 7:50

15 Fear of what's coming 9:37

(DDL/CD-(r) 120:41)

(Dark Ambient Berlin School)

Ne vous inquiétez pas, Syndromeda n'a pas fait un séjour dans un hôpital psychiatrique. Et pourtant, à entendre les ambiances de INSIDE THE MENTAL HOSPITAL on serait porté à croire que oui. Mais non! Danny Budts va très bien! Il s'est attaqué à un sujet aussi macabre que réel en construisant un genre d'opéra électronique. Remplaçons les voix par les nombreux effets de synthé, genres drones, vents noirs, brises caverneuses, mugissements de paranoïa, nappes de voix tantôt chtoniennes et tantôt séraphiques ainsi que cette armada d'effets sonores typiques à l'univers para psychédéliques du musicien-synthésiste Belge et nous avons là les ingrédients qui nous vissent les oreilles à de nombreux endroits d'une institution où nos pieds refusent d'entrer. Ajoutons à cela des rythmes ambiants, circulaires, lourds et entraînants, du Berlin School quoi, sur des patterns de séquenceur qui utilise abondamment la technique du cliquet (l'effet de dribblage des séquences) tout en jouant sur de bonnes fluctuations et sur les contrastes de ses couleurs et nous avons là la recette idéale pour attirer l'amateur de musique électronique (MÉ) en nous. Et par-dessus tout ça, invitons des amis de Syndromeda à coécrire quelques-unes de ses compositions et nous avons au final un solide album de MÉ progressive tissée dans la hantise des institutions pour déficients mentaux.

C'est une onde de synthé aux ambiances affolantes et dont les torsades défilent par saccades qui initie Welcome to the Asylum. Inutile de préciser que ces ambiances dépeignent très bien le réalisme du titre. Hormis les brouhahas de bruits et les feulements entre les cordes des orchestrations, des nappes de voix dominées s'élèvent de ces ambiances. En fait, la musique nous plonge littéralement dans cette vision sans couleurs, de noir et blanc, avec une prise de vue mentale qui sillonne des couloirs sombres où des bruits étranges proviennent derrière les portes closes. A serious nervous Breakdown propose aussi son lot d'ambiances ténébreuses qui sont composées de vents et de bourdonnements. Le clavier libère des arpèges en verre. Leurs tintements stigmatisent une mélodie en cristal dont le timbre irradie en symbiose avec les bourdonnements. Les tintements flottants me font penser à une version du thème Halloween, pour le timbre et non pour l'élan harmonique. Ils se greffent à un mouvement de rythme ambiant poussé par des accords graves qui sautillent dans le vide, comme les tintements d'ailleurs, structurant une structure nerveuse et chevrotante qui accélère le rythme de la mélodie. Les bourdonnements creux des vents sombres qui avalent ces miroitements suspendus dans la finale confirment que nos oreilles errent effectivement dans une lourde ambiance plus sordide que ténébreuse par endroits dans l'album. C'est un impressionnant concerto de tic-tacs qui attend nos oreilles en ouverture de A Huge Leap Forward. L'aspect résonnance de ces tic-tacs lui donnent une texture légèrement percussive, alors que leur vitesse amène une vision d'horloges qui battent furieusement hors de leur temps. Des carillons à la Pink Floyd, pensons au titre Time, en émergent après les 60 secondes, amenant une immense nappe de voix chtoniennes et de soupirs d'orgue des ténèbres à sortir des abysses. Les orchestrations sont noires et envahissantes. Les pépiements électroniques et confettis sonores uniques à l'esthétisme musical de Danny Budts pigmentent les ambiances, ici comme ailleurs dans INSIDE THE MENTAL HOSPITAL. Nous sommes dans du ambiant ténébreux lourd avec ces nappes de voix monastiques et lucifériennes jusqu'à ce qu'une ligne de basses séquences pulse et résonne pour un rythme qui va et vient pour finalement entreprendre une démarche zigzagante. Le séquenceur tisse alors une ligne de rythme mélodique avec des arpèges limpides qui gambadent et trébuchent dans un délicieux effet de dribblage, le cliquet, sur ce mouvement hésitant qui par moment fait dans le très Tangerine Dream. À tout le moins pour le jeu du séquenceur. Pills of Pleasure se développe avec un rythme délicat qui palpite et sautille sous des nappes de voix plus angélique. Le titre exploite à merveille les différentes textures de ces voix qui peuvent être aussi caverneuses et ténébreuses que séraphiques. Angélique est aussi cette mélodie éthérée qui est lancée par un synthé dont le délicat parfum de flûte méditative fait contraste avec les drones, les différents effets sonores et les gazouillis psychédéliques. Le rythme, segmenté en plusieurs endroits par des phases d'ambiances plus ténébreuses, reste toujours en mode ascensionnel et exploite des timbres plus graves, donnant ainsi l'effet de vélocité passagère. Disons que l'aspect poétique de Micado, autant dans les séquences que les ambiances, et la vision ténébreuse de Syndromeda se complètent à merveille dans ce titre qu'on découvre et qui séduit toujours un peu plus à chaque nouvelle écoute. Aussi un très beau et bon titre, Going on the Stream suit avec un rythme lourd et circulaire qui est cerné par de bons solos de synthé et orné de bons effets sonores qui ont une texture plus organique. There's always that kind of Chaos in my Head fait très musique cinématographique, ambiances et rythme pulsatoire espacé, du style du Dream. Le débit du rythme devient fluide et spasmodique sous un environnement dominé par des vents, des ondes de synthé et des ululements bizarroïdes. Il y a une tension très palpable dans l'évolution du titre qui s'approche du genre film d'horreur surnaturelle. Une onde réverbérante et des gouttes d'eau rebondissant dans notre tête font surgir une voix à travers un vocodeur en ouverture de There's no Way Out!. Le rythme qui suit est pulsatoire, alors que les ambiances se remplissent de crissements de frayeur et de cette voix qui se dilue dans l'inconnu. Les pulsations sont espacées et sont rattachées par ces long filaments et torsades d'ondes de synthé sculptées dans un genre de démence apprivoisée. Le rythme électronique devient plus entrainant après la 5ième minute et Syndromeda étale tout son savoir en manipulant un séquenceur qui remplit nos oreilles de délices avec des séquences qui font des acrobaties rythmiques afin de soutenir de très bons solos de synthé et ces longs filaments torsadés, la tonalité reste toujours très près des années métalliques du Dream, qui font du slalom au-dessus de claquements percussifs parfois bruyants et parfois moins tapageurs.

A Delicate Equilibrium est le premier titre du second CD. Il est dans la plus pure tradition Syndromeda avec ses brises creuses et son rythme pulsatoire qui avance à tâtons. Il décrit des cercles avec sa démarche sournoise pour se développer encore plus avec l'apparition de son reflet rythmique argenté et aussi plus harmonique. Ces séquences éclatantes d'une nouvelle luminosité structurent un rythme qui sautille sur les vibrations résonnantes du sournois mouvement des basses séquences. Le synthé multiplie les jets aux harmonies sibyllines et en même temps inspirées par le Moyen-Orient, alors que A Delicate Equilibrium devient un très bon rock électronique avec l'arrivée des percussions. Ululements d'âmes perdues et vents ténébreux sont les principales sources du très atmosphérique Behind the Closed Doors of the Padded Room. Nous sommes dans l'épouvante le plus pur avec une bonne dose d'effets sonores liés au genre, des battements fantômes (est-ce mon imagination?) et des orchestrations qui donnent de l'effet et font pousser la chair de poule. The Room of Lost Dreams est un peu dans le même genre. Le titre possède une texture plus industrielle avec des ondes de synthé sifflantes et d'autres plus sombres, ainsi que des mugissements intrigants. C'est un festival de séquences qui attend nos oreilles avec Le Malade Imaginaire. Il y a profusion d'arpèges séquencés qui brillent dans ce ballet mirifique où se greffe un délicieux mouvement de cliquet du séquenceur. Une voix de déesse astrale recouvre cette chorégraphie de séquences miroitantes qui prend une tangente plus luciférienne avec l'arrivée d'accords plus résonnant autour de la 3ième minute qui texturent une mélodie processionnelle du genre Fantôme de l'Opéra. Très beau! The Clock keeps Ticking est un bon Berlin School ténébreux qui débute avec des lignes réverbérantes sur des élans de rythme qui avancent et reculent avec son lot de séquences résonnantes dont les doubles se détachent afin de créer un effet de rythme mélodique miroitant. The Reversed Anomaly propose un rythme stationnaire avec des séquences qui sautent une après l'autre dans une structure minimaliste qui sert d'ancrage pour de nombreux solos de synthé aux teintes fantomatiques. Ces solos nourrissent le ciel ombragé de Voices in my head qui, après une ouverture centrée sur de la brume qui envahit le cerveau, s'attache à un solide rock électronique. Un très bon titre qui me fait penser un peu à du Jean-Michel Jarre et son album Equinoxe Infinity au niveau des arrangements et de l'intensité dans l'évolution de son enveloppe musicale. C'est dans une ambiance de terreur progressive que Fear of what's coming amorce la finale de ce puissant album de Syndromeda. Ces ondes initiales flottent et rampent dans le vide, comme une paire d'ailes d'une emprise démonique. Ces ondes fournissent de bons solos aux harmonies torsadée alors que le rythme se développe avec une suite de pulsations soutenues des séquences qui sautillent vivement dans une longue phase linéaire. Ce rythme s'évapore un peu avant la 7ième minute, plongeant ce dernier titre de INSIDE THE MENTAL HOSPITAL dans les lourdes ambiances ténébreuses qui conviennent autant au titre qu'à l'ensemble de ce double-album réalisé sur le label Allemand SynGate.

Ne tombe pas instantanément sous les charmes de Syndromeda qui veut! Son univers est sombre et souvent ténébreux et est aussi conçu dans une vision de MÉ progressive où les structures de rythme ronflent en attendant l'occasion propice pour exploser. Sauf que c'est différent avec INSIDE THE MENTAL HOSPITAL. Je ne sais pas si les amis de Danny Budts y sont pour quelque chose, mais il y a une profondeur unique dans son double-album. La sensibilité du sujet épouse à merveille ses ambiances alors que les rythmes y sont plus dominants ici qu'ailleurs dans les albums du synthésiste Belge. Il y a toujours des passages un peu plus complexes, je pense entres autres à Behind the Closed Doors of the Padded Room et The Room of Lost Dreams. Quoique ces 2 titres coulent avec aisance là où ils sont situés. Le reste est de la pure magie! Vu le sujet et les ambiances très réalistes qui le ceinturent, il n'y a pas de doute dans mon esprit, c'est le meilleur opus que Syndromeda a apporté à mes oreilles depuis que je suis devenu un de ses fans il y a près de 25 ans. Audacieux, comme les 5 étoiles que je lui donne!

Sylvain Lupari (28/07/23) *****

Disponible au SynGate Bandcamp

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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