“Un superbe album qui nous enchante encore plus à chaque nouvel écoute. Le vrai plaisir de tout mélomane”
1 Terminae 6:10
2 Asteria 4:50
3 Europa Prime 10:18
4 Pharos 8:56
5 Megalith 6:04
6 Quantum Mirror 9:42
7 Hyperion Gate 7:02
8 N23 5:18
(DDL 58:50)
(Psybient, Berlin School)
Après un album plutôt tiède, Beholder réalisé deux ans plus tôt, Transponder revient avec ce que j'appelle un album sans bavures qui répond vraiment aux attentes que je m'étais fixé après avoir entendu Starless. HYPERION GATE nous attire dans un univers de psybient où pousse une végétation tonale qui est victime de croisement qui la rend non seulement luxuriante au niveau sonore mais aussi unique par sa couleur rougeâtre que l'on peut nettement sentir au travers nos enceintes acoustiques, comme des écouteurs. Mais le plus étonnant est cette texture musicale qui fait très Tangerine Dream circulant parmi des ambiances qui prennent par moments les spectres musicaux du célèbre trio Allemand. Bref, ce que nous avons ici est un ingénieux mélange des univers cinématographiques de Edgar Froese et cie à des ambiances que le Dream a tâtonner un peu avec Mars Polaris. Un superbe album qui nous enchante encore plus à chaque nouvel écoute. Le vrai plaisir de tout mélomane.
Deux souffles; un bourdonnement et une voix fragile, sont à l'origine de Terminae dont la première explosion, suivie d'une ligne de basse rampante, nous plonge dans un univers cinématographique où de grosses machines de guerre d'extraterrestres s'amusent à décimer la Terre. On entend les jets tueurs sortir de ces machines, comme on entend cette séquence sournoise ourlée tout autour. Les ingrédients sont ajoutés, il ne reste plus qu'à faire lever le tout. Une fois notre imagination ramenée à de justes proportions, on découvre un genre de Groove morphique. Un rythme ambiant où nos genoux usent le sol dans un espace rempli d'arpèges flottant qui pétillent entre les lentes pulsations agonisantes de cette fameuse ligne de basse qui est l'ascendant rythmique de Terminae. Et si on aime ces effets de percussions bombées de gaz anesthésiant, vos oreilles seront choyées dans ce titre. Ces ambiances d'extinction d'une race sont aussi à la grandeur de ce second album du duo Transponder où chaque titre est garni de brume oxydée et d'explosions feutrées. Une pulsation s'impatiente dans l'ouverture de Asteria, un titre qui privilégie un rythme ambiant. Chassant ces nappes d'acier bleuté, elle réussit à réunir de ses semblables pour installer un rythme pilonnant comme un tic-tac qui magnétise nos charmes plus profondément avec l'ajout des cliquetis des cymbales. Une courte ligne émerge de ce panorama circadien. Traçant ses sillons plus harmoniques, elle multiplie son ombre qui vont et viennent, comme pour signifier que la vie existe à l'intérieur de Asteria, alors que le rythme accélère subtillement la cadence lorsqu'il passe sous un pont allégorique envahit de brume soporifique et d'artifices sonores. Une tempête horizontale bouscule des vents nordiques qui sifflent entre nos oreilles. Europa Prime accoste celles-ci en installant un battement fatigué qui vous fera penser à Tangram. Mirifique, le séquenceur fait dribbler ses ions sauteurs avec une zeste de créativité qui dépasse les normes établis du milieu. Des parfums de violon recouvrent ce tic-tac non-conventionnel dans une phase de rythme qui défie non seulement notre imagination, mais aussi nos souvenirs. Alors que ce rythme semble diminuer, il exporte sa violence avec une telle force que mes haut-parleurs furent les seuls témoins de mon sursaut. Cette nouvelle force déballe le secret avec une ligne de séquences qui s’entortille autour d’un tic-tac mécanique. Les ombres et zones bourdonnantes du synthé injectent une ambiance chtonienne à Europa Prime, mettant encore plus de fuel orgasmique dans mes oreilles. Un grand titre dans un album qui n'arrête pas d'étonner de titre en titre.
Même Pharos, son rythme chétif et squelettique défiant ces gros bourdonnements qui nourrissent les secteurs de HYPERION GATE, me paraît hors norme. Ce titre est un beau défi pour mes Totem avec la limpidité des arpèges qui arpentent un chemin tortueux avec une vision harmonieuse qui se balance entre son rythme et sa mélodie sur une terre de feu. Malgré les intempéries, ce rythme cinglant pour les ambiances reste debout avançant comme un homme de foi vers une berceuse pour bébé aliens. Châtiant, Megalith avance à tâtons entre les diverses explosions et les résonnances qui en font son berceau. Des lignes rougeâtres lézardent les ambiances, laissant entendre une ligne de rythme se balançant comme une jambe suspendue dans le vide. Tôt, ce mouvement s'accélère, quittant son nid vermillon pour entreprendre une marche vers ces terres de feu qui éteignent toute vie en nourrissant les ambiances. Cette ligne suit un parcours irrégulier en zigzagant comme pour éviter les crocs de ces ambiances dont un bon pourcentage est organique. Il y a un peu de Edgar Froese dans ce titre. Dans sa structure évolutive, Quantum Mirror est le titre qui est le plus près de Tangerine Dream dans le second album du duo Steve Pierce et Don Tyler. Tant à dire pour si peu de mots, j'ai inséré le lien YouTube dans le texte pour vous faire une tête. Un excellent titre évolutif qui fait dans le meilleur des titres de TD. Je pense à la période Flashpoint ici. La pièce-titre épuise ses larmoiements dans un ouverture catastrophique à la Vangelis. Un rythme sautillant fragilement s'en échappe un peu avant la 3ième minute. Un peu comme dans Megalith, son parcours est aussi délicat que son apparence, alors que les gaz sonores excavent sa sinueuse route. Mais le mouvement du séquenceur reste solide avec de bons arpèges qui non seulement battent une mesure anfractueuse mais attire aussi des chants de synthé flutés. Un peu comme des centaures voulant guider Hyperion Gate, ils tissent une finale où l'exploration sonore reste notre seul plaisir. N23 est un titre en bonus qui était exclusif à l'univers Bandcamp avant la réalisation de HYPERION GATE. Du plaisir si vous aimez ça lorsque ça bourdonne à en plus finir! C'est un peu comme une orchestre harmonisant ses instruments, mais à l'intérieur d'une caverne et de ses effets sonores organiques. Disons que ça a sa place ici et que ça complète bien les ambiances ténébreuses de cet album de Transponder qui m'en a mis plein les oreilles. Du début jusqu'à la dernière note!
Sylvain Lupari (27/11/20) ****½*
Disponible chez Exosphere Bandcamp
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