top of page
Writer's pictureSylvain Lupari

VLAD NEDELIN: Postante (2015) (FR)

Postante est une belle surprise chargée d'ambiances industrielles qui a cette particularité indéniable de nous amener ailleurs

1 Totally Ripe 10:23 2 Nothing Disappears 4:36 3 Post Meridiem 7:03 4 Yet to Be Told 7:17 5 An Isle 6:32 6 Through the Tunnel 5:07 7 Temporary Residence 3:30 8 Ante Meridiem 1:21 9 Untouched 8:05 VN Music| VN001CD

(CD 53:54) (Ambient and industrial music)

Voilà un intéressant album pour ceux qui aiment une MÉ plus ou moins ambiosphérique mais d'un genre psybient. Vlad Nedelin est un percussionniste de Jazz natif de Russie qui a installé ses pénates à Stockholm, Suède. Membre du quartet de Jazz Nybakat! et producteur/compositeur, il signe ici un premier album solo doté d'un surprenant esthétisme sonore. POSTANTE est un intéressant voyage au pays de la musique sans frontières. Les thèmes ici sont très cinématographiques et épousent un peu cette image de la pochette où on distingue une grande tour au beau milieu de nulle part, si ce n'est que d'un océan à cause de cette relation avec les quantités de bruits d'eau qui ceinturent ses 9. Et l'approche de Vlad Nedelin est très industrielle avec une pléthore de bruits de métal, de lents wooshh spectraux, des glitches, une interminable pluie et des pas qui résonnent sur un carrelage de tôle, un peu comme si nous étions à l'intérieur d'un sous-marin. Le compositeur et arrangeur suédo-russe tisse ici des ambiances plus près de l'agoraphobie dans un panorama sonique qui flirte entre Blade Runner et The City par Vangelis.

Totally Ripe débute cette aventure avec une onde dont les caresses ondoyantes planent au-dessus d'une faune gorgée de bruits et de cliquetis métalliques. Des crissements de métal hurlent alors que des percussions échappent des battements et des tambourinements de bruits blancs aléatoires. Une lourde ligne de basse étend une menace qui lentement se structure en une forme de rythme. Totally Ripe devient un genre de down-tempo industriel très mou où les cliquetis et les percussions tentent de forcer un rythme qui reste flottant et dont le crescendo dramatique instaure peu à peu ce climat de claustrophobie qui règne autour du thème de l'album. Et tout de go, l'auditeur sera très attiré par cette pléthore de bruits qui est subdivisée en multiples couches d'ambiances, faisant irradier la fascination de cette œuvre de Vlad Nedelin. Cette ligne de basse vampirique étend ses menaces dans Nothing Disappears, un titre très ambiant sombre avec une approche très dramatique, dont les lignes de synthé noires, et ses chants de spectres, ainsi que des accords, qui sonnent comme une guitare dans The Cure, nous font plonger dans les mystères de cette tour noir érigée au milieu de nul part. Ses souffles maritimes nous guide vers le ténébreux Post Meridiem et sa pluie plastifiée qui crépite dans une ambiance post-apocalyptique hors du commun. De longs drones et des ronronnements de machine peuvent engendrer dans une bonne imagination ces machines dans Terminator qui étaient à la recherche d'humains. Intense, Post Meridiem est sans contredit le titre le plus cinématographique et le plus inconfortable que j'ai entendu depuis quelques temps. J'aime la façon que Vlad Nedelin s'y prend pour créer l'illusion d'un rythme à partir des gouttes d'eau qui semblent suinter d'un univers emmuré dans les ténèbres. Yet to Be Told éclaircit un peu ces obscurités avec une approche plus translucide où peu à peu un genre de rythme tribal amérindien prend forme avec des pulsations et des percussions qui accélèrent la cadence autour d'harmonies sculptées dans l'improbable. Les percussions étendent des roulements, amenant Yet to Be Told vers un rythme soutenu où un chorégraphe aurait fort à faire afin d'y imaginer une danse. Mais c'est faisable!

An Isle est un long titre ambiant avec des battements qui étendent leurs ombres dans les murmures de vents sombres. On y entend des bruissements et des portes de métal grincher, ainsi que des cliquetis qui piétinent comme des pas de souris. L'effet dans nos oreilles est comme se sentir trappé à l'intérieur d'une écoutille de sous-marin. Les ambiances augmentent en un crescendo noir pour plonger dans le rythme vif et syncopé de Through the Tunnel où on a l'impression de courir à perdre haleine afin de fuir l'ambiance claustrophobique de An Isle. Le souci du détail ici est étonnant avec une structure qui s'apparente à du Ambient House mais avec un tempo plus saccadé. Un tempo noué avec des oscillations vives qui bondissent sur un superbe maillage de percussions aux frappes et aux tonalités d'une disparité qui enchante. La mélodie qui y flotte ressemble à des halètements musicaux qui finissent par s'évanouir dans une finale qui se fond aux délicates ambiances morphiques de Temporary Residence où une chorale de jeunes vierges fredonnent sur des accords qui bondissent en prenant soin de loger un ver-d'oreille dans notre quête de curiosité sonique. Après les vents creux qui font dégouliner les bruines des cavernes dans Ante Meridiem, Untouched termine POSTANTE avec les ombres de carillons qui étendent leur aura métallique parmi les vents creux et les bruissements. De fines lignes plus irisées flottent ici et là, concourant la froideur métallique des drones et de cette chorale spectrale qui erre autant que ses murmures dans un coin perdu de l'univers où les tintements et la pluie n'arrêtent pas de résonner sur un pavé d'acier.

Entre la musique concrète, la musique de film, la musique abstraite et la musique d'ambiances, POSTANTE réussit à faire sa niche à cause de ses structures de rythmes qui viennent d'un autre univers. Il y a une masse dramatique derrière cette musique qui fascine et qui allume l'imagination tout en émerveillant ce sens si précieux aux amateurs de sons et de tons. C'est un bel album. Étrange certes, mais qui a la particularité de nous amener ailleurs.

Sylvain Lupari (10 mars 2016) *****

Disponible sur CD Baby

29 views0 comments

Comments


bottom of page