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  • Writer's pictureSylvain Lupari

YAREK: Berlin Ratusz (2014) (FR)

Electronica et World Music pris au piège dans le Berlin School; c'est le menu de Berlin Ratusz qui est aussi bon que Last Train to Berlin

1 Minaret 9:03

2 Ultrabas 4:37

3 Black Water 6:19

4 Carima 4:19

5 Dream 4:09

6 Ocean 4:27

7 Imagination 4:33

8 Moon Walk 2:53

9 Nostalgia 4:29

10 Serce Lasu 4:24

(CD 49:12)

(Electronica and World Music)

Voici un parfait exemple d'un album qu'il faut écouter bien attentivement avant de jeter aux orties. Pas que BERLIN RATUSZ soit difficile d'accès. Bien au contraire. Fidèle à son style, Jarosław Degórski propose un large éventail musical avec une vision d'une Électronica plus pondérée qui bouillonne dans un délicat soupçon de la Berlin School et de ces couches de synthé flottantes qui s'entrelacent à de délicats arrangements orchestraux et des murmures de Trolls. Et lorsque le tout est teinté par des arômes oniriques du monde d'Aladin, cela ne peut donner qu'un résultat qui surpasse l'attendu. On a aimé Last Train to Berlin? On aimera cet album qui a sans doute influencé quelques phases ici.

Et ça démarre sur des chapeaux de roues. Un mélange de souffles et de bourdonnements, qui rappellent les inconfortables tonalités de gigantesques Trolls sur un pied de guerre, balaient l'introduction de Minaret. Les pépiements d'une ligne de séquences aux ions organiques oscillent vivement. On dirait une étrange chevauchée dans des territoires irréels. Surtout avec ces nappes de voix grégoriennes et ces ondes vampiriques qui sillonnent et enveloppent un rythme qui prend de plus en plus de tonus avec l'ajout de gros riffs nasillards et de percussions électroniques qui jumellent ses frappes à une horde de séquences papillonnantes. Le rythme est lourd et incisif. Très à l'image de ce que nous entendrons sur cet album, ses saccades sont emportées par un savoureux mélange d'ambiances sibyllines où les voix éraillées fredonnent des airs noires. Les riffs déferlent en mode continu et mordent les battements fébriles des percussions électroniques alors que les séquences continuent d'osciller violemment. Hormis les riffs affamés la guitare électronique lance des beaux solos, attendrissant quelque peu la violence du mouvement qui réfute les brèves caresses de voix plus séraphiques et la quiétude d'un court passage plus tempéré. C'est avec un rock électronique pur et dur, trempé dans des ambiances méphistophéliques et cerné d'un voile électronique aux milles plaisirs auditifs, que Jaroslaw Degorski convient les spectateurs à une messe électronique riche en couleurs soniques pour ce concert performé au Rathaus Schöneberg dans le cadre du 40ième anniversaire de la Berlin School.

Sauf que malgré l'évènement, BERLIN RATUSZ a très peu à voir avec le genre Berlin School. Mis à part les couches de synthé ambiosphériques qui enserrent une pléiade de rythmes très près de l'Électronica, la musique resplendit dans un genre de créneau de la Word Music apprêtée dans une sauce technoïde. Boum-Boum ça fesse, flap-flap ça caresse. Si Minaret trône en maître absolu sur cette collection de titres qui en déroutera plus d'un, Ultrabas n'est pas trop loin derrière. Le rythme est sec, nerveux et est lapidé par de bons riffs résonnants, labouré par des séquences basses et martelé par des percussions qui tourbillonnent vivement dans un autre violent up-tempo. Ici, comme un peu partout, la musique est fortement imbibée d'une approche du Moyen-Orient et la voix de Łukasz Kołakowski est très féminine. Le rythme, toujours noué de saccades nerveuses, de Black Water est un bon mid-tempo avec une approche un brin bicéphale; l'Électronica se faufilant dans les espaces un peu plus doux. Les nappes de synthé, assez ambiosphériques, rappellent que nous célébrons les 40 ans de la Berlin School. Sauf que moi je trouve que c'est plus près de la World Music, du techno Arabe. Suffit d'entendre l'hymne tribal qu'est Carima pour s'en convaincre. Sinon, les belles ballades très éthérées que sont Dream et Ocean effaceront tous les doutes. Si au début la voix agace, parce qu'elle est assez omniprésente, ont fini par s'y faire.

Imagination est un genre de drum'n'bass un peu groovy qui est bourré de cerceaux échoïques et de mouvements secs, brusques. L'approche est toujours assez mélodieuse, Yarek ayant vidé son fiel sur Minaret et Ultrabas. Moon Walk offre une belle structure de rythme bondissant avec un superbe synthé qui étend un séduisant voile Arabe. Ça me fait penser d'ailleurs à Jean-Michel Jarre et sa collection de rythmes ethniques dans Zoolook. Une perception qui est assez présente sur BERLIN RATUSZ en passant. Nostalgia est un bon titre FM et un beau down-tempo très J-M. Jarre avec un rythme lent, moiré par des percussions claquantes, avec de beaux voiles de synthé tant planants qu'orchestraux et surtout très mélodieux. Histoire de nous rappeler que BERLIN RATUSZ est un événement festif qui entoure la célébration du 40ième anniversaire de la Berlin School, Serce Lasu emplit nos oreilles d'une douce musique éthérée. C'est un titre ambiant qui repose, autant que la voix de Łukasz Kołakowski, et qui conclut un album déconcertant certes (si on recherche de la vraie Berlin School) mais dont les racines ne sont pas vraiment tellement loin.

Sylvain Lupari (27 Novembre 2014) ***½**

Disponible au Ricochet Dream

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