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  • Writer's pictureSylvain Lupari

AES DANA: Inks (2019) (FR)

Ambiances psybient sur des phases pas tout à fait psybient dans un album d'un style Electronica post-apocalyptique appétissant pour les oreilles

1 Inks 7:30

2 Unfold 7:04

3 Nuphar Log 7:19

4 Peace Corrosion 7:57

5 Otherness (Album Edit) 8:04

6 Transparency Syndrome 6:24

7 Akacie 7:48

8 Ashen 7:12

9 The Gradual District 7:30

10 Alep Offset 8:38

11 Juniper 7:06

(CD/DDL 82:32)

(Psy dance, IDM, EDM, Psybient)

Ça prend du vocabulaire afin de bien orthographier les 11 phases de ce stupéfiant album d'Aes Dana! Il y a un bail que Vincent Villuis ne nous avait pas gratifier les oreilles d'un album. Un vrai! Et INKS en est tout un! Il faut remonter en 2012 avec l'album Pollen. Certes il a participé à quelques remixes de DJ invité par le label Lyonnais, dont le dernier en lice, Polarity de Focal, présentait justement un titre (Otherness) de INKS. La première écoute laisse entrevoir une faune sonique des plus fascinantes sur des rythmes de danses qui vont et viennent se désagréger dans leurs structures aléatoires. Des bruits-blancs, des glitches, des réverbérations de drones en dégradations, des cerceaux lumineux qui s'évaporent au contact d'un obstacle sonore et des murmures de vaudous invisibles sont parmi ces éléments qui rendent les 11 structures d'une Électronica post fin-du-monde aussi appétissantes pour les oreilles qu'entraînantes pour les pieds. Du haut de mes 60 ans, j'ai juste nourri mes oreilles les yeux bien grand ouvert.

Et ça débute avec la pièce-titre et son ombre de sons qui fend une eau, soulevant des nuées gorgées de bruine. Des vagues errent sur une berge surveillée par ces cerceaux vivants qui forment ces drones divagant dans un océan de tons perdus. Une lourde pulsation fraye à travers ce chemin d'ambiances tortueuses, structurant un rythme qui se transforme en un hip-hop futuriste. Un rythme nourri de cette attrayante faune sonore du psybient et qui refuse toute forme d'incertitude afin de battre un rythme soutenu ou chaque pas fait bondir des particules sonores microscopiques. Ainsi va la pièce-titre, ainsi vont les 10 autres taches d'encre musicales de INKS. Si les structures diffèrent, les ambiances et ses éléments restent enracinées avec d'autres trésors créatifs à offrir. Rythme et non-rythme, ou down-tempo qui a besoin d'un élan, Unfold est comme une créature sonore en Jell-O qui a besoin de battements et de cliquetis rythmiques pour faire évoluer sa carcasse. Il y a une flore percussive impressionnante, de bois ou organique, sur cette structure où naissent des pointes sonores qui scintillent ici et là. Nuphar Log accoste aussi nos oreilles avec douceur avant de prendre la route d'un techno soutenu par des effets d'échos et des murmures de bruits blancs. Le coup sec d'une cartouche percussive libérant des poudres de glitches et des bruissements d'ombres sonores résonnent ici et là, alors qu’une ligne de basse affamée réoriente Nuphar Log vers un solide techno à la Plastikman. Peace Corrosion se nourrit un peu de cette ligne de basse et des cliquetis de cette finale pour embrasser une autre forme technoïde aussi entraînante malgré cette masse sonore de crépitements radioactifs et de tisons frissonnants. Plus on avance dans INKS et plus nos oreilles et nos sens s'enfoncent dans des hymnes de danses endiablées.

Otherness (Album Edit) nous visse sur notre fauteuil avec ses boom-boom californiens et ses effets percussifs qui gigotent et chevrotent en mode stéréo. Transparency Syndrome nous ramène un peu aux ambiances et à cette peau sonore en mutation de Inks. Émergent d'une zone océanique, Akacie nous séduit dans un blues pour Terminators avec des réverbérations circulaires, et leurs poudres de fréons, ainsi que des bruissements d'ombres qui suivent la courbe d'un rythme née de l'indécision. Ashen propose un de ces rythmes qui se construisent et déconstruisent dans un décor de bruits parasitaires et radioactifs. Tanguant entre une structure vive, genre drum'n'bass, avec des effets de percussions d'un styles arbalètes (ttrriifffs) et une structure moins rapide qui se défait dans des phases d'ambiances, Ashen fini par errer dans une combustion à l'acide. Des murmures d'un paisible quartier illumine les ambiances post-apocalyptiques de The Gradual District qui est un beau titre ambiant trop las, trop lent pour hériter d'une étiquette psybient. Des cerceaux vont et viennent alors qu'une ligne de rythme se forme pour se dissoudre immédiatement dans une phase qui crée une illusion d'un rythme sans espérance de vie. Il ne manquait qu'un véritable psybient dans ce décor de musique de danses industrielles, et c'est chose faite avec le lourd et puissant Alep Offset et ses effets vocaux de spectres piégés entre deux dimensions et ses résonances d'une enclume musicale dans une gélatine sonore infiltrée de ttrriiits- ttrriiits et de tssitt-tsiitt qui naissent, poussent et se désagrègent autant ici que dans les 82 minutes de cet album. On sent que le titre a faim de plus de lourdeur, mais restera sur cet appétit gargantuesque. Juniper grandit avec une belle introduction cousue dans la rêverie de la MÉ ambiante. Les nappes de synthés s'amoncellent avec leurs différentes teintes et visions, fusionnant sérénité et angoisse dans une autre structure de rythme et de non-rythme qui rend cette expérience INKS tout à fait remarquable. Un très grand album d'Aes Dana!

Sylvain Lupari (21/01/20) ****¼*

Disponible chez Ultimae Records

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