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Writer's pictureSylvain Lupari

ASHRA: Sauce Hollandaise (1998) (FR)

Un premier album concert de ce mythique groupe et mes oreilles sont tout aussi excitées qu'en 2007

1 Echo Waves 31:29

2 Twelve Samples 21:08

3 Niemand Lacht Rückwärts 22:15

Manikin Records – MRCD 9801

(CD 74:52)

(Progressive EM)

Il s'est passé une longue période d'absence et de silence dans le camp de Ashra au cours des 9 dernières années. Années durant lesquelles Manuel Göttsching a fait un ménage pour regrouper et remixer les vieilleries du groupe tout en participant à différents projets musicaux, dont In Blue avec Klaus Schulze, un de mes cd préférés. Il n'y a pas eu de nouveau matériel, si ce n'est qu'un coffret, excellent d'ailleurs, qui s'intitule Private Tapes disparu peu de temps après sa mise en vente. De leurs côtés Harald Grosskopf connaît une bonne carrière solo, alors que Lutz Ulbrich participe à plusieurs projets en tant que producteurs et musiciens. Ashra était invité au Festival de KLEMDAG en Hollande le 11 octobre 1997. Pour ce concert et depuis la mini tournée japonaise en février, Steve Baltes se joint à Ashra en tant que bassiste, responsable des échantillonnages et opérateur de la boîte à rythmes. Dans la chronologie des récents évènements du groupe de Göttsching, SAUCE HOLLANDAISE arrive après la tournée Japonaise d'Ashra en février dernier et propose un setlist assez similaire mais avec une prestation plus tempéré du quatuor.

Echo Waves est la pièce désignée pour ouvrir ce concert au pays de Ron Boots. Tirée de l'album solo de Manuel Göttsching Inventions for Electric Guitar en 1975, le titre débute avec une onde réverbérante à la suite se greffe une série de riffs animés. Un peu moins fluide que la version originale, le titre propose une vision plus techno à l'image de cette actualisation des différents titres de Manuel qui sont remixés par différents DJ de par l'Europe. Bien encadrées par des percussions, certaines sont programmées, ainsi qu'une solide basse, les boucles de guitare s'enchainent en une suite minimaliste avec de fines nuances dans les modulations. Grosskopf commence à marteler la structure autour des 10 minutes, pour au moins 4 minutes avant que les boucles de guitare et les multiples effets d'écho nourrissent avidement les 3 prochaines. Initialement, Echo Waves n'a aucune percussion et dure un peu moins de 18 minutes. Ici, les attaques du maître-percussionniste sont brèves et bien éparpillées sur une structure qui qui s'étire un peu trop. Si vous aimez la version studio de Echo Waves, vous aimerez cette interprétation, que j'ai trouvé quelque peu longue, mais la finale est très bonne avec des solos de feu de Manuel et la batterie très entraînante de Harald. Tiré de l'album Walkin' The Desert, Twelve Samples prend une tout autre dimension sur ce SAUCE HOLLANDAISE. Oublions ce rythme et cette moqueuse mélodie touareg, ici les ambiances se développent lentement avec ce chant sculpté dans une boucle d'une tonalité de guitare séquencée sur une structure de rythme pulsant faiblement dans le background. La six-cordes de Göttsching libère de beaux et bons solos méditatifs, il semble très inspiré dans ce concert l'ami Manuel, alors que tout au fond on entend des échantillonnages d'incantations berbères. Harald Grosskopf fait jouer du tambour, accompagnant ces boucles qui sont maintenant recouvertes de splendides nappes de synthé dont le romantisme orchestral donne la chair de poule. On atteint un point culminant autour de la 8ième minute où tout les éléments convergent avec intensité, libérant la fureur de ce titre qui replongera nos oreilles dans cette douce rêverie avant de renaître avec autant de fureur. Si vous pensez que Manuel se déchaîne ici, la version que l'on trouve dans @shra, le concert au Japon, est littéralement explosive.

Harald Grosskopf fait sienne l'intro de Niemand Lacht Rückwärts, une autre composition de Göttsching écrite en 1979 et qui apparaît sur Private Tapes 4. Mini solo de percussions sur des accords et des notes aussi égarés que bigarrés, dans un désordre de band de garage qui ajuste ses instruments. Un synthé laisse tomber son rideau sur un mouvement flottant, laissant entendre les riffs colériques de la cavalerie sonore qui vient dévaster les champs d'oreilles. Les percussions sont vives avec des cliquetis métalliques qui sont enfournés par des nappes de synthé dont la mélodie spectrale roule en boucles et crache son hésitation sur de lourdes strates qui s'accrochent à un mouvement de plus en plus énergique sur les batteries déchaînées de Grosskopf, qui a date est vraiment la bougie d'allumage du titre. Ses frappes sont précises et incisives et atteignent un autre excellent solo à la 12ième minute. Et tranquillement, Niemand Lacht Rückwärts perd ses repaires dans une texture de Krautrock où le batteur Allemand est déchaîné et nous livre une performance explosive qui domine les strates, les mellotrons et les guitares. Son solo de batterie est l'apothéose d'un spectacle qui se conclut sur des envolées sommaires des guitares qui deviennent de magnifiques solos de Göttsching et Lutz Ulbrich.

Étonnement, SAUCE HOLLANDAISE est un premier album concert du mythique groupe de musique électronique psychédélique allemand. Et c'en est un solide…jusqu'à ce que @shra sorte dans les bacs 6 mois plus tard. Et là, nous aurons cette impression que Ashra retenait ses brides dans SAUCE HOLLANDAISE. Au final, j'ai aimé cet album qui propose une autre lecture des titres du répertoire de Manuel Göttsching, malgré les longueurs dans Echo Waves. Encore aujourd'hui, mes oreilles sont tout autant excitées qu'en 2007. Malheureusement, l'album est discontinué depuis bien des lunes et on peut l'entendre sur des sites de streaming. Voici un lien YouTube

Sylvain Lupari (20/04/07) *****

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