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  • Writer's pictureSylvain Lupari

AXESS: Aviator (2013) (FR)

Updated: Nov 26, 2020

Il y a plein de choses qui accrochent l'ouïe dans Aviator et qui restent gravées dans les sillons de nos oreilles après chaque écoute

1 51°2'N 6°59'O 5:30 

2 Departure 7:59

3 Nightflight 14:47

4 Aviator 8:48

5 Crossing the Arctic Circle 10:52

6 Aurora Borealis 12:56

7 Ocean Blue 9:18

8 Farewell 6:30

(CD 74:16)

(New Berlin School)

Témoin de sa passion pour l'aviation, AVIATOR est le 6ième album solo de Axel Stupplich. Le 8ième si on inclut ses 2 albums avec Max Schiefele. Jouant avec brio sur deux carrières en parallèles, le synthésiste allemand soutire de Pyramid Peak les structures exploratoires où les rythmes, ambiances et mélodies exposent leurs richesses dans des phases aux sensibles mutations soniques. Et les nuances entre Pyramid Peak et Axess sont minces, si ce n'est que ce dernier aime définitivement mieux explorer les diverses frontières rythmiques de la MÉ contemporaine. Du down-tempo cosmique au techno morphique en passant par du lourd synth-pop haletant, Axel Stupplich exploite une variété de rythmes tout en flirtant avec les frontières d'un Berlin School hypnotique où des petits ions sauteurs et leurs pulsations contiguës modifient subtilement les approches rythmes teutoniques. Les ambiances sont riches et les mélodies sont savoureuses. Les synthés miaulent et chantent tels des spectres de vampires suçant les harmonies connexes qui s'insèrent et modifient des axes de mélodies aux fines variances aussi délicates que les rythmes muables. Il y a plein de trucs qui accrochent l'ouïe dans AVIATOR et qui restent gravés dans les sillons de nos oreilles dans cet album où les références à Jean-Michel Jarre abondent, tant dans les arômes cosmiques que les dansants arrangements orchestraux.

Je ne sais pas comment c'est dans les airs, mais j'espère que ça ne brasse pas autant qu'avec 51°2'N 6°59'O. Pourtant, je n'ai aucune difficulté à imaginer les doux reflets miroitants du soleil sur le métal de la carlingue ou dans les hublots. Et c'est ce que j'entends dans l'introduction avec ces délicats arpèges aux chants métalliques flûtés qui virevoltent comme des oiseaux de feu sur la surface d'une eau glaciale. Mais lorsque leurs caresses sur nos tympans sont brusquement interrompues par des gros coups de batteries, je me dis que ça doit être ça se faire brasser les os dans un avion. Car subitement 51°2'N 6°59'O est emporté par un rythme de plomb. Un rythme lourd et linéaire, fortement martelé et dont chaque coup de percussions donne l'impression de soulever des prismes d'harmonies. Les brises flûtées s'ajustent à ce rythme avec des coups secs. Essoufflées, elles courent tant bien que mal sur un rythme incendiaire alors qu'une nouvelle approche harmonique se pointe avec une série de nouveaux accords aux tonalités de flûtes plus nuancées qui se fond dans d'harmonieux solos de synthé. Departure enchaîne avec une nuée d'os rythmiques qui sautillent nerveusement dans les claquements de percussions organiques. Une ligne de séquences fait dandiner ses ions qui hoquètent à la même vitesse alors que des pulsations linéaires martèlent un rythme lourd. Un rythme qui modifie subtilement son axe, tantôt caressé par les larmoiements d'un synthé inondé par des ondes vampiriques à la Martenot et un autre tantôt par des nappes de violons valsants. Nightflight est un beau Berlin School à la tonalité d'aujourd'hui et avec les ambiances d'autrefois. C'est un long titre minimaliste dont les fines variances changent la rêveuse approche ambiante vers un up-tempo un brin frénétique mais toujours bien nuancé. Les premières secondes offrent une structure de rythme qui chevrote nonchalamment et fait articuler ses ions sauteurs dans un long mouvement spheroidal où flânent des solos torsadés très musicaux et où s'ajoutent de lourds accords résonnants, vers la 6ième minute, qui rappellent les moments dramatiques de JMJarre. Alors que des brises de synthé plus éthérées viennent caresser cette structure de rythme morphique, de belles percussions feutrées le redirigent vers un suave down-tempo cosmique et finalement vers un up-tempo finement saccadé.

La pièce-titre est la perle des perles. Tout d'abord elle offre des prismes soniques qui sautillent avec une vivacité harmonique qui n'est pas sans rappeler le beau ballet de séquences que Klaus Schulze créait dans Mirage. Des nappes de brume viennent emmitoufler ces séquences et valsent oisivement sur un délicat tempo qui s'agite et étale d'autres séquences, plus rythmiques, pour forcer le rythme avec des cognements de batteries incisifs. Le rythme lourd, tournoyant dans cette masse de séquences aux directions opposées, Aviator découvre sa mélodie. Un ver-d'oreille qui chantonne un air plein de candeur sur un rythme qui crache son plomb et ses séquences forgeuses de rythme endiablé à travers les piochements des percussions. Changeant constamment de peau, Aviator passe d'une étape à une autre, délaissant une phase de rythme pour une plus lourde, plus vivante mais en emmagasinant constamment ses artifices de mélodies jusqu’à ce que l’oreille ne succombe finalement à son chant flûté dont la tendresse et l'oniricité nous jettent à terre. La perle des perles et assurément un des bons titres cette année. Avec Crossing the Arctic Circle, Axel Stupplich nous propose du rythme ambiant. Les lourdes pulsations circulaires chassent les nuages de brumes bourrés de voix absentes de son intro pour tracer un long serpent rythmique aux amples ondulations nourries par de vives pulsations oscillatrices. Même si vivement secoué par ces fines séquences, le rythme de Crossing the Arctic Circle fige dans le temps. Nous sommes dans les territoires du techno morphique avec un rythme implosif où les synthés roucoulent avec des voix séraphiques tout en infusant une bonne dose de solos lyriques. Après une intro très ambiosphérique inondée de souffles caverneux, Aurora Borealis offre un doux rythme oscillatoire avec des basses séquences résonnantes qui alternent leurs mouvements de balanciers avec une fluidité rythmique que des percussions gobent de leurs frappes sobres. Une délicate mélodie se pose sur ce down-tempo cosmique avec des brises de synthé vampiriques qui chantent, comme elles flottent, sur une structure rythmique dont les fines variances poussent une approche mélodieuse à changer ses solos pour des accords harmoniques qui laissent une trace indélébile dans l'oreille. Ocean Blue nous pousse dans les territoires de l'époustouflante finale de Chronologie de JMJarre. Les percussions, le rythme; tout y est. Seule la mélodie diffère, quoique très spectrale, alors que le rythme devient par moments très explosif. Comme je l'ai déjà dit, les influences de Jarre foisonnent. J'entends le rythme oscillatoire vif de Chants Magnétiques qui ouvre Farewell, un titre aussi incendiaire que 51°2'N 6°59'O mais dans un format plus dance, un peu comme dans le Metamorphoses de sa toujours source d'inspiration.

AVIATOR est un coffre à surprises où les surprises de Axel Stupplich nous étonnent autant qu'elles nous séduisent. Ça bûche, ça cogne fort mais ça calme et ça fait rêver. De tout dans un monde sonique en perpétuel mouvement! Aussi accrochantes et évolutives que les fines variations rythmiques, les mélodies sont superbes et entent dans nos oreilles tels des airs de sirènes enchanteresses. Séduisant avec son approche qui englobe les rythmes arc-en-ciel de Brainwork, inspirant avec les fragiles mouvements de séquences inspirées de Schulze et assourdissant avec ses rythmes incendiaires qui éteignent ceux de son idole, Axess navigue avec tellement d'aise dans les vastes territoires de la MÉ qu'on penserait qu'il en connait tous ses secrets.

Sylvain Lupari (13 Novembre 2013) ****½*

Disponible au Spheric Music & CD Baby

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