“Les attentes étaient très grandes suite à S-thetic² et cet Electric Garden y répond bien...”
1 Cold Flowers 9:56 2 Violed 5:47 3 Gradient 10:10 4 The Element of Gold 5:04 5 Liquid Plants 5:08 6 Electric Garden 9:52 7 Clicker 4:10 8 Polyaural 6:58 9 Only one Step 3:12 10 Basic Lifeform (The Universe in your Hand) 17:48 Erbe Music
(CD/DDL 78:04)
(Electronica & Berlin School)
S-thetic² avait surpris le petit univers toujours très merveilleux de la MÉ en 2015. La fusion entre les styles délicieusement opposés de Baltes&Erbe était juste à point. Et les doux parfums de Bochum Sky, un superbe album de Steve Baltes paru en 2014, qui y rôdaient embaumaient S-thetic² d'un velum sonore et musical aussi dense que profondément séduisant pour les oreilles avides d'une faune de sons multicolores. Donc, la barre était très haute pour Baltes&Erbe. Et ils le savaient! Fallait donc que ELECTRIC GARDEN s'en distance un peu afin d'avoir sa propre identité. Et c'est assez réussi. Moins percutant que S-thetic², ELECTRIC GARDEN met en scène ces rythmes disloqués qu'Ashra déposait dans nos oreilles lors de la période Blackouts. Des rythmes qui servent d'appui à de savoureuses danses d'arpèges qui me rappelle la très belle période harmonique de Jean-Michel Jarre dans Arpeggiator. Dans les faits, ELECTRIC GARDEN est un très bel album de transes et de rythmes ambiants où cet habile mélange de Jarre et d'Ashra est aussi improbable que hautement fascinant.
Une onde valsant de son bleu éclatant chante comme un coq métallique afin de faire lever le rythme délicieusement ondulatoire de Cold Flowers. Une autre ligne de synthé, plus musicale, ajoute son parfum sibyllin alors que des arpèges oscillent paresseusement et tracent une harmonie séquencée qui prend son tonus avec l'arrivée des percussions. Le rythme éclot dans sa forme convulsive, hoquetant en symbiose avec la danse des arpèges mélodiques. Si ces percussions de Steve Baltes sont envoûtantes, les nappes de synthé que Steve Erbe empile ajoutent une profondeur très éthérée, avec de subtils effets dans le décor, à ce genre de Groove molasse qui fait tambouriner nos doigts et rouler notre coup. L'armature de charme du duo est déployée avec la même chimie sonique que dans S-thetic². Cold Flowers s'arrime à Violed et sa longue ligne de rythme syncopée par un mouvement sec du séquenceur. Les ions sautillent avec férocité dans cette membrane linéaire où se greffent des accords de claviers aussi singuliers que des riffs de rock. Et la magie opère. Encore ici, les nappes de synthé parfument l'imaginaire avec de beaux effets. Des effets pas trop nombreux mais assez bien dosés pour charmer l'écoute. Très minimaliste, la structure évolue en affichant une bonne intensité afin de percuter une phase nettement plus animée où les sons défilent comme dans un kaléidoscope stroboscopique. La portion ambiosphérique est plus présente ici. Et c'est donc un immense voile de tonalités planantes que débute Gradient. Cette introduction cosmique est ornée de belles lignes flûtées qui tentent de charmer une longue muraille de chuchotements interstellaires. L'effet est si riche que l'on se croirait à l'intérieur d’une navette spatiale. Il y a beaucoup d'éléments cosmiques ici qui brillent dans une tranquillité éthérée où tintent des accords perdus. Des bruits percussifs s'invitent lorsque ces accords tentent de créer une mélodie qui viendra avec un genre de Groove cosmique autour de la 6ième minute. Le rythme est circulaire et assez entraînant avec de bons effets de percussions et des séquences qui hoquètent comme une membrane disloquée. The Element of Gold propose une structure rythmique plus envoûtante avec une approche très danse qui est martelée par de bonnes percussions. Comme un genre de techno pour zombies repus, ce rythme offre une mollesse dans son charme qui est accentuée par une vraiment belle approche mélodieuse aussi insouciante qu'une ballerine tout de blanc vêtu qui flotte dans le cosmos. Je veux l'entendre encore!
Cliquetis percussifs et ligne de basse vrombissante, Liquid Plants progresse entre deux pôles. Si le rythme amorce son virage, un brin funky mais plein de cahotements de Groove, avec des percussions claquantes et pleines de charmes résonnants, le synthé déploie ce constant maillage entre lignes sibyllines et éthérées tout en mijotant des effets qui s'accrochent assez bien à cette fusion harmonique. Un rythme statique certes, mais dangereusement ensorcelant. Et toujours ces effets percussifs qui sont l'équivalent des nombreux effets sonores. Parlant Groove, la pièce-titre est à croquer. Un rythme suave, lascif, qui est picoré par ces élytres métalliques et mordiller par des accords qui tombent avec de faibles résonances. Statique et en mode évolutif, Electric Garden accentue un peu la cadence qui se traduit par des bondissements plus précipités. Les synthés sont superbes avec des nappes ectoplasmiques qui nous enveloppent d'un étonnant voile de charmes soniques. J'aime bien le jeu de Steve Baltes mais je dois admettre que les nappes de synthé de Steve Erbe sont totalement séduisantes. Et nous ne sommes pas à bout de nos charmes ici, car Clicker, qui porte très bien son nom, offre une structure très angoissante avec des arpèges qui papillonnent avec fluidité dans une ambiance glauque. Court et efficace! Polyaural enchaîne avec une belle structure linéaire qui étend une belle danse oscillatoire des arpèges sous un tintamarre de percussions martelantes. Je ne peux m'empêcher de penser au titre Arpeggiator de Jean-Michel Jarre ici, mais dans une version plus ambiante, plus statique aussi. Cette impression de pénétrer l'univers de Jarre est de plus en plus perceptible avec Only one Step qui flirte avec un genre Électronica dénudé mais avec une belle mélodie accrochée au bout de son spectre. Basic Lifeform (The Universe in your Hand) clôture ce qui deviendra la trame sonore de la prochaine tournée de Baltes&Erbe avec une approche ambiosphérique ornée de tonalités aussi disparates que séduisantes, donc de doux effets percussifs, à tout le moins pour ses 5 premières minutes. Par la suite, une structure de rythme minimaliste, agrémentée d'effets très Tangerine Dream des années Sorcerer, déploie ses boucles qui roulent et se déroulent sous un canevas de nappes de synthé toujours aussi divisées entre méditation et énigmatisme. Basic Lifeform (The Universe in your Hand) tombe alors dans un univers de danse, mais pas trop, qui possède tous les parfums d'Ashra.
Et voilà! L'aventure d'ELECTRIC GARDEN prend fin ici et ainsi avec longue conclusion qui laisse entrevoir un 3ième volet plus qu'intéressant. J'ai bien aimé cet univers de danse décortiqué dans ses charmes les plus élémentaires et où les synthés dominent comme dans le bon vieux temps. Baltes&Erbe sont comme 2 doigts dans une main. Ils se complètent à merveille avec un très bon album qui se démarque par sa signature très stylisée. On ne pouvait demander mieux et espérer mieux après le très majestueux S-thetic².
Sylvain Lupari (24/05/17) *****
Disponible au Stefan Erbe Music
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