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  • Writer's pictureSylvain Lupari

BALTES&ERBE: S-Thetic² (2015) (FR)

“Un mélange d'électronique parfumée aux essences des deux pôles de la Berlin School...”

1 Chromium 10:42 2 Into the Blue 5:05 3 S-thetic 12:14 4 Eclipse Lunaire 6:29 5 Sepia 14:00 6 Liquid Buildings 8:42 7 Ultra 16:02 8 Exit-s 2:36 Erbe Music CO 921-1

(CD/DDL 75:55) (EDM, Berlin School)

Vous vous souvenez de ce sublime album de Steve Baltes, Bochum Sky, paru à la fin de 2014? Un superbe album qui imbriquait à merveille, tant au niveau des rythmes que des ambiances, les essences de la Berlin School, peu importe les âges, à un genre d'Électronica lunaire. C'est à cet endroit, c'est à ce moment que S-THETIC² a tranquillement pris racine. Sound of Sky est une série de concerts institué par Stefan Erbe, un genre de Jean Miche Jarre Allemand, dont le but est de promouvoir les deux axes, ambiant et rythme, de la Musique Électronique moderne. Étant un homme très branché dans le milieu, et avec près de 25 albums à son actif, Stefan Erbe jouit d'une notoriété qui l'aide à mettre sur pied des bonnes programmations pour ces soirées au planétarium de Bochum et aussi à développer de bonnes amitiés avec des musiciens qui ont flirté avec des légendes. Après le succès de Bochum Sky, Baltes&Erbe se sont donné un second rendez-vous pour le Sound of Sky de Décembre 2014. S-THETIC², un titre qui va à ravir à la musique, est le fruit condensé, on a éliminé les phases ambiosphériques du concert ainsi que les bruits de foule, d'un superbe album qui amène la MÉ vers des niveaux où l'Électronica cosmique transcende les limites de la contemporanéité. C'est un mélange de techno, détroussé de ces tsitt-tsitt symboliques et oh combien inutiles, et de synth-pop, parfumé de ses atouts allégoriques, où la MÉ de style Berliner se pare de ses plus beaux atouts interstellaires. En ce qui me concerne, c'est là que Jean Miche Jarre aurait dû aller!

Le duo tisse un décor lunaire tout simplement enchanteur dès l'ouverture de Chromium. Des wooshh et des wiishh voyagent entre nos oreilles, se métamorphosant en énormes clapotis qui s'écrasent sur les berges d'une longiligne ligne de synthé astrale. Une harpe céleste échappe des notes qui tournoient comme des perles embrumées alors que d'autres perles plus scintillantes traînent comme des étoiles incertaines de leurs trajectoires rythmiques. Nos sens sont sous les charmes de cette enveloppe sonique dense et riche lorsque des percussions les agitent avec des frappes vives qui moulent un rythme aussi lent que lourd où défilent des lignes de séquences aux harmonies cadencées contrastantes. Il y a des brumes aussi. Leurs translucidités laissent filtrer des filets de voix qui se perdent dans nos illusions. Un bon down-tempo aromatisé de tous les ingrédients lunaires possible; Chromium n'est que le début d'une histoire de charmes entre nos oreilles et la musique de S-THETIC². Des voix éthérées parfument les harmonies séquencées alors que d'autres touches plus vivantes frétillent avec plus de vélocité, poussant des pulsations à sortir le rythme jusqu'alors hypnotique de Chromium hors de son enveloppe minimaliste. Ce qui saisit tout de go dans cet album est cette structure de rythme polyphasée avec des lignes de séquences, aussi harmoniques que cadencées, qui rampent et se lovent avec des cabrioles astrales dans l'ombre des résonances des percussions et des boom-boom métronomiques qui flirtent avec un techno sans artifices. Les ambiances sont riches avec plein de brumes mystiques, des nappes de synthé ambiantes, des soupirs de violons célestes et des voix perdues qui enrichissent les disparités d'une structure de rythme qui flirte entre les diapasons d'une musique de danse Teutonique ou d'un New Berlin School mélodique. Sauf que Into the Blue vise droit au but avec une structure de synth-pop mâchouillée par les pulsations linéaires d'une Électronica ragée par l'envie de casser la baraque, mais aussi enjôlée par une mélodie séquencée qui trace le parallèle entre le techno et la ballade. La longue pièce-titre nous plonge dans une introduction très spatiale avec des lignes de synthé qui s'entrelacent dans un vide absolu. Des résidus d'étoiles scintillent dans de lentes nappes orchestrales. Des pulsations laconiques émergent de ce néant cosmique, forgeant un rythme ambiant que des percussions métalliques picorent afin de le réveiller. Ça mes amis, c'est délicieux! Ça me fait penser au meilleur de Jerome Froese dans Dream Mixes 3. Le rythme est lent mais savoureusement magnétisant. Des percussions claquent et volettent d'un peu partout, entraînant des tintements allégoriques dans leurs sillons. Des lignes de séquences serpentent les ambiances avec des vifs mouvements stroboscopiques. Des voix d'un astronaute égaré font écho avec la froideur du vide. Et des nappes de synthé structurent des paysages cosmiques ambiants tout simplement anesthésiant. De l'Électronica cosmique à son meilleur qui peu à peu sort de son enveloppe morphique afin d'éveiller ses 4 dernières minutes d'une approche technoïde très entraînante. Ce segment fait très Stefan Erbe.

Eclipse Lunaire suit un peu le même pattern de mélodie mangeuse d'oreilles que Into the Blue. La mélodie de la chaîne des séquences est envahissante. Peu à peu, le rythme se dénoue de son enveloppe lunaire pour éclore en un bon Électronica qui hésite entre deux formes de rythme pour chevaucher soit le down-tempo ou le mid-tempo. Et toujours cette riche enveloppe de tonalités et de paysages cosmiques, nourrie cette fois-ci avec de beaux solos rêveurs, est là pour ceinturer rythmes et mélodies. Jarre en serait jaloux! On parle de JM-Jarre? Sepia nous entraîne dans ses couloirs d'ambiances industrielles et cosmiques de Les Chants Magnétiques. La gestation des ambiance frise les 5 minutes avant que nos oreilles perçoivent adéquatement les bonds sourds et élastiques des pulsations qui conduiront Sepia vers un rythme tribal cosmique tout à fait inattendu. Mes oreilles plus que conquises attaquent alors les pulsations sourdes, les battements lourds et les séquences rebelles du puissant techno Liquid Buildings. C'est plus que du techno. C'est un DJ qui ajoutent les ingrédients de rythmes et effets électroniques stroboscopiques pour une sauvage danse cosmique. Il y a certes un bref moment ambiosphérique, histoire de faire roucouler les synthés, mais Liquid Buildings continue de s'enfoncer entre nos oreilles avec son rythme lourd et puissant. Tout seul, ce titre m'aurait tapé sur les nerfs. Mais dans son contexte, il démocratise le genre techno à la puissance imbécile en dosant une juste part entre l'ambiant et une forme d'Électronica. Ultra est l'exemple parfait de ce principe avec sa longue approche ambiosphérique d'où émerge une délicate phase de rythme, structurée par un beau et sobre filet de séquences, qui respire de son oxygène cosmique. Tout doucement, Ultra et ses ambiances farouchement cosmiques, dérive vers le court Exit-s qui conclut cette merveilleuse histoire sonique de S-THETIC² avec une structure de rythme aussi douce que très mélancolique. Un autre des nombreux aspects cachés de ce superbe album qui à chaque écoute révèle un secret sonique qui en explique tous ses charmes. Séduisant et mirifique! Jamais le cosmos n'aura sonné aussi musical que dans S-THETIC²; un album qui mérite tous ses qualificatifs.

Sylvain Lupari (7 Août 2015) ****½*

Disponible au Stefan Erbe Music

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