top of page
  • Writer's pictureSylvain Lupari

Brandon Reisig Here & There (2023) (FR)

Il y a des bijoux de créativité dans cet album qui demande cependant une bonne ouverture d'esprit

1 Glass Factory 7:49

2 Hawk-Wind 9:42

3 I-10 6:28

4 I-55 7:09

5 Latex Skin 10:04

6 State Route 56 9:04

(DDL/CD-(R) 50:18)

(Experimental Ambient Industrial)

J'ai beau vouloir choisir la musique que je veux chroniquer dernièrement, mais il y a toujours un nouvel artiste et un nouveau genre de MÉ que le label argentin veux faire découvrir aux amateurs du genre. Et quel genre est ce HERE & THERE de Brandon Reisig? De tout, du bruit et de l'expérimentation! Mon ami Bernard me dirait, mon pote ce n'est pas pour tes oreilles! Et je serais bien d'accord avec lui. J'ai beau avoir entendu tous genres et styles en MÉ depuis plus de 30 ans, il arrive encore que mes oreilles reculent devant un genre de musique. Disons que HERE & THERE appartient à cette catégorie. On dirait un croisement entre des ambiances industrielles et celles plus organiques de créatures conçues dans de vils laboratoires secrets. Genre la Umbrella Corporation dans Resident Evil. Mais je devais toutefois vous en parler, puisque je chronique régulièrement les parutions de Cyclical Dreams. Et mes oreilles y ont font des belles découvertes au fil des ans. Par moments, elles ont dû travailler d'arrache-tympan pour m'habituer à des styles plus expérimentaux comme avec Krakenkraft (Sonic Hymnary), John Scott Shepherd (Legends of Mars) ou encore SONICrider (Elapsus). C'est vrai que les premières écoutes ont été laborieuses, mais au final j'ai fini par succomber à certains charmes de ces albums. Mais non, il n'y a rien eu comme Brandon Reisig à date sur ce label. Qui est cet artiste? Et que mange-t'il en hiver? C'est un multi-instrumentaliste qui vient de l'Ohio et qui aime patenter des instruments et équipements électroniques afin d'en sortir des sons de toutes sortes. Il aime fusionner les tonalités de différents synthés, autant analogue modulaire que numérique, et jouer avec des effets de bande à bobine sur bande à bobine(reel-to-reel tape) afin de créer des panoramas sonores qui défient les frontières de la musique psychédélique. Et que mange-t'il en hiver? De l'audace! Beaucoup d'audace. Et de l'asphalte et des paysages bordant routes et autoroutes, puisque la musique de son premier album sur Cyclical Dreams s'inspire de ses randonnées en auto de Memphis à la Nouvelle-Orléans et chez lui en Virginie-Occidentale.

Mes oreilles cherchent à sortir de mes écouteurs dès que les premières triturations sonores sortent de l'ouverture de Glass Factory. C'est un ruisseau de saccades vives, conçues dans la distorsion des filaments boudinés, que le rythme mécanique-industriel défonce nos tympans. C'est violent, tapageur et en même temps attirant! Pensez à The Chemical Brothers, le titre Where do I Begin, le rythme en moins, ou encore à certains éléments d'introduction à des titres de l'album The Contino Sessions de Death in Vegas. Ça me rappelle vaguement aussi les premières œuvres du guitariste-synthésiste américain Neil Nappe. Certains diront que ça leur fait penser à Synergy. Bref, tout un monde sonore iconoclaste où il n'y a pas juste du rythme brut en bruit! Le synthé crache, c'est le cas de le dire, un court fil de mélodie qui roule en boucle, alors que la masse de sons se subdivise afin de créer des bouts de mélodies qui se bousculent en symbiose avec le rythme saccadé. Et au final, on s'aperçoit que ça devient assez comestible à l'oreille. Il faut juste s'y rendre! Idem avec Hawk-Wind qui fut inspiré par le vol d'un faucon autour de la propriété des Reisig. Le vol a été enregistré et certains de ses éléments, comme les cris et les frottements des ailes, font partis intégrantes de ce titre créatif qui a un peu de Tangerine Dream, les scintillements dans les ambiances de Phaedra, dans l'aile. Les bourdonnements aériens épousent l'idée qu'on peut se faire du mouvement des ailes du faucon et de ses acrobaties en plein vol. Le musicien-synthésiste américain joue avec le niveau d'intensité, apportant de bonnes nuances aux fluctuations du mouvement ambiant industriel. Tu vois, ce n'est pas si pire que Bernard dirait!

I-10 contient aussi des éléments à la Phaedra qui miroitent et ondulent sous une couche de drones torsadés. Mis en masse, ces drones coulent par secousses afin de créer une illusion de rythme dans un environnement sonore qui rappelle autant Synergy que TD ici. J'aime bien les frottements, on dirait des bruits d'ailes, qui suivent l'évolution de l’auto sur la I-10. Ils sont à la base de la première ossature rythmique de I-55 où l'asphalte se déroule sous un maillage de boucles et d'effets des synthés. Un superbe rythme pulsatoire, très entrainant, surgit autour des 90 secondes. Ça donne l'impression qu'on roule sur une route droite dont le côté droit est orné de poteaux de téléphone qu'on entend à travers l'ouverture des fenêtres arrière de la voiture. Faites l'expérience et vous comprendrez! Toujours est-il que d'un voyage en auto on grimpe sur un train qui roule à tombeau ouvert dans le 2ième moitié de I-55. Latex Skin nous ramène aux ambiances tonitruantes de Glass Factory. Sauf qu'ici, point de rythme. C'est un titre atmosphérique industriel lourd et bruyant. On y entend d'énormes torsades éjecter des borborygmes, un peu comme une bête mécanique constitué d'i anneaux mobiles qui vomit ses déchets. Des ondes de synthé ont une tonalité de remous qui s'agite avec de la matière radioactive. Des filaments de synthé s'éjectent, sculptant des boucles alternatives qui ruissèlent d'une tonalité plus musicale. Mais l'essence du titre est plus dans le genre expérimental. Tout comme State Route 56, qui repousse mes limites de ma tolérance encore plus loin…

L'expérience de la vie nous apprend à éviter de juger un individu par son habillement, ou un livre par sa couverture. En musique, je dirais qu'il faut éviter de critiquer une œuvre trop hâtivement. Avant de l'avoir écouté, et non entendu, avec une légère ouverture d'esprit. J'ai fermé mes oreilles dès les premières secondes de Glass Factory. J'ai mis le téléchargement dans ma banque de musique, pour passer à autre chose. Je l'ai réécouté plus tard, puisque le label Cyclical Dreams produit toujours des trucs intéressants. Et je m'étais trompé! Il a fallu quelques écoutes, autant sans doute que les fois où j'ai apprivoisé l'excellent Cords de Synergy, pour me familiariser avec l'ensemble de HERE & THERE. Et au final, j'ai trouvé cet album-téléchargement de Brandon Reisig plus intéressant que le contraire. Il y a des bijoux de créativité dans cet album où je n'arrive cependant pas à apprivoiser ses 2 derniers titres. Mon ami Bernard se serait donc trompé à moitié…😉

Sylvain Lupari (03/08/23) ***¾**

Disponible au Cyclical Dreams Bandcamp

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

138 views0 comments

Recent Posts

See All
bottom of page