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  • Writer's pictureSylvain Lupari

['ramp]: synchronize or die (2017) (FR)

“C'est un grand retour de Stephen Parsick qui rapatrie rapidement sa couronne en tant que Prince du Dark Ambient et du style séquenceur à la Berlin School”

1 synchronize or die 15:00 2 2600 10:34 3 hanging gardens 21:27 4 torque 11:09 5 godzilla 18:00 Doombient.Music | ramp010

(CD/DDL 76:21) (V.F.) (Doombient style & Berlin School)

Quel surprise que ce retour tout à fait inattendu de ['ramp]! Après le trop long silence qui a suivi l'album Astral Disaster je pensais que Stephen Parsick avait mis le point final à l'aventure ['ramp]. Et bang! Je reçois un courriel, suivi d'un CD promotionnel. ['ramp] est de retour! Et quel retour mes amis. Le moins que je puisse dire est que l'homme en noir de la MÉ de style Doombient, expérimentale et/ou Berlin School est en grande forme. Après une absence créative de 5 ans Stephen Parsick délivre un opus qui reprend là où les rythmes complexes et les ambiances Méphistophéliques de Steel and Steam et Return avaient engendrés ce petit bijou qu'est Astral Disaster. Et l'ami Stephen n'a rien perdu de sa fougue, ni de sa créativité en présentant un superbe album sans bavures. Un album construit autour de ces multicouches de rythmes qui s'entortillent dans des magmas envahissants sans jamais inonder les phases maîtresses. Et les ambiances? ['ramp] va encore plus loin en injectant une approche psychédélique moderne où la frontière entre la raison et la démence est constamment outragée. Un album majestueux mes amis qui couvre de honte ceux qui avaient perdu de vue et d'oreille la musique de ce brillant artiste pour qui la Berlin School n'a jamais eu de secrets, ni de frontières.

La pièce-titre débouche ce SYNCHRONIZE or DIE avec de délicates séquences oscillatrices qui alternent leur sautillement dans un passage où le vide est érodé par une mince couche de grésillement. Une lourde séquence fait rugir sa cadence comme un escalier mobile qui monte les cieux sans fin. Stephen Parsick est passé maître dans l'art de sculpter et d'attacher dans une symbiose des multicouches de rythmes qui viennent de nul part. Cette signature nous revient à l'esprit lorsqu'une 3ième structure de rythme papillonne autour de l'escalade du rythme principal. Stephen Parsick nous rappelle aussi qu'il sait fort bien manier les structures minimalistes en ajoutant des effets qui dansotent et gambadent autour de la progression de synchronize or die. Ces effets ajoutent une dimension ténébreuse et donnent même une impression de modifier la cadence d'un rythme qui échappe quelques-uns de ses fluides soniques. Ces fluides se dissocient du mouvement principal afin de forger des petites boucles harmoniques qui vont et reviennent picorer ce gros anaconda rythmique dont le charme hypnotique devient encore plus magnétisant avec les écoutes subséquentes de ce petit bijou de ['ramp]. Et si cette longue pièce introductive refuse de s'abandonner à une approche mélodieuse aussi séduisante que l'on pourrait la siffloter, 2600 amène cette séduisante dimension à la musique de l'homme en habit de charbon. Pourtant, son rythme est lourd et résonnant. Et sa marche est sautillante est mélodieuse. Une étrange mélodie qui grelotte et hésite à dénuder son charme dans un fascinant univers de bruits blancs et d’autres bruits aussi vaporeux que les murmures d'ectoplasmes grillés par l'électricité. Cette cadence harmonieuse qui roule en boucles éparpillent aussi ses filaments qui se fondent dans un décor surréaliste amplifié par une faune électronique aussi riche que créative d'où nait vers la 5ième minute, une autre mélodie mangeuse de tympans. Les arpèges voltigent dans un pattern hypnotique qui n'est pas sans rappeler ceux de Redshift ou Arc, sauf que les ambiances sortent du gouffre chtonien unique à ['ramp].

hanging gardens est la pièce-maitresse de SYNCHRONIZE or DIE. La séquence principale est lourde et résonnante dans une structure qui s'allie à toutes les ambiances du style Doombient dans un carrefour de rythmes secondaires qui enroulent et attaquent les vibrations du rythme maître. Les grésillements du départ sont vite chassés par la turbulence des rythmes qui serpentent et virevoltent tout au long des 21 minutes de ce titre et où l'ossature majeure joue innocemment avec sa cadence ascendante et stationnaire et dont le statisme emplit nos oreilles et les vrombissements font trembler les murs, au point d'inquiéter les voisins. Même dans sa carapace minimaliste qui avance péniblement et en tâtonnant, hanging gardens irradie constamment de nouvelles phases de rythme et de mélodies adjacentes qui scintillent comme dans une 3ième dimension et sèment des joyaux de tonalités avec des éléments de charmes qui font que ces 21 minutes passent sans soupir d'ennui. Un solide titre qui ramènera ['ramp] et Stephen Parsick à leur place dans le firmament de la MÉ. Superbe! Aussi invraisemblable que ça peut paraître, il y a de la musique sur cet album qui pourrait passer sur les ondes d'une radio FM un peu commerciale. Je pense à torque qui se démarque avec une très belle mélodie soufflée dans les charmes flûtés d'un Mellotron. Le rythme est structurant sur un maillage de pulsations et de percussions. Sautillant avec vigueur et ténacité d'une oreille à l'autre, il prend grand soin de cette mélodie qui rappelle l'univers de Tangerine Dream dans les années Ricochet. Avec un titre tel que godzilla on s'attend à quelque chose de monstrueux. Prince sans rire, Stephen Parsick propose une introduction tissée dans la brume et le brouillard analogue des années 70. Jouant sur le même thème de frayeur que dans Jaws, mais en plus lent, il sculpte les pulsations menaçantes de sa bête. Et godzilla émerge tranquillement des abysses gorgées d'eau un peu avant la 4ième minute. Je vous laisse imaginer le reste! Dans une structure de rythme qui vient, disparaît puis revient avec ce sentiment de menace, godzilla déambule avec toute la puissance des tonalités analogues. Les séquences sont grosses, juteuses et rampent avec lourdeur alors que les ambiances sont à l'image de l'univers de cette bête que l'on ne sait toujours pas si on l'aime ou pas.

SYNCHRONIZE or DIE marque un retour triomphal de Stephen Parsick dans le merveilleux univers de la MÉ. C'est lourd et ténébreux avec des nids de rythmes qui s'accrochent aux longs mouvements minimalistes des rythmes principaux. Je sais qu'il n'y a pas juste ['ramp] qui se débrouille très bien dans cet univers de complexité, mais c'est bien le seul qui peut harmoniser tous ces schémas qui pullulent comme l'exode d'un nid de serpents en des phases d'ambiances encore plus complexes et toujours bien imaginées afin d'épouser les formes du rythme initial où se cachent toujours des filaments harmoniques. Un grand album mes amis. Et je dois souligner qu'avec les récent retours de Node et de Lambert, ainsi que les derniers albums d'Arcane et Arc, la MÉ est définitivement en santé! Il n'en tient qu'à nous d'en profiter!

Sylvain Lupari (31/08/2018) *****

Disponible au ['ramp] Bandcamp

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