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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Dean De Benedictis Salvaging The Present (2016) (FR)

Un album aussi fascinant que difficilement domptable où il faut persévérer afin d'en découvrir toute la richesse, toute sa profondeur

1 To the End of Elations 8:29 2 Micro Souls Anthem 8:18 3 Pagoda Tiempo 9:36 4 Never the Sacred Stretch 7:58 5 Night Arch 7:51 6 Blue Mesa 6:57 7 The Purity of Season 279E 8:25 8 Whisper Country 6:24 9 Regret in G (The Sky Remembers) 6:02 Spotted Peccary | SPM-1702

(DDL/Spotify 70:04) (Psybient, Experimental Electronica and film music)

Atypique et pas vraiment facile à apprivoiser, SALVATING THE PRESENT est ce genre d'album qui séduit par ses ambiances et textures bien avant ses structures de rythmes ou ses mélodies. En fait, c'est l'esthétisme sonore qui attirera les oreilles curieuses de se frotter à un style d'Électronica ambiant et pour le moins très expérimental. Poussant l'audace jusqu'au fond de nos tympans, Dean De Benedictis tisse un univers de sons où frayent des morceaux de rythmes et de mélodies qui surgissent de nul part. Et à chaque fois, nos sens, nos oreilles et notre jugement restent toujours aux limites du questionnement.

To the End of Elations débute avec une relative intensité. Des cognements et des nappes de synthé, des accords de guitare et des explosions feutrées, des voix et des ondes radioactives forment la genèse de ce titre d'ouverture où tout est puisé dans un monde que l'on juge futuriste, tant les parfums de Vangelis et de son Blade Runner embaument les ambiances. Une forme de rythme émerge à l'orée des 150 secondes. Alors que des notes de piano étendent un voile de nostalgie, des percussions éveillent tranquillement ce down-tempo très industriel et dont la structure vivante est agrémentée par une six-cordes acoustique autant que ces étranges roucoulements du synthé. Un peu plus vivante et immensément nébuleuse, la structure de rythme est emmitouflée dans une étonnante mosaïque sonique où nos oreilles peinent à faire le décompte des effets et des instruments déployés et qui font de To the End of Elations une fascinante ouverture de SALVATING THE PRESENT. Par moments ça sonne comme une musique de film, alors qu'en d'autres moments ça sonne comme du très bon psybient aussi mélancolique que mélodique. Je ne dis pas qu'on accroche tout de go, mais nos oreilles, pourvu qu'elles soient attentives, ont dénichées un bon filon sonique. Ça se poursuit avec les petits coups de mitrailles des percussions qui ouvrent la structure un peu ska de Micro Souls Anthem. La ligne de basse crache ses ronflements dont les amplitudes résonnent sur un lit de percussions agitées et se perdent dans des nappes de voix gorgées de prismes lunaires. Il y a des flash de Patrick O'Hearn qui sommeillent dans cette structure qui se veut la plus vivante, sauf pour la finale, de l'album. Par la suite, nous entrons dans l'inconnu! Pagoda Tiempo offre une longue structure d'ambiances riche en effets sonores et effets dramatique. Là aussi on peut faire facilement un lien avec une musique de film futuriste sombre et teigneux...comme Blade Runner. Never the Sacred Stretch est le titre le plus intéressant de cette étrange mosaïque sonique. Une structure de rythme nouée dans l'intensité cherche constamment à éclore dans une ambiance qui frôle les folies nocturnes des nuits forcées par une trop grosse dose d'hallucinogènes. Le rythme (on peut appeler ça rythme?) explose dont ne sait où et prend une forme fantôme à partir dont ne sait quoi. Sauf que l'évolution et les changements de décors soniques sont est tout à fait exquis. C'est de la haute voltige créatrice!

Night Arch propose une structure d'ambiances sombres qui va vous rappeler les premiers albums de Tangerine Dream avec ses rythmes électrifiés qui chevrotent par impulsions. Si on aime l'ambiant sombre à la Steve Roach, genre la série Immersion, Blue Mesa vous est tout destiné! L'univers assez télépathique de The Purity of Season 279E est quelque peu dérangeant avec ces ondes sonores qui cherchent des éléments de radioactivité et ces voix qui chuchotent afin de nourrir une forme de paranoïa. La musique y est aussi très cinématographique avec un violon qui traîne ses soupirs mélancoliques dans l'ombre d'une ligne de basse qui rampe comme les meilleurs titres d'ambiances de films de Patrick O'Hearn. La finale est plus onirique, comme l'introduction de Whisper Country où un délicat carrousel d'arpèges dresse une gentille ballade pour diablotins. Ici, comme ailleurs sur ce dernier album de celui qui a tant séduit les amateurs de la Berlin School Ambiant avec son projet Surface 10, les rythmes viennent dont ne sait où et prennent forme inconnue dans une masse d'effets sonores aussi séduisants qu'intrigants. Un peu comme un genre de down-tempo très morphique avec des percussions qui claquent et un violon nappé d'une triste mélodie d'Asie. Regret in G (The Sky Remembers) conclût ce fascinant album de Dean De Benedictis avec une structure de rythme nouée dans la retenue avec des effets de basse qui veulent exploser comme le tir d'une arbalète dans un dense voile de nébulosité. Les ambiances font très Roach, comme dans Blue Mesa, mais avec une genèse rythmique qui fini par tarir ses coups afin de s'évaporer dans les larmes de violon. Il y a de tout là-dedans, comme dans tout SALVATING THE PRESENT. Des accords de guitare un peu country, des nappes de voix comme de synthé et ces percussions qui sonnent comme des sabots usés. Bref, un album aussi fascinant que difficilement domptable où il faut persévérer afin d'en découvrir toute la richesse, toute sa profondeur. En fait, et même si ce n'est pas totalement mon genre, j'ai bien aimé ce premier rendez-vous avec la musique de Dean De Benedictis et de son SALVATING THE PRESENT. Que voulez-vous! Il faut savoir élargir ses horizons!

Sylvain Lupari (28/10/16) ***½**

Disponible chez Spotted Peccary Music Bandcamp

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