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Writer's pictureSylvain Lupari

ERIC G.: Visions (2012) (FR)

“Visions est une grande incursion dans les caprices des équipements analogues qui ont tissé d'innombrables rêves éveillés”

1 Moonmusic 2 13:03 2 Mind Windings 11:46 3 Hallucinogenic 13:42 4 Discovery and Loss of Crystal Vision 23:51 ELMUCED MUSIC

(CD-R/DDL 62:22)

(Berlin & French Schools)

Ça fait toujours plaisir d'avoir des nouvelles d'Eric G, même si ce sont de vieilles nouvelles. Comme dans Illusions, VISIONS est constitué de vieilles pièces de musique composées dans les années 80. Des structures musicales improvisées et immortalisées sur cassettes que le synthésiste Suédois a retravaillées en 2011, dans le respect de ses inspirations. Des inspirations tirées des années vintages d'une MÉ sculptée par les équipements analogues par des noms phares tels que Klaus Schulze, Tangerine Dream et Jean-Michel Jarre. Ces trois noms ornent le firmament de cet album qui est une superbe passerelle temporelle entre deux univers séparés par une vision numérique.

Des brises d'Orion soufflant d'une vertigineuse vélocité ouvrent Moonmusic II. Des lignes de synthé y flottent comme des spectres ectoplasmiques, errant à la recherche d'un rythme, d'une mélodie. On flotte en plein état d'apesanteur à la Jean Michel Jarre avant que le mouvement morphique embrasse une furieuse danse de lignes oscillatrices. Une danse où les lignes s'entrecroisent avec des mouvements cosmiques croissants et décroissants que de superbes solos plaintifs encerclent d'un stupéfiant parfum des belles années d'une MÉ analogue. Avec ses pulsations sourdes qui moulent un linéaire mouvement hypnotique, Moonmusic II embrasse les réminiscences d'Oxygene et d'Equinoxe avec une étreinte pour les rythmes perdus, comme ces trains qui viennent chatouiller l'ouïe vers les 5:20, des Chants Magnétiques. Le titre évolue par interphases qui suivent une tangente se dirigeant vers des ambiances plus ambiant-cosmiques avec des souffles soloïques survolant des pulsations et séquences tambourinées dont les battements irréguliers terminent une structure rythmique pourvue d'une évolution intergalactique alambiquée. Mind Windings attaque tout de go nos oreilles avec une ligne de basse aux ronds accords chevrotants qui palpitent sur les dos de percussions aux lourds tambours symétriques. Le mouvement est d'une lourdeur hypnotique avec ces lourdes pulsations qui résonnent dans nos tympans alors que de fins solos ciselés d'arômes Theremin en encerclent les minimalistes frappes hypnotiques. Cette fusion basse/percussions transporte les solos et les nappes isolées dans un bouillon cosmique qui insuffle à VISIONS sa très belle ambiance électronique aux fragrances mixtes de Jarre, Schulze et Tangerine Dream (et même Michael Garrison), notamment avec cette combinaison de solos, effets cosmiques et brumes mellotronnées qui enrobent une seconde moitié plus tranquille de Mind Windings.

Après ces deux incursions cosmiques très animées, VISIONS entreprend un virage ambiant-sphérique avec Hallucinogenic et sa lourde masse sonore psychédélicosmique qui étend une profonde ambiance ectoplasmique. Des ondes planantes d'une orgue noir façonnent une intro parapsychique où d'autres ondes plus fuyantes amplifient cette ténébreuse approche qui flirte avec les fragrances de Schulze sur Blackdance. Et de partout fuient ces serpentins astraux qui flottent sur une structure en perdition bourrée de mélancolie. Une sombre nostalgie nourrie de nappes flottantes et errantes et de tous ces effets cosmiques analogues qui cimentaient notre perception d'un univers parallèle alimentée par des classiques d'une MÉ planante tels que Blackdance, Body Love, Encore et Green Desert. L'introduction de Discovery and Loss of Crystal Vision respire de ces fragrances avec de longs voiles spectraux qui libèrent de lentes ondes vampiriques. Segmenté en plusieurs parties qui finissent par établir un collage cohérent, ce titre fleuve d'Eric G' étale son envoûtante musicalité à partir d’une ligne de basse qui tisse son oblongue structure rythmique pulsatrice dans l'antre d'un cosmos organique où cliquetis de crotales, pluies d'étoiles sonores et chœurs brumeux sont cajolés par des lignes de synthé tortueuses et des couches d'orgue ténébreuses. Tranquillement on passe à une étape plus animée avec des pulsations bigarrées qui palpitent à l'ombre de couches de synthé plus philarmoniques. Toujours imbibé d'un fort bouillon cosmique, Discovery and Loss of Crystal Vision élabore les grandes lignes d'un rythme pulsatoire qui résonne sous de superbes solos torsadés qui vrillent dans des brumes d'éther. Les synthés et une guitare s'échangent de très bons solos, aux arômes de Ricochet et Encore, sous un ruisseau d'ions séquencés palpitant en tous sens. Sauvage, le rythme se nourrit de séquences perdues et de percussions soutenues qui pétillent et frappent sous un superbe duel synthé/guitare dont les solos accompagnent une chevauchée cosmique ornée de pluies d'étoiles sonores. C'est très bon, comme tout l'ensemble de VISIONS qui continue exactement là où Illusions s'était arrêté. C'est une superbe incursion dans les caprices des équipements et tonalités analogues qui tissaient d'innombrables rêves éveillés. C'est une déclaration d'amour pour un art qui éparpille ses classiques sur des routes intemporels.

Sylvain Lupari (27/11/12) ****½*

Disponible au Eric G. Bandcamp

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