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  • Writer's pictureSylvain Lupari

FILTER-KAFFEE: 105 (2021) (FR)

Vieille garde et nouvelle vision cohabitent très bien sur cet album qui ne cesse d'étonner

1 Stones 13:18

2 Stonehenge 14:37

3 Hidden Temple 13:48

4 Am Bach ... bei den Kieselsteinen 1:38

(CD/DDL E.P. 43:32)

(Progressive Berlin School)

Manikin Records s'est faite assez discrète en 2021. Il y a eu Check In de Kontroll-Raum au printemps, Analog Overdose 6 de Fanger & Schönwälder et finalement ce 105 de Filter Kaffee, projet unissant Mario Schönwälder à Frank Rothe. Cette fois-ci le duo Allemand propose un E.P., le second après 100 en 2016, qui flirte avec les 44 minutes et ayant une première thématique; les roches. Un sujet difficile que Schönwälder et Rothe contourne en s'inspirant plus des univers parallèles des roches; leurs formes, leurs environnements et leurs langages qui s'expriment à travers les vents qui siècle après siècle en modifient la texture. Donc, un album, parce qu'à 44 minutes on peut appeler ça un album, de musique d'ambiances bien fignolées à travers ces rythmes uniques à la signature de la maison Manikin.

C'est dans une ambiance typique du Berlin School chtonien que s'ouvre Stones. Des vents sombres gorgés de voix insondables et d'effets sonores typiques au style ambiant ténébreux (Dark Ambient) poursuivent leurs ascensions jusqu’à ce que le séquenceur fasse sentir sa présence rythmique autour de la 6ième minute. Le mouvement est spontané avec une série de pulsations saccadées dont les vifs bonds alternants décousent la membrane afin de créer une seconde ligne adjacente. Ces bonds déforment quelque peu leurs identités tonales lorsqu'ils deviennent ensevelis par une superbe mélodie spectrale du synthé. Des nappes de voix vont et viennent, enchantant nos oreilles qui remarquent à peine que le mouvement spasmodique se transforme en de vifs staccatos orchestraux. Une très belle structure de rythme évolutive et changeante qui peine à dépasser le cap des 5 minutes avant que Stones ne retourne au berceau de sa conception. C'est dans l'incertitude qu'évolue Stonehenge. Des battements voltigent sans dessin rythmique après une ouverture perturbée par la présence de sons organiques, des brefs mais sinistres arrangements orchestraux et d'effets réverbérants. Les ambiances dévoilent la couleur des astres, comme celles des effets électroniques sur des orchestrations qui fondent dans l'oreille. Et toujours ces battements batifolent en suivant les évolutions et les changements de décor. Une structure prend finalement forme quelques 30 secondes après la 5ième minute. Restructurant la source des battements, elle les ramène pour former une ligne de moelleuses billes qui sautillent de façon arythmique dans un passage de plus en plus brumeux. Ils sont à peine enjoués, disparaissant même momentanément, lorsque les solos et les orchestrations des synthés en étouffent la volonté une couple de minutes avant une finale gothique.

C'est un voyage au cœur des années Phaedra que nous amènes l'ouverture de Hidden Temple. Nous sommes dans les années des expérimentations sonores où mellotron et effets de synthétiseurs se partageaient la part des charmes. Un battement surgit de ce brouillard psychédélique une 30taine de secondes avant la 4ième minute. Il devient un genre de procession minimaliste peinant à marcher sous ce poids des effets sonores, des parodies aviaires et des graffitis sonores des synthés dans une zone d'effroi bien initiée par la présence des cliquetis organiques qui se sont invités avant les premiers battements. Transformant leurs souffles en trompettes auquel il manque un piston, ces synthés deviennent témoins d'un nouvel alliance rythmique, autour de la 8ième minute, accélérant un rythme stationnaire qui séduit par la vivacité des ions sauteurs. Un très beau passage avant que le séquenceur n'émiette sa ligne de rythme vers la 12ième minute, laissant Hidden Temple expliquer le pourquoi dans des oreilles abasourdies par une finale où la stridence des synthés et la douceur du mellotron continuent toujours d'argumenter. Les clapotis d'eau et les vents de Am Bach ... bei den Kieselsteinen nous rappellent comment cet E.P. a débuté.

Offert en format CD manufacturé dans une enveloppe cartonnée, et non un digipack, comme en téléchargement, 105 de Filter Kaffee nous initie à une nouvelle approche du tandem Schönwälder et Rothe. J'ai bien aimé les effets sonores, notamment dans Stonehenge, et ces airs aussi mélodieux que spectraux qui en sillonnent les parcours. La vieille garde et la nouvelle vision cohabitent très bien sur cet album qui ne cesse de nous étonner.

Sylvain Lupari (01/01/22) ****¼*

Disponible au Manikin Bandcamp

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