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  • Writer's pictureSylvain Lupari

GUSTAVO JOBIM: In Search of Berlin (2012) (FR)

Pour un album fait maison, In Search of Berlin est une surprenante découverte

1 Echoes of Berlin 9:33

2 Underground Train 10:35

3 Midnight Mists 7:50

4 The Ascension 10:25

5 The Inner Outer Space 13:33

6 Hallucinations 11:20

7 Berlin Endless 14:57

(DDL 75:39)

(Indie, Berlin School)

IN SEARCH OF BERLIN est un retour aux sources de la Berlin School. C'est un voyage musical au cœur des influences de Gustavo Jobim et des premiers mouvements des expériences sonores liées au début de la Berlin School, exception faite de Underground Train. Pour son 6ième opus, le synthésiste Brésilien tisse des longs titres aux ambiances expérimentales peintes d'approches lugubres et méphistophéliques où les rythmes cèdent le pas à des atmosphères riches en textures mellotronnées, comme à la belle époque de Phaedra, et en nappes d'orgues flottantes, réinitialisant nos souvenirs d'un certain Klaus Schulze.

D'ailleurs, c'est avec une ligne crachant des ondes pulsatrices et résonnantes que s'ouvre Echoes of Berlin. Dès les premières senteurs sonores nous sommes imprégnés de ces ondes caustiques qui ornaient les atmosphères stagnantes de Cyborg, sauf que le rythme est de plomb. Pilonné par des séquences et des accords de clavier-synthé aux échos résonnantes, le rythme devient une furieuse course statique. Des pulsations essoufflées s'entrecroisent dans des structures polyrythmiques entêtées et truffées de sauvages doubles d'ions séquencés avant de se calmer dans un passage atmosphérique où le Mellotron de Phaedra flotte sur un piano aux notes mélancoliques qui dessinent une sombre finale hantée. C'est très bon! Et si cet album mythique de Tangerine Dream vous interpelle, vous tomberez des nues de la mélancolie avec le très beau Midnight Mists et ses vagues de synthé qui ondoient comme des menaces flottantes sur des notes de piano méditatives. Les couches d'orgue sont lourdes et intenses, moulant une ambiance claustrophobique digne des bonnes trames sonores pour films noirs. Avec Underground Train nous plongeons dans les territoires de KS et de son ère digitale avec des accords qui sautillent sous des tintements de glockenspiels. Si l'introduction est quelque peu abrupte, une belle onde soyeuse vient recouvrir ce mouvement saccadé pour l'envelopper d'un beau nuage harmonieux, façonnant l'effet d'un train séquencé qui fait défiler ses accords teutoniques dans les corridors astraux d'une longue structure minimaliste et ses fines nuances harmoniques. Le rythme pulsatoire de The Ascension se colle un peu à celui de Echoes of Berlin. Moins résonnant et tempétueux, mais tout de même assez frénétique, le mouvement est nappé d'une suave couche de synthé aux tonalités de vieil orgue qui rappelle indéniablement les ambiances tétanisées que Klaus Schulze tissait sur Picture Music. Des ambiances qui isolent les séquences pour en étouffer l'enveloppe rythmique qui renaît de ses lourdeurs imprévisibles et de son rythme ambulatoire.

The Inner Outer Space est un titre très atmosphérique qui nous transporte aux racines des albums aussi sombres et expérimentaux que dans Zeit et Alpha Centauri. C'est un long titre atonal fait d'alliage de souffles chauds et irisés qui crachent des filets de métaux dans un long passage cylindré truffé d'oblongues couches de synthé chevrotantes qui recouvrent des gazouillements d'extra-terrestres. Lorsqu'on dit expérimental, on ne passe pas à côté! Et l'univers corrosif de cette deuxième portion de IN SEARCH OF BERLIN se poursuit avec Hallucinations et son intro stigmatisée de lamentations sclérosées. Un long titre très noir et acide pour les écouteurs, Hallucinations poursuit sa quête de l'irritabilité avec des cris de sirènes anémiques qui dévoilent de très belles pulsations échoïques, labourant une phase rythmique de plomb aussi entêté que Echoes of Berlin pour finalement perdre ce rythme dans un capharnaüm de couches déviantes et bourdonnantes, aux limites d'un enfer mélodique où des bribes de mélodies survivent dans un cataclysme musical d'une incroyable intensité de décibels perdus. Berlin Endless tempère quelque peu les ardeurs corrosives avec une stupéfiante approche séquentielle qui se dessine comme des ailes de libellules battant à une vitesse zootropique. Des pépiements pulsatoires secondent ces battements frénétiques tandis qu'une séquence émerge pour onduler de ses oscillations entrecroisées, créant une confusion rythmique où des montagnes russes coursent contre des pulsations stationnaires. Plus rapide qu'un clignement de cil, ce torrent de séquences polyrythmiques poursuit sa course folle en épivardant des accords limpides qui sautillent et virevoltent sous l'égide d'un synthé aux ondes fantomatiques et aux sonorités éclectiques. Une brèche dans le mouvement détourne son rythme endiablé pour épouser une forme plus linéaire, un peu après la 6ième minute, avec des séquences étouffées sous des couches de synthé métallisées qui pilonnent un rythme lourd et symétrique. Et Berlin Endless de tomber dans une folie démesurée où le rythme saute sur place pour trébucher dans les méandres d'un synthé aux couches d'une extrême corrosivité, concluant un album aussi surprenant qu'étonnement noir et puissant.

Pour un album fait maison, IN SEARCH OF BERLIN est une étonnante découverte. Audacieux et créatif, Gustavo Jobim offre le meilleur des 2 mondes de la Berlin School avec un album où les expériences sonores côtoient les souvenirs d'antan sur des rythmes et ambiances qui sont extrêmement puissants, tant en sons qu'en émotions. Disponible en format téléchargeable et à un prix très intéressant, c'est le meilleur moyen pour s'initier à ce mouvement que peu osent déterrer ses vraies racines.

Sylvain Lupari (06/04/12) *****

Disponible au Gustavo Jobim Bandcamp

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