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  • Writer's pictureSylvain Lupari

HYPERKUBE: Remnants (2020) (FR)

Cet album s'adresse plus aux amateurs de rythmes disjoints poussés par un séquenceur très créatif. Genre de styles Chris Franke ou Ruud Heij

1 realm 13:30

2 remnants 8:12

3 calling from beyond 7:16

4 the fields of aaru 9:00

5 in fine principium 7:45

(CD/DDL 45:45)

(Ambient, Berlin School)

Par où commencer? En spécifiant que REMNANTS est un album enregistré en concert dans un bureau de poste, le PostX, de la ville de Merelbeke en Belgique par un frisquet 24 novembre 2018. Le mot-clé à retenir de cette phrase est Belgique. Les chances que nos oreilles croisent du matos nettement plus progressif et audacieux sont plus élevées lorsque nous parlons de Belgian School. Et c'est exactement le cas avec ce premier album de Hyperkube. Le nom de ce projet peut jouer sur vos intuitions, puisqu'on retrouve les racines du mot Kubusschnitt ainsi que les noms de ses albums, que vous n'en serez pas surpris non plus. En effet, ceux qui suivent l'évolution de la MÉ depuis plus d'une 20taine d’années seront familiers avec le nom de Tom Coppens qui fut un membre important du groupe de MÉ Kubusschnitt. Ce groupe était composé de Tom Coppens, Jens Peschke, Ruud Heij et finalement Andy Bloyce qui a masterisé cet album. Et je dirais que les influences de ce groupe progressif, notamment au niveau des développements rythmiques du séquenceur qui sont à l'image de Ruud Heij, sont très présentes dans cet album qui surfe principalement sur les albums Pacific Coast Highway et The London Concert de Christopher Franke, sans oublier Impulse et Pointless Reminder de Free System Project.

Une goutte de sons étire ses effets en ouverture de realm, donnant au séquenceur ce petit moment de créativité afin de dresser une ligne de rythme harmonique. Une autre ligne sautille dans ce décor devenu ténébreux avec son voile sonique de plus en plus opaque. realm devient alors un nid de séquences qui s'ouvre à toutes les possibilités sous des orchestrations, des effets de gaz murmurant et des lames de synthé apocalyptiques à la Vangelis. Ici, comme partout ailleurs dans REMNANTS, nos oreilles sont confrontées à une structure évolutive qui surfe sur deux possibilités; musique ambiante ou rythmes mous. Très actif, le séquenceur est tout simplement divin en fractionnant ses possibilités avec des ions vifs et méthodiques qui infiltrent d'oblongues structures où s'accrochent les usuels trésors et les impulsions momentanées de synthés. Ce premier titre dépeint les ambiances des suivants avec son rythme mou qui monte et descend avec un effet d'alternances au niveau des ions séquencés, tant au niveau des rythmes que des tonalités. Les ambiances sont vaporeuses et même nébuleuses avec des effets de vapeurs chthoniennes et des nappes d'un clavier habillé en orgue d'église. La musique est en constante évolution pour s'arrimer à un mouvement plus fluide qui développe une approche harmonieuse à la Chris Franke dans Pacific Coast Highway. La finale devient un instant d'ambiances ténébreuses avec des ululements qui se transposent dans l'introduction de la pièce-titre. Là ou les synthés sonnent étrangement comme Vangelis dans Blade Runner. remnants propose une structure plus vive avec un synthé et ses chants spectraux qui recouvrent une structure plus unifiée du séquenceur. Et si vous êtes un amateur de séquenceur et des séquences de rythme avec des ions que l'on promène en driblant, cette pièce-titre va accrocher votre intérêt sur le champs. Étant une longue mosaïque musicale de 45 minutes, il n'y a aucune interruption dans les hymnes cosmiques qui jalonnent le parcours de REMNANTS. Donc, on peut entendre les mêmes éléments à l'intérieur de titres différents. C'est dans une eau cosmique que calling from beyond interpelle notre curiosité. Ce titre qui effleure les frontières du psybient s'éveille doucement avec un très beau mouvement du séquenceur auquel se greffe un clavier en mode copié-collé et divers effets organiques. Ce titre fait très Tangerine Dream entre sa période Virgin et Jive. Sauf pour sa seconde moitié qui propose une structure de psybient cosmique avec un Vangelis intimidé par cette faune sonore et très dubitatif au clavier. the fields of aaru retourne à ces rythmes chaotiques et fébriles pour nous guider vers une monstrueuse finale en in fine principium et sa superbe mélodie lunaire.

Distribué à la fois par Littl'Antenna Rec. et Belgian NeuMusik, REMNANTS demande du temps et une bonne ouverture d'esprit parce que sa musique est comme un essaim de particules sonores éparpillées qui peu à peu se regroupent afin de suivre des directives pas toujours claires, d'où ses mouvements en constante évolution. Je dirais que c'est un album qui s'adresse un peu plus aux amateurs de rythmes désarticulés qui sont poussés par un séquenceur très créatif. Et après quelques écoutes, vous serez en mesure de constater que c'est devenu un virus musical qui a trouvé sa place au fond de nos oreilles.

Sylvain Lupari (23/03/20) *****

Disponible chez Littl'Antenna Rec.

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