“Nous entrons dans l'univers Indra ici, tel que nous l'avons découvert dans le temps de The Call of Shiva”
1 Genesis of Pan 9:20 2 Follow Up 7:56 3 Les Connaisseurs 11:31 4 Creole 16:22 5 The Leap 8:46 6 Trance Location 20:47 Indra Music
(CD/DDL 74:45) (Roumanian and New Berlin School)
On avance dans l'univers Indra. Après avoir récupéré des titres perdus dans la fin des années 90 et au début 2000, ce dernier volet de la série Archives se concentre sur des compositions oubliées dans la foulé des albums comme The Call of Shiva, Volume 1 et 2, et Signs. C'était la période où la MÉ minimaliste parfumée des essences de Klaus Schulze des années In Blue florissaient pour la 1ière fois dans les oreilles des nouveaux adeptes de la musique du synthésiste Roumain. Et l'aspect le plus intéressant de RUBY FIVE est d'entendre l'évolution d'Indra qui reste toujours un fier défendeur de sa poésie en sons.
Genesis of Pan débute ce dernier volet avec un titre ambiant nourri de drones et de cerceaux aux couleurs azurs qui étendent leurs radiances dans des bruits électroniques et des bribes de mélodies effacées par le temps. C'est peut-être le titre le moins intéressant de cet album, mais la finale est majestueuse avec de superbes arrangements qui nous transporte au temps de Babylone. Follow Up change totalement de registre avec un rythme bondissant qui sonne comme dans les années 70 où la Pop et l'électronique mélangeaient leurs saveurs. C'est vivant et enjoué avec de bonnes séquences qui bondissent dans des tonalités contrastantes et de bons effets électroniques qui pépient dans des brumes électroniques aux mélodies vampiriques. Les Connaisseurs propose un rythme circulaire lourd qui tournoie dans des effets sonores et dont les effets de wiish tranchants nous rappellent certaines ambiances de films d'horreur. Minimaliste, et surtout très enveloppante avec son effet de boucles linéaires qui tournoient inlassablement, la structure de rythme monte et descends, virevolte et offre des variances dans les tons, alors que des effets électroniques forgent des séquences qui s'entre-cognent sans pour autant bousculer les ambiances. Et peu à peu, le rythme accentue sa cadence avec une structure aussi vacillante que chevrotante qui s'orne de tintements dont la limpidité contraste avec ce rythme noir circulaire et finement saccadé. Jouant sur les nuances, Indra y attache une mélodie inachevée avec des accords qui tintent dans des effets de voix astrales. Il y manque juste une finale explosive! Creole est un long titre qui a plusieurs peaux rythmiques avant de s'évanouir dans le néant. Son amorce est tout aussi délicatement saccadé que dans Les Connaisseurs, un peu moins rapide par contre, avec des coups secs qui résonnent musicalement derrière le rideau d'un synthé aux solos très harmonieux. L'approche est circulaire et tombe un peu vers une structure plus vivante nourrie de 5 pulsations vives qui font relâche pour 2 battements plus modérés. Jouant souvent sur les essences tribales à l'aide d'une guitare truquée dans les archives de son Kurzweil, Indra propose une délicate sérénade d'une six-cordes acoustique alors que peu à peu les essences de Creole épousent cette tangente de transe clanique si cher au répertoire du synthésiste Roumain.
The Leap est une belle ballade ambiante avec de délicates percussions qui claquent au vents sans pour autant structurer un rythme vivant. Des accords de clavier flânent, tissant une mélodie sans âme qui erre dans ce pattern de rythme ambiant dont la vélocité d'une autre ligne de rythme maintient dans son carcan de ballade éthérée. Calme, mais hypnotiquement envoûtant, l'approche minimaliste s'embellie de pépiements giratoires avec des effets de boucles qui délient des harmonies synthétisées finement stroboscopiques. C'est un très bon titre pour vaguer dans le cosmos. Trance Location débute avec des séquences qui papillonnent en cercles imparfaits, structurant ces rythmes ambiants électroniques qui sont badigeonnés d'effets cosmiques. L'intro troque sa membrane ambiante pour une structure qui galope avec des boucles en rodéo tissées dans un maillage de bonnes percussions électroniques entraînantes et de séquences bondissantes. Par moments on croirait entendre ce train électronique de Kraftwerk dans TEE. Cette deuxième ligne de rythme mue avec son double, approfondissant un rythme électronique forgée dans la créativité. Le train de la transe s'essouffle après les 11 minutes. Noyé dans des effets électroniques et, par la suite, dans de long drones caverneux, il tente de se rebrancher avec des pulsations éparses que des effets électroniques circulaires maintiennent en silence. Un long nuage de bruine sonique recouvre les ambiances d'un lourd voile de sérénité astrale, entraînant Trance Location dans une finale méditative où flânent des accords perdus dont les résonances dessinent des harmonies ambiantes qui se fanent dans cette large muraille de vents caverneux. Un délicat mouvement de séquences fait miroiter des ions qui scintillent comme un ruisseau astral, donnant encore plus de profondeur séraphique à un titre qui nous aura présenter les deux extrêmes des hymnes électroniques des années vintage, mais dans une enveloppe plus contemporaine.
Ainsi se termine le premier chapitre des archives d'Indra. RUBY FIVE est sans doute l'album le plus réaliste de l'émergence d'Indra en 2005. Mis à part pour Genesis of Pan, qui peut plaire aux amateurs de musique d'ambiances, les 5 autres titres auraient bien figuré sur un volume 3 de The Call of Shiva. Ça en dit long sur prolificité de cet artiste qui allie abondance et qualité sans failles dans la même phrase.
Sylvain Lupari (24/02/16) ***½**
Disponible au Indra Bandcamp
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