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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Johan Tronestam Cosmic Drama II (2023) (FR)

Des rythmes ambiants et cosmiques dans une ambiance luxueuse de Cosmos, c'est JT à son meilleur

1 Reveals the Invisible 10:56

2 Interstellar Space Part II 11:44

3 The Seven Sisters 12:44

4 Inconceivable 9:30

5 Is time on our Side 12:43

6 A theory of Everything 10:47

7 The final Drama 11:20

(CD/DDL 79:48)

(Cosmic ambient Berlin School)

C'est avec Cosmic Drama que l'aventure musicale de Johan Tronestam au pays de Groove nl débutait. Depuis, le musicien-synthésiste suédois résidant maintenant en Finlande a réalisé 4 CD, COSMIC DRAMA II est le 5ième, sur le label de Ron Boots. Inspiré par les odes interstellaires de Jean-Michel Jarre, JT reste toujours dans sa zone de confort en proposant des albums mélodieux où foisonnent des solos de synthé aériens et des brumes orchestrales mélancoliques. Le séquenceur tricote des lignes de rythmes aux entrelacements créatifs, créant des textures entraînantes comme ambiantes, genre Berlin School cosmique, que des percussions électroniques entraînent dans des phases qui flirtent entre le rock cosmique et une musique électronique (MÉ) plus invitante à danser. Dans une enveloppe de temps de près de 80 minutes, Johan propose en ce COSMIC DRAMA II une MÉ toujours à saveur du temps de l'analogue aux rythmes plus modérés dans une texture musicale et atmosphérique plus mélancolique ici que dans le premier volet qui fut réalisé en 2019.

Reveals the Invisible démarre cet album en rythme. JT élabore 2 lignes de rythme en parallèle, une qui trace un galop avec des effets de dribblage et l'autre qui gambade innocemment. Des nappes de brume stellaire et de voix séraphiques introduisent une vision lyrique à cette émergence rythmique alors que le clavier couche le timbre mélancolique d'une mélodie qui reste à construire. Les nappes de synthé se mettent à tournoyer comme l'œil d'un gyrophare, échappant des solos mélodieux et toujours empreints de nostalgie que des filets de voix absentes recouvrent de fredonnements divagués. Reveals the Invisible se dirige ensuite vers un passage atmosphérique autour de la 7ième minute. Une lourde et vive ligne de basses séquences en émerge une 60taine de secondes plus loin, structurant un débit électronique pilonné par un mouvement vif et circulaire du séquenceur, genre spasmodique, alors que les solos de synthé qui en sortent ont ce parfum cosmique du créateur de Oxygène. Ce que fait entendre le premier titre de COSMIC DRAMA II se retrouve à la grandeur de ses 7 chapitres. La vélocité des rythmes diffèrent légèrement, mais l'enveloppe atmosphérique et la texture musicale sont tissées dans les mêmes charmes. Interstellar Space Part II débute avec une brume lunaire d'où chantent de beaux solos de synthé. Contrairement à Interstellar Space, son ouverture est de nature atmosphérique avec de belles harmonies, toujours teintées de spleen, qui bercent un Cosmos et ses turbulences sonores. Les éléments du rythme s'installent graduellement autour de la 3ième minute. Le synthé domine cette structure avec des solos rêveurs, imageant à merveille un randonneur solitaire en train d'admirer les horizons cosmiques l'âme torturée de ses souvenirs nostalgiques. Le séquenceur fait gambader ses arpèges sauteurs dans les doux chants lunaires du synthé avant de visser une solide ligne bondissante à laquelle se greffent un maillage de tam-tams aborigènes et de percussions électroniques. La finale de Interstellar Space Part II est du même moule que l'ouverture de sa première partie dans Cosmic Drama. C'est une ombre de bourdonnements vibratoires qui ouvre The Seven Sisters. Le synthé tisse des lamentations moroses, à la limite lugubres, dans une vision de désolation qui est amplifiée par ces nappes de clavier aux arômes de Pink Floyd. Le ton est cafardeux, quasiment sinistre, avec ces nappes et ondes de synthé remplies des brumes d'un immense chagrin. Johan Tronestam introduit un peu de vie rythmique, du rythme ambiant, avec 2 lignes du séquenceur, un peu comme celui de Reveals the Invisible avec un débit plus lent et le dribblage en moins, dans un pattern de Berlin School ascensionnel. Le séquenceur fait d'ailleurs monter et descendre sa principale structure de rythme, comme le lent galop d'un carrousel escaladant les pentes inégalées du Cosmos, dans les parfums sépulcraux du synthé et de ses chants brumeux lunaires. Le musicien-synthésiste des îles Åland fait accélérer subtilement la cadence de son rythme ambiant qui devient légèrement plus entraînant avec l'arrivées des percussions autour de la 6ième minute. Dès lors, le rythme comme les synthé deviennent des inséparables dans une synergie harmonieuse qui renversera nos sens dès que les solos de synthé injectent cette aura de mélancolie qui entoure chaque parcelle de vie de COSMIC DRAMA II. Avec des drones vibratoires et des effets sonores semblables à des météorites qu'on entendrait de loin, l'ouverture de Inconceivable flotte dans un bouillon cosmique toujours embué de son enveloppe neurasthénique. Le cafard coule par toutes les pores de cette ouverture grondante qui peu à peu se met à vivre d'un rythme délicatement articulé par des frappes de basses pulsations et une ligne sautillante du séquenceur. Le rythme est calme et entreprend une avancée minimaliste sous de denses nappes de brume anesthésiante, accentuant légèrement sa cadence avec l'ajout des percussions. Il casse sa progression répétitive vers la 6ième minute pour entreprendre une cadence plus animée sous des solos remplis de nostalgie et une nappe de voix aux fredonnements attristés. Après une ouverture atmosphérique qui dépasse les 2 minutes, Is time on our Side se met à pulser par les battements d'une ligne de basses séquences. D'abord statique, son rythme piétine sur place sous de belles odes de synthé brumeuses. Le séquenceur active par la suite 2 lignes de rythme adjacentes qui diversifient autant la vision rythmique qu'harmonique. Le rythme coule avec une belle fluidité, genre monte-descend et va-et-vient, dans une structure de rock cosmique toujours très près des territoires interstellaires de Jean-Michel Jarre. Tout en insufflant de subtiles modifications à sa ligne de rythme, genre filaments stroboscopiques ou des ruades du séquenceur, Johan Tronestam lance de beaux solos rêveurs. Le rythme développe une texture plus spasmodique dans son derniers tiers où une voix cybernétique féminine se fait entendre à travers un vocodeur. L'ouverture de A theory of Everything me fait penser à la poésie cosmique que Michael Stearns insufflait à son œuvre titanesque Chronos. La flûte est divine avec des chants éthérés qui passent très bien entre les oreilles. Le lit de bourdonnements lui donne une texture dramatique qui ne résiste pas aux coups pulsatoires du séquenceur. Le rythme épouse par la suite une forme de trot astral, permettant au synthé de multiplier des solos toujours très aériens. Le rythme fond dans de belles orchestrations lunaires autour de la 5ième minute pour renaître dans un effet de remous et réapparaître sous une forme moins accentuée dans une longue finale plus atmosphérique que rythmique. Les drones vibratoires et les gémissements élégiaques inspirent l'ouverture la plus nostalgique de cet album à The final Drama. En fait, cette introduction souffle une texture chtonienne à une musique plus ténébreuse qui se met à pulser dès la barrière des 3 minutes franchie. Les souffles vibrionnant et les geignements fusionnent en nappes qui valsent avec les formes inconnues du Cosmos. Le rythme évolue pour se mettre à galoper une minute plus loin. Stationnaire et violent sous cet amoncellement d'ombres noires, il progresse de sa forme minimaliste jusqu'à ce qu'une ligne d'arpèges séquencés imite ses sauts avec un figure de gambades dans une plus grande fluidité harmonique. Les nappes de synthé continuent d'injecter une vision cinématographique sombre à ce rythme plutôt passif où une autre voix féminine se fait entendre, conduisant The final Drama dans une finale dramatique où bourdonnements et textures plus célestes se disputent ses derniers souffles.

COSMIC DRAMA II est ce genre d'album qui s'écoute et se réécoute d'un bout à l'autre sans que l'envie de faire sauter un titre s'empare de notre patience. C'est un très bel album qui est dans la même lignée de ce que le musicien-synthésiste suédois nous offre depuis son excellent Roots and Legends From the North en 2013. Ça remonte à loin! Mais, toujours ses rendez-vous musicaux, ses contes cosmiques restent enchanteurs et magnétisants. C'est harmonieux et c'est rythmé, comme on peut s'attendre d'une œuvre cosmique prise dans le corridor du temps des années vintage de la MÉ. Une œuvre unique à la dimension de Johan Tronestam. On y trouve de tout…et toujours même un peu plus!

Sylvain Lupari (07/03/23) ****½*

Disponible chez Groove nl

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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