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  • Writer's pictureSylvain Lupari

KRYFELS: Lifecycle (2016) (FR)

Lifecycle sonne comme ce lien manquant entre les premières années de Klaus Schulze et ceux de Ramp et/ou Mr Parsick

1 Anteroom 5:06 2 The Choice 6:17 3 Open the Door 3:45 4 Life Edge 6:32 5 Mind Transit 4:32 6 Lifecycle 6:14 7 Burned Lands 8:34 8 Alone Again 7:39 9 Anteroom 2 (Parallel World) 6:05 Kryfels Music (CD 55:07) (Dark ambient music)

J'attaque toujours une œuvre de musique d'ambiances avec beaucoup de détachement. Je me mets le nez dans un livre et je me laisse absorber par ce néant sonore qui envahit mes sens, tel ces grosses nappes d'encre d'une pieuvre géante. Si la lecture se passe sans que mes oreilles sourcillent, je sais que la musique est douce, tranquille et ... linéaire. C'est lorsque mes yeux se détachent des mots d'un écrivain (je lis en ce moment Faims de Patrick Sénécal) pour se connecter à mes oreilles que mes sens ont détectés quelque chose d'imposant. Un peu comme ici avec Life Edge. LIFECYCLE est le 3ième album du synthésiste Français Kryfels. Un album plus tranquille, et surtout plus sombre, que Parsec qui nous dévoilait un autre disciple des années primaires Klaus Schulze. Et si cette emprise reste toujours aussi présente dans les mouvements ambiant de Kryfels, sa musique ici respire un autre parfum. Celui de l'occultisme avec d'étranges ombres soniques qui finissent par dérober nos yeux du néant afin de les fixer là où le synthésiste français veut nous amener.

Une ombre austère s'élève d'entre nos haut-parleurs. Diffusant une onde patibulaire, elle se divise en moult lignes dont les couleurs sibyllines dévoilent aussi des chants abscons. Multipliant les nappes d'ambiances ténébreuses, Anteroom envahit nos sens avec des parfums d'éther et nous invite aux 9 chapitres soniques de LIFECYCLE avec une approche très ambiante et sombre où murmures chthoniens et vents creux harmonisent leur grippe sur notre ouïe. Les mouvements s'organisent autour du dernier album de Kryfels avec les lentes courbes, toujours très Méphistophéliques, de The Choice et de ses ondes sépulcrales muent par des nappes d'orgue et des battements de portes d'acier. Ça fait très vintage ambiant. Open the Door traîne un peu dans ces mouvements sans vie mais avec une auréole de luminosité qui irradie comme des voix de spectres ensevelies dans les lentes et sinueuses oscillations d'une ligne de basse vampirique qui égarera une belle mélodie spectrale vers la finale. Nous sommes toujours dans les couloirs de l'anfractuosité, même si la puissance des tons et de sourds mouvements de rythme animent peu à peu les ambiances. Life Edge sonne la charge avec une tempête de woosh qui balaie les horizons soniques. Un délicat mouvement de séquences fait tinter ses ions qui dansent dans une figure de rythme plus harmonieuse que cadencée. Des voiles lumineux caressent ce chant animé de belles étreintes astrales tandis que Life Edge tournoie comme un xylophone en forme de carrousel. Les sons deviennent plus aigus et les ombres plus écarlates, alors que s'ajoutent des gémissements d'une nappe chloroformée qui peu à peu éteint la magie des carillons tintant de Life Edge.

Mind Transit propose un rythme ambiant noué autour d'effets staccato dont les échos tournoient légèrement sur les tapis soniques d'ondes de synthés aux tonalités très analogues. On dirait des vapeurs de vieil orgue Schulzienne. La pièce-titre est un vrai hommage à ces rythmes ambiants de la belle époque de Klaus Schulze. Même si Richard Raffaillac tente de se défaire des influences du maître Allemand, on ne peut éviter les parallèles, surtout avec Lifecycle et son rythme sombre qui monte et descend, traqué dans des vapeurs d'éther et de vieil orgue. C'est très beau et ça nous amène à la période de Timewind. Idem pour le très ambiant Burned Lands qui nous ramène aux portes de la nébulosité avec une nuée d'ondes spectrales qui flottent dans une masse d'harmonies de robots-moines fredonnant dans des caniveaux profonds dont les étroits et longilignes corridors semblent se connecter avec le cosmos. Les nappes attendrissantes qui ornent la finale donnent des frissons à l'âme. Il reste des poussières de rythme de Life Edge dans Alone Again. Moins circulaire, la structure défile en de fines saccades limpides et est rongée de toutes parts par de puissants woosh, des vents creux gloutons et des cris de spectres affamés. Ces ambiances sont torrides, comme une tempête de grésillements qui s'attaquent à la tolérance de l'ouïe à décortiquer l'abrasivité des tons. Graduellement le calme s'installe avec d'apaisantes nappes nimbées par une aura de vieil orgue. C'est le cataclysme sonique évité! Anteroom 2 (Parallel World) nous amène dans les sombres corridors de musique d'ambiances noires digne de l'univers de Baki Sirros, l'âme derrière Parallel World, où Kryfels attache finement ces liens manquants entre les premières années de Klaus Schulze et ceux des dernières années où la musique ambiante noire rejaillit comme dans les plus beaux moments de Ramp et/ou Stephen Parsick.

Sylvain Lupari (27/06/16) *****

Disponible chez PWM Distrib

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