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  • Writer's pictureSylvain Lupari

LOREN NERELL: Tree of Life (2014) (FR)

La musique de Tree of Life est comme une graine de vie qui fait inexorablement son chemin jusqu'au berceau de nos besoins de contemplativité

1 Wacah Chan 19:56 2 Cintamani 8:09 3 Yggdrasil 12:43 4 Kayon 14:10 5 Acacia 8:05 6 Arbor Vitae 10:52 Projekt | PRO 00299

(CD/DDL/Spotify 73:59) (Ambient tribal EM)

Il y en a qui aiment ça, d'autres pas. Il y en a qui planent et qui méditent profondément, d'autres restent totalement indifférents. La musique ambiante. La musique d'ambiances. Ceux qui sont familier avec l'univers assez introspectif de Loren Nerell savent combien le synthésiste et musicien adepte des Gamelans Balinais (instruments de musique traditionnel Indonésien) aime plonger dans les zones ésotériques d'une musique immersive aussi abstraite que très spirituelle. L'aventure peut s'avérer difficile pour quelqu'un qui cherche plus le rythme que les latentes structures hypnotiques. Car au-delà de la musique ambiante, TREE OF LIFE reste un solide monument de douce transe hypnotique sur un canevas musical fortement imprégné par une musique méditative par moments assez sombre mais toujours très près d'une poésie genre carte postale. Pour son dernier album, et afin de mieux peinturer ses paysages soniques d'une couleur enchanteresse, le musicien américain s'est adjoint les services de Mark Seelig et de sa fameuse flûte de style Jawbone qui inévitablement va vous faire dresser le poil de l'échine. De la musique d'ambiances? Certes et ce n'est pas vilain, loin de là. Faut juste se donner le temps de se laisser emporter par les suaves moments éthérés de TREE OF LIFE.

Wacah Chan amorce ce 10ième opus du musicien américain avec de longs souffles incantatoires shamaniques qui flottent sur une discrète faune sonique organique. Des lignes de synthé dessinent des nuages gris, unissant une quiétude musicale à des timbres de voix dont les souffles rauques semblent donner naissance à des chuchotements de sorciers tapis dans l'ombre. Le musicien natif de la Californie étend peu à peu son arsenal avec des clochettes qui tintent d'une façon désordonnée, sonnant le réveil des flûtes et des percussions. Sur une profonde structure d'ambiances; flûtes, percussions et clochettes sèment un vent de discorde qui n'altère en rien la placidité des chants spirituels. Wacah Chan continu d'investiguer les passifs territoires obscurs, forgeant une musique ambiante noire qui tranquillement détache notre âme de notre corps. L'expérience reste assez fascinante. C'est comme écouter du Dead Can Dance dans ce qu'il y a de plus abstrait sans les chants de Lisa Gerrard. Des chants qui sont ici remplacés par la très belle flûte de Mark Seelig dont les intonations sont le charme de ce très long prélude qu'est Wacah Chan. Lentement, et je dois dire un peu longuement, nous dévions vers le superbe Cintamani et son rythme mou qui structure une séduisante danse morphique. Les percussions sont d'une étonnante séduction et la flûte de Seelig flotte comme par magie sur des frappes qui forgent un lent rythme hypnotique. J'ai accroché à la première écoute. Yggdrasil s'échappe avec des vents violents qui rugissent sur la structure rythmique de Cintamani et de ses envoûtantes percussions claniques. Nous sommes littéralement dans le cœur de la tempête rythmique de TREE OF LIFE qui séduit de minute en minute. Les vents hurlent avec un mélange de voix apeurées et les percussions tonnent un rythme de guerre contre les éléments de la nature. L'effet est saisissant et les ambiances sont magiques. On dirait un gros rock ambiant psychédélique qui terre sa violence dans un rythme passif, suggestif. Et ces vents…Ils chantent autant qu'ils hurlent. Ces deux titres sont d'une incroyable efficacité auditive. Kayon!, C’est le calme après la tempête. C'est l'immersion dans des plaines tibétaines avec des chœurs de jeunes filles qui adorent un étrange concert de carillons. Ces cloches, dont les tintements multicolores entrecroisent leurs harmonies, façonnent subtilement un rythme ascensionnel, un peu comme un cortège aux couleurs flamboyantes gravissant des monts célestes dans une envoûtante symphonie carillonnée. J'ai bien aimé et si on écoute attentivement on y entend une mélodie forgée un air subliminal qui hante encore les oreilles bien des heures plus tard. Sur une structure un peu plus contemplative, on se croirait sur la cime d'une montagne en train d'observer un coucher de soleil tout en ressassant mille et un souvenirs, Acacia flotte et pleure de ses larmes de violon chinois aussi intenses que mélancoliques. Un titre assez poignant par moments qui nous amène aux larmes plus sucrées des flûtes de Mark Seelig qui chantent sur la faune micro-organique de Arbor Vitae.

Comme à chaque fois que Sam Rosenthal me fait parvenir des albums de sa collection ambiante/méditative/tribale, je regarde les titres avec un léger sentiment de dépit dans les oreilles. Et comme à chaque fois, je fini par céder. Je fini par être subjuguer même. Comme avec ce dernier album de Loren Nerell. Dans une superbe pochette et une production musicale très soignée, la musique de TREE OF LIFE est comme une graine de la vie qui inexorablement fait son chemin jusqu'au berceau de notre contemplativité. Suis-je victime du syndrome plus on écoute, plus on s'habitue et plus on fini par aimer? Je ne pense pas car j'ai tombé assez vite avec la portion de Cintamani, Yggdrasil et Kayon. Le reste s'est greffé tout doucement. Un peu comme lorsque nous sommes abasourdis par les beautés féériques des immenses paysages emplis de mysticismes orientaux.

Sylvain Lupari (23/05/14) *****

Disponible au Project Music Bandcamp

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